Sans ce nuage noir qui n’avait que trop plané au-dessus de sa tête la saison dernière (des accusations de dopage, un accrochage avec une moto à la Clasica San Sebastian, une crevaison sous la flamme rouge de Paris-Tours), le palmarès de Greg Van Avermaet (BCM Racing Team) se serait sans conteste étoffé bien au-delà des éclatantes performances pourtant signées par le Belge, 3ème du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, vainqueur du Tour de Belgique et d’une étape du Tour de France, ou encore 2ème de l’Eneco Tour. Ce qui est certain, c’est qu’alors même que s’annonce la campagne des classiques, l’horizon s’est dégagé pour le Flahute, dont la silhouette encombre a contrario celui de Peter Sagan (Tinkoff).
C’est le champion du monde, déjà, que Greg Van Avermaet avait mis en échec à l’arrivée du Nieuwsblad. C’est lui, encore, qui aura retardé sur Tirreno-Adriatico la première gagne du porteur du maillot arc-en-ciel, qui en est déjà à sept places de 2 depuis l’acquisition du titre mondial il y a six mois. Les deux hommes, qui n’en sont ni à leur premier ni à leur dernier bras de fer, auront su tirer profit du contexte particulier de cette édition amputée de ses sommets pour se porter candidats à une inespérée victoire finale. Auteurs d’une sacrée partie de manivelles qui a encore tourné à l’avantage du Belge hier à Cepagatti, ils ne disposaient plus que de 10,1 kilomètres chronométrés pour se départager.
Sur le traditionnel contre-la-montre final de San Benedetto del Tronto, un exercice explosif au bord de l’Adriatique sur lequel Fabian Cancellara (Trek-Segafredo) a pris la bonne habitude de s’imposer – le Suisse obtient là sa quatrième victoire après 2011, 2012 et 2015 –, aucun des adversaires de Van Avermaet et Sagan n’aura pu s’inviter dans les débats. Pas même Bob Jungels (Etixx-Quick Step), que l’on pensait prédisposé pour l’exercice, mais qui doit se contenter de la 3ème place du classement général en signant un temps supérieur à celui du Belge et du Slovaque.
Temps supérieur aussi à celui de Thibaut Pinot (FDJ), franchement épatant dans cette édition de Tirreno-Adriatico, à qui il aura plus qu’aux autres manqué un grand sommet pour améliorer sa performance de 2015 (4ème). 19ème du contre-la-montre à 27 secondes de Cancellara après le brillant chrono par équipes de sa formation (dont Johan Le Bon 2ème du contre-la-montre du jour entre Cancellara et Martin confirme la nouvelle dimension prise en la matière), le Franc-Comtois conclut l’épreuve au 5ème rang du classement général à 1 seule seconde du podium.
Mais la seconde dont tout le monde parle ce soir, c’est bien plus encore celle qui sépare au bout du compte Greg Van Avermaet de Peter Sagan. Car le Belge aura dû s’employer dans cette courte étape finale sur laquelle il avait fait sensation il y a un an (11ème). Déterminé à s’adjuger Tirreno-Adriatico, Peter Sagan signe le 10ème temps à 24 secondes. Quand Greg Van Avermaet franchit la ligne à son tour dans sa combinaison bleue, doté du 23ème temps à 31 secondes, il conserve 1 seconde d’avance au classement général sur les 8 qu’il comptait sur la rampe de lancement 10 kilomètres plus tôt. Ce qui lui sera suffisant pour décrocher la victoire finale dans un Tirreno-Adriatico pas tout à fait comme les autres. Et devant un Peter Sagan qui a trouvé son bourreau. Leurs routes se croiseront à nouveau dans quatre jours à Milan-San Remo.
Classement 7ème étape :
1. Fabian Cancellara (SUI, Trek-Segafredo) les 10,1 km en 11’08 » (54,4 km/h)
2. Johan Le Bon (FRA, FDJ) à 13 sec.
3. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) à 15 sec.
4. Alex Dowsett (GBR, Movistar Team) m.t.
5. Maciej Bodnar (POL, Tinkoff) à 17 sec.
6. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) à 18 sec.
7. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) à 19 sec.
8. Vasil Kiryienka (BLR, Team Sky) à 20 sec.
9. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 22 sec.
10. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff) à 24 sec.
Classement général final :
1. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) en 20h42’22 »
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff) à 1 sec.
3. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 23 sec.
4. Sébastien Reichenbach (SUI, FDJ) à 24 sec.
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 29 sec.
7. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) à 33 sec.
8. Michal Kwiatkowski (POL, Team Sky) à 39 sec.
9. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) à 45 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff) à 48 sec.