Si la Vuelta retient encore toute l’attention des aficionados sur le Vieux Continent, alors que personne ne peut dire encore qui rentrera dans Madrid vêtu du maillot rouge dans quarante-huit heures, une partie du peloton passe dès aujourd’hui à l’heure américaine. Huit jours avant l’ouverture des Championnats du Monde de Richmond, aux Etats-Unis. Quinze jours avant la remise en jeu du titre suprême sur le circuit de Virginie. Il n’en fallait pas davantage pour rehausser encore l’intérêt des Grands Prix canadiens de Québec et Montréal.
Des deux classiques du WorldTour, la première attire davantage l’attention par son mimétisme avec le circuit des Mondiaux. S’il est plus court de 3,5 kilomètres, le circuit de Québec possède la même physionomie que celui de Richmond, les principales difficultés, de courtes bosses aux forts pourcentages, s’enchaînant dans leur partie finale. En route pour le Vieux-Québec et son arrivée en faux-plat montant sur la Grande Allée, il s’agit de négocier successivement la côte de la Montagne (375 mètres à 10 %), celle de la Potasse (420 mètres à 9 %) et la montée de la Fabrique (190 mètres à 7 %).
Pas de quoi effrayer des sprinteurs comme Michael Matthews (Orica-GreenEdge) et Alexander Kristoff (Team Katusha), que l’on sait concentrés désormais sur l’échéance Mondial. Les deux coureurs les plus rapides du Grand Prix de Québec seront d’ailleurs toujours de la partie lorsqu’un peloton fort encore d’une trentaine d’éléments se présentera sous la flamme rouge. Mais le final aura été si animé, une fois l’échappée matinale – Adam De Vos et Ryan Roth (Canada), Cesare Benedetti (Bora-Argon 18), Darren Lapthorne (Drapac) et Perrig Quémeneur (Team Europcar) – rejointe à 45 kilomètres de l’arrivée, que l’organisation en tête du peloton au moment d’aborder le rush final s’en sera trouvée chahutée.
Depuis une heure, une succession d’attaques sapait les forces et le moral de ceux qui entrevoyaient une occasion de s’expliquer au sprint. On avait vu Philippe Gilbert (BMC Racing Team) ouvrir ce feu nourri d’attaques à 40 kilomètres du but, imité plus loin par les Français Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Warren Barguil (Giant-Alpecin) et Arnaud Démare (FDJ), qui prenaient part à une fugue à douze auprès de costauds comme Silvan Dillier (BMC Racing Team), Roman Kreuziger (Tinkoff-Saxo), Jurgen Roelandts (Lotto-Soudal), Rein Taaramae (Astana) ou encore Philippe Gilbert. Avant que Jakob Fuglsang (Astana) et Wilco Kelderman (Team LottoNL-Jumbo) ne s’y essaient à leur tour à l’entame de l’ultime révolution, où se multipliaient les assauts de la dernière chance.
Mais en trouvant toujours quelqu’un pour colmater la brèche, des garçons comme Kristoff et Matthews semblaient sous la flamme rouge avoir préservé toutes leurs chances de s’imposer en terre canadienne. C’était seulement sous-estimer la présence dans le peloton de Rigoberto Uran (Etixx-Quick Step). Le Colombien, resté en veille toute la course, surgit à 800 mètres de la ligne. Le bref instant de flottement qui gagne le peloton joue en sa faveur. Bien que Matthews et Kristoff soient lancés au sprint dans son dos, Rigoberto Uran va parvenir à préserver l’avantage pour couper la ligne en tête et réussir un coup qu’il lui appartient désormais de répéter dans deux semaines sur le circuit de Richmond.
Classement :
1. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) les 201,6 km en 5h09’47 » (39,1 km/h)
2. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
4. Tom-Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) m.t.
5. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
6. Bauke Mollema (PBS, Trek Factory Racing) m.t.
7. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) m.t.
9. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) m.t.
10. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.