En matière de retraite sportive, il n’y a pas d’âge légal, mais certainement une prime au mérite. A 40 ans, et après dix-huit saisons accomplies, le moment était venu pour Sébastien Hinault de toucher un peu moins au vélo pour entamer une seconde carrière. Le Breton n’a pas hésité bien longtemps quant à la voie à prendre. « Il y a dix ans déjà, Roger Legeay m’avait proposé une place de directeur sportif au Crédit Agricole, souligne celui qui a fait son jubilé samedi à Plouha. J’avais déjà hésité à l’époque alors que je n’avais que 30 ans, alors maintenant à 40, j’ai sauté sur l’occasion et l’opportunité que me proposait Emmanuel Hubert. »
« Il n’est pourtant pas dans mes habitudes de proposer un poste de directeur sportif à un coureur qui vient tout juste de retirer le cuissard, précise le manager de Bretagne-Séché Environnement. Mais Sébastien a 40 ans, un énorme vécu et la tête sur les épaules. Il saura d’entrée nous accompagner, Roger Tréhin et moi. Il possède le charisme et l’autorité pour diriger les coureurs, et saura se faire respecter. Son expérience et la connaissance des courses d’aujourd’hui ont été déterminantes dans mon choix. »
Coureur besogneux, aussi dévoué lorsqu’il s’agissait de rouler pour les autres qu’appliqué lorsqu’il héritait du rôle de capitaine, Sébastien Hinault s’est retiré sur Paris-Tours avec treize victoires au compteur parmi lesquelles une étape du Tour d’Espagne 2008, le Tour du Limousin 2008 et les Boucles de l’Aulne 2012. Sans oublier une 8ème place sur Paris-Roubaix en 2010. « Ça a été un peu spécial à Paris-Tours, sachant que c’était la fin de dix-huit ans de carrière, reprend-il. Mais pour être franc, je n’en ai pas encore pleinement conscience. Je pense surtout que je réaliserai lorsque la nouvelle saison partira. Mon rôle va alors changer. »
Ce rôle : piloter l’équipe Bretagne-Séché Environnement. Sur quel modèle ? « Il est trop tôt pour le dire. Au cours de ma carrière, j’ai forcément été beaucoup marqué par Roger Legeay. J’ai passé plus de dix ans auprès de lui de 1997 à 2008, ce n’est pas rien. Je l’ai beaucoup observé et je crois avoir beaucoup appris. » Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’ancien manager du Crédit Agricole était samedi aux côtés de Sébastien Hinault pour partager avec lui les derniers tours de roue d’un coureur qui aura longtemps incarné l’esprit de sa formation, au même titre que Thor Hushovd et Jens Voigt, qui raccrochent eux aussi le vélo en cette fin d’année 2014.
Son style de directeur sportif, Sébastien Hinault a tout le temps de le trouver. « Je vais commencer par apprendre auprès des autres directeurs sportifs, affirme le Briochin. Et ce dès cet hiver à l’occasion des premiers stages. Je suis plutôt quelqu’un qui observe, je le fais depuis pas mal de temps déjà. Mais j’ai conscience qu’il va falloir que j’apprenne un nouveau métier. » Avec un avantage que le doyen du peloton français 2014 entend mettre de son côté : « je connais beaucoup de paramètres du cyclisme d’aujourd’hui : les courses, les coureurs, les forces et faiblesses des équipes, leurs façons de faire, les technologies. Au départ, je m’appuierai là-dessus. Et puis je pense avoir toujours été assez malin sur un vélo, je devrais pouvoir dupliquer ça au volant de la voiture. »