Quoi de plus beau qu’une course cycliste ! Ces champions que l’on voit passer sur le bord des routes, donnant tout ce qu’ils ont pour aller chercher la victoire. Pour être aussi compétitifs et arriver à donner le meilleur d’eux-mêmes, ils ont besoin d’être dans des conditions optimales. C’est ce que le staff de leur équipe s’efforce de faire lors des journées de compétition en contribuant au bien-être de ces forçats de la route. Chaque membre de l’encadrement est un maillon de la chaîne qui conduit les coureurs à la réussite.
La journée commence aux alentours de 7h00, dans un hôtel de Vannes, à une demi-heure de Plumelec, où va se disputer la huitième manche de la Coupe de France. Le staff composé d’un directeur sportif, de deux mécaniciens, de deux kinés et d’un assistant est déjà debout alors que les huit coureurs dorment encore. Ils terminent de préparer le petit déjeuner des cyclistes. Ces derniers se lèvent à 7h30 pour les lèves-tôt, 8h00-8h30 pour les moins matinaux. Sans trop traîner, tous se mettent à table. Au menu : pain, confiture, miel, céréales, Gatosport, pâtes, riz, omelette, jambon… Ici, on ne plaisante pas avec l’alimentation, une des bases de la performance cycliste. Petit à petit, les coureurs terminent de manger et remontent dans leur chambre boucler leur valise avant d’écouter le briefing du directeur sportif. Le staff quant à lui règle les derniers détails comme le nettoyage du camping-car et des voitures : tout doit être impeccable car il en va de l’image des sponsors !
10h40 sonne le départ de l’équipe de l’hôtel. Après un court transfert, l’équipe arrive sur l’aire de départ et le staff se met en action. Les mécaniciens s’occupent de monter les quelques huit vélos des coureurs, l’assistant quant à lui veille à ce que les compétiteurs ne manquent de rien. « Mon rôle est de leurs apporter tout ce dont ils peuvent avoir besoin, nous explique Alexandre Lecocq. Le staff est aussi présent pour les écouter quand ça va mal. Nous sommes une aide pour les coureurs, il faut qu’ils se sentent bien, qu’ils ne soient pas préoccupés par telle ou telle chose. Nous sommes en quelque sorte leur deuxième famille. Quand l’un d’entre eux gagne, c’est une joie immense pour tout le monde. On apporte un petit plus pour eux et quand ils arrivent à mettre la balle au fond, on se dit que l’on a participé à notre façon à cette victoire, même si ce sont les cyclistes qui font le plus dur. »
L’ambiance est très détendue dans le camping-car où se préparent les coureurs : on s’habille, on remplit ses poches de barres énergétiques en tout genre, de gels et de pâtes de fruit. Tout se fait dans la bonne humeur. Les coureurs rient beaucoup, aucun stress ne se lit sur leur visage. Une fois les maillots enfilés, les casques attachés, les chaussures serrées, les coureurs sortent signer quelques autographes auprès de leurs fans émerveillés. Puis ils filent signer la feuille d’émargement et passent à la présentation des équipes. Au moment du départ, à chacun son petit rituel. « Je fais un bisou sur ma médaille en pensant à mes enfants quand je prends le départ d’une course », confie Dimitri Champion. Et chacun vérifie son matériel : « je ne sais pas si on peut parler de rituel mais je regarde toujours mon vélo : les serrages de roues, le bon espacement entre les patins de frein et la roue et d’autres petits trucs, avoue Steve Houanard. Même si on fait confiance aux mécaniciens, tout le monde le fait, au cas où… » Et l’échauffement dans tout ça ? « En général, on ne s’échauffe pas, on profite du départ fictif pour se mettre en route, explique Anthony Ravard. Il nous arrive seulement de rouler un peu si la course commence par un col, ou encore si on veut à tout prix intégrer l’échappée matinale. » Même pas un petit massage ? « Si les coureurs le désirent, on les masse mais généralement ils n’en demandent pas, ou alors par temps froid », commente Sylvie Troka, l’une des kinés de l’équipe.
Les coureurs débriefent entre eux, commentent leur course, la chute de David Le Lay…
A 12h20, le peloton s’élance pour 181 kilomètres. Le directeur sportif accompagné d’un mécanicien suit le peloton en voiture tandis que l’assistant ainsi que la kiné vont s’occuper du ravitaillement sur le circuit. Le kiné et le mécanicien restants partent en direction d’un nouvel hôtel sur Quimper afin de préparer la course du lendemain. En attendant les cyclistes au ravitaillement, petit moment de répit sur le bas-côté de la route pour le staff. On salue les assistants des autres équipes, on prend de leurs nouvelles : « même si nous sommes dans des équipes différentes, on s’apprécie quand même. C’est la magie du vélo, précise Alexandre Lecocq. Pour ma part, je suis l’équipe 180 jours par an, du coup je rencontre beaucoup de monde. Et puis le vélo est une grande famille, tout le monde se connaît. »
Les coureurs s’apprêtent à entrer dans la zone de ravitaillement aux environs de 13h30. Des glacières, on sort les bidons et musettes préparés la veille, contenant des barres énergétiques, gels, pâtes de fruit ainsi qu’une part de tarte ou de flanc. Et c’est parti pour deux minutes d’adrénaline ! A plus de 50 km/h, les équilibristes attrapent quelque chose à boire ou à se mettre sous la dent. Durant les douze tours qui composent le final de la course, les deux assistants distribuent à leurs coureurs ce dont ils ont besoin, avec toujours un petit mot d’encouragement. Vers la mi-course, on apprend une malheureuse nouvelle : David Le Lay s’est fracturé la clavicule ! Il est transporté à l’hôpital de Vannes par les secours. Un gros coup dur pour l’équipe. « C’est toujours difficile pour l’équipe de perdre un gars, c’est vraiment dommage pour David », confie l’encadrement mais la course continue quand même !
C’est vers 17h00 que les coureurs en terminent après plus de 4h30 de vélo. La kiné accueille les compétiteurs à leur arrivée. Chacun file au camping-car où les attend une collation que leur a préparé Alexandre, l’assistant : « en attendant le dîner, les gars mangent un peu pour compenser les calories perdues en course. Ils ont un peu de tout : du quinoa, du Gatosport, des fruits frais, de la tarte, et bien sûr beaucoup d’eau. » On discute beaucoup, les coureurs débriefent entre eux, commentent leur course, la chute de David… Pendant que ceux-ci se douchent ou reprennent des forces, les mécaniciens s’occupent de ranger vélos et paires de roues sur les galeries des véhicules avant de partir en direction de leur nouvel hôtel pour la prochaine compétition. Une fois arrivé à destination, la journée n’est pas terminée pour le staff. Alors que les coureurs se reposent et dînent, l’encadrement prépare les musettes et les bidons pour les ravitaillements du jour suivant. A l’heure du massage, le directeur sportif vient voir ses protégés pour prendre de leurs nouvelles et débriefer. La journée s’achève entre 22h00-23h00 pour des coureurs bien fatigués de leur journée. Le staff quant à lui termine sa journée bien chargée peu avant minuit. Demain, on repart pour une nouvelle course. – Pierre Arz