Jusqu’à jeudi, Vélo 101 décrypte les enjeux de la 100ème édition du Tour d’Italie qui s’élance de Sardaigne le 5 mai.
Le Tour d’Italie a beau être considéré comme le Grand Tour qui favorise le plus les purs grimpeurs, il a entrepris sa mue depuis quelques années. Loin de l’image qui est faite de lui, le Giro propose systématiquement depuis 2013 un contre-la-montre individuel d’une distance de 40 kilomètres ou plus sur un terrain plat ou vallonné en plus de quelques cronoscalata. Bien que la course rose ait proposé ces dernières années un kilométrage contre la montre total dépassant largement les 70 kilomètres, exercices en côte compris, elle franchit un cap supplémentaire cette année avec deux chronos spécialement dessinés pour les rouleurs.
Représentant une distance totale de 69,1 kilomètres, les deux exercices sont placés à deux carrefours stratégiques de l’épreuve. Le premier, le plus long (39,8 km), entre Foligno et Montefalco se tiendra en début de deuxième semaine. Les premiers contours du classement général pourraient déjà alors être dessinés par les deux premières arrivées en altitude à l’Etna et au Blockhaus sur la 4ème et la 9ème étape. Il appartiendra aux rouleurs de rééquilibrer la balance dans les vignes de Sagrantino sur un contre-la-montre qui présente une belle bosse à mi-parcours, des descentes techniques bien senties avant les ultimes kilomètres en faux-plat montant. A priori, un chrono à l’avantage des spécialistes.
Il en sera de même le dernier jour entre le circuit automobile de Monza et la Piazza Duomo de Milan. Le suspense sera entretenu jusqu’au dernier jour avec un contre-la-montre final relativement long (29,3 km) où la fraîcheur revêtira un rôle capital. Les rouleurs auront ainsi le dernier mot pour éventuellement viser une place d’honneur, voire la victoire finale. La dernière fois que le Giro s’était terminé par un contre-la-montre individuel, le maillot rose avait changé d’épaules le dernier jour, quittant celles de Joaquim Rodriguez pour atterrir sur celles de Ryder Hesjedal en 2012.
C’est ce scénario qu’espère une partie des prétendants au maillot rose. Le kilométrage contre la montre a en effet attiré quelques coureurs complets sur cette 100ème édition. Un an et demi après son extraordinaire Vuleta 2015 perdue sur le fil, le vice-champion olympique du chrono Tom Dumoulin (Team Sunweb) tentera de venger ce souvenir douloureux, même s’il n’a plus affiché d’ambitions au général sur une course de trois semaines depuis lors. Après quatre échecs consécutifs sur le Tour et sur la Vuelta, Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) pourra également s’appuyer sur ses aptitudes dans l’effort solitaire pour sa première participation au Tour d’Italie.
L’importance du kilométrage face à la montre a également incité deux habituels coéquipiers de luxe à tenter leur chance pour la première fois sur un Grand Tour. Lieutenant de Chris Froome sur les deux dernières éditions du Tour de France, Geraint Thomas aura pour la première fois la charge d’emmener l’équipe Sky sur le Giro. Reste à savoir comment le Gallois tiendra le choc sur trois semaines et dans les cols des Dolomites. A la deuxième interrogation, l’ancien vainqueur de Paris-Nice a envoyé un signal positif en dominant le Tour des Alpes. Autre néophyte, Rohan Dennis (BMC Racing Team) aura surtout pour ambition de tester ses limites. A l’inverse de Thomas, l’Australien n’a pas franchement rassuré sur ses capacités à lutter pour le général en lâchant plus de 4 minutes au Britannique sur l’étape-reine du Tour des Alpes.