Le retour à un enchaînement final plus classique sur le Tour de Lombardie ne devrait plus laisser de place aux surprises. Il est vrai que parfois, l’ultime monument de l’année s’est apparenté à une loterie, en particulier quand les courses ont tardé à se décanter. Oliver Zaugg, et, dans une moindre mesure, Daniel Martin en ont profité en levant les bras à Lecco ou à Bergame. Un tel scénario paraît difficilement envisageable avec le final corsé, conforme à celui de la Classique des Feuilles Mortes avant 2011. Maintenant que le Tour de Lombardie ne se résume plus à une simple course de côte, les plus costauds devraient se départager à la pédale dans les bosses de Civiglio et de San Fermo della Battaglia dans les 25 derniers kilomètres sans que le paramètre tactique ait un rôle prédominant. Reste à identifier les hommes forts.
Si l’on s’en fie à ses dernières sorties, un favori se distingue nettement : Vincenzo Nibali (Astana). La déception d’un Mondial américain traversé comme une ombre est passée, le Sicilien s’est remis dans le sens de la marche dès son retour sur le Vieux Continent en remportant les Trois Vallées Varésines, dans la foulée de prestations de haut vol sur les semi-classiques italiennes la semaine précédente. L’ancien vainqueur du Tour aura certainement retenu les leçons d’une édition 2011 dont il était le perdant magnifique et le vainqueur moral après un raid solitaire entamé dans Madonna del Ghisallo, mais repris dans la vallée qui précédait la Villa Vergano. Doté d’un moins bon punch que ses adversaires directs pour la victoire dimanche, Vincenzo Nibali doit voir d’un bon œil le retour d’un final nettement durci.
L’autre coureur qui doit apprécier le retour du Civiglio et de San Fermo della Battaglia, c’est bien entendu Philippe Gilbert (BMC Racing Team). Le Belge est le dernier à s’être imposé avec cette configuration dans le final, à deux reprises et en survolant à chaque fois les débats. Cinq ans plus tard, les coups d’éclat du puncheur wallon sont plus irréguliers que par le passé. 10ème à Richmond, il devra composer avec le décalage horaire, une semaine seulement après la course en ligne. Simon Gerrans (Orica-GreenEdge), Alejandro Valverde (Movistar Team), Joaquim Rodriguez (Team Katusha), Rui Costa (Lampre-Merida) et Rafal Majka (Tinkoff-Saxo) sont aussi concernés alors que Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) a tout bonnement déclaré forfait, préférant se focaliser sur Paris-Tours une semaine plus tard.
Nul ne peut savoir quel impact aura ce décalage horaire dans les pattes des principaux favoris. Et si un outsider tirait profit de la fatigue passagère des cadors du peloton ? Daniel Martin (Cannondale-Garmin), tout juste de retour à la compétition sur Milan-Turin, devrait être un peu juste pour réitérer son exploit de l’an dernier. Comme Romain Bardet, Warren Barguil, Thibaut Pinot et Alexis Vuillermoz côté français, Tom-Jelte Slagter (Cannondale-Garmin) et Tim Wellens (Lotto-Soudal) n’ont pas eu à accumuler de la fatigue outre-Atlantique. Il faudra garder à l’œil certains Italiens non-retenus pour le Mondial, à commencer par Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale), Damiano Cunego (Nippo-Vini Fantini), triple vainqueur de l’épreuve, et Davide Rebellin (CCC Sprandi Polkowice), vainqueur de la Coppa Agostoni devant Nibali.
Les 10 derniers vainqueurs :
2014 : Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp)
2013 : Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha)
2012 : Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha)
2011 : Oliver Zaugg (SUI, Team Leopard-Trek)
2010 : Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto)
2009 : Philippe Gilbert (BEL, Silence-Lotto)
2008 : Damiano Cunego (ITA, Lampre)
2007 : Damiano Cunego (ITA, Lampre-Fondital)
2006 : Paolo Bettini (ITA, Quick Step-Innergetic)
2005 : Paolo Bettini (ITA, Quick Step)