L’échéance se présente tout doucement, et l’issue se précise pour la course-reine des Championnats du Monde, qui conclura demain les Mondiaux de Melbourne… organisés à Geelong, 70 kilomètres plus au sud de la cité australienne. De sprint massif, dans le sens strict du terme, il ne devrait guère y en avoir demain soir. Exit probablement les purs sprinteurs façon Cavendish, Greipel ou Farrar… En revanche, on ne devrait pas pouvoir échapper à un emballage pseudo-massif, à savoir entre une trentaine ou une quarantaine de rescapés. La course Espoirs, qui a bien souvent valeur de baromètre, nous l’a soufflé hier. L’épreuve féminine, qui d’ordinaire se veut bien plus sélective mais qui cette fois a copié le scénario des jeunes, nous l’a confirmé. Beaucoup trop roulant, le circuit de Geelong n’est pas conçu pour favoriser les attaquants.
Ce matin pourtant, on s’attend à voir davantage de mouvement dans la course féminine des Championnats du Monde. Les filles ont un niveau bien moins homogène que celui des garçons, et les deux côtes placées coup sur coup en milieu de circuit doivent pouvoir précipiter la sélection. Mais il est un fait que ce circuit australien n’est pas prédisposé aux grandes offensives. Le Mount Pleasant (1000 mètres à 7,5 %) et le petit mur (400 mètres à 11 %) qui le suit font mal aux jambes, mais ces deux difficultés se présentent beaucoup trop loin de l’arrivée pour véritablement inspirer les attaquants. Bien sûr, on y verra des offensives de la dernière chance, mais les 6 kilomètres qui séparent le sommet de la dernière difficulté de la ligne d’arrivée, tout en longs bouts droits jusque sur le front de mer, jouent en défaveur des francs-tireurs. Hier, il a manqué 2 kilomètres à Tony Gallopin pour aller au bout. Il manquera 200 mètres cet après-midi.
Le Championnat du Monde féminin se dispute sur huit boucles de ce circuit de 15,9 kilomètres pour un total de 127,2 kilomètres. Un temps splendide règne sur ce coin d’Australie qui passera demain à l’heure d’été (il faudra compter une heure de sommeil en moins pour les coureurs… comme pour les téléspectateurs français). Tout semble propice à une belle compétition, mais il faudra pourtant attendre les derniers instants de la course pour voir un peu d’agitation du côté des favorites. C’est que les femmes courent aussi à l’économie et qu’elles estiment insensé de se lancer trop tôt dans une bataille éprouvante… et perdue d’avance sur un circuit ne favorisant pas la progression des échappées. Seule l’Américaine Katheryn Curi-Mattis met un peu la pression au peloton après trois premiers tours sans le moindre intérêt.
Nicole Cooke et Judith Arndt donnent l’assaut dans la dernière difficulté.
Katheryn Curi-Mattis semble bien être la seule à vouloir durcir la course et finit donc par être toute seule à s’échapper, au troisième franchissement de la ligne, soit après 48 kilomètres. Le peloton ne réagit pas à la première offensive du jour. La femme de tête va ainsi pouvoir compter jusqu’à 2’45 » d’avance à trois tours de l’arrivée avant de flancher dans la dernière heure de course et d’être rejointe par le paquet à 25 kilomètres de l’arrivée. Les courses féminines, on l’a dit, sont bien plus sélectives que chez les hommes, et il est normal d’y voir le peloton s’y égrener. Alors que la course entre dans sa dernière heure, on ne compte plus qu’une quarantaine de filles pour jouer la gagne. Mais c’est encore beaucoup trop pour un Championnat du Monde. Une première action entreprenante d’Emma Pooley dans l’avant-dernier tour condamne donc l’échappée solitaire qu’est Katheryn Curi-Mattis mais il est encore trop tôt pour faire la différence.
En fait, il faudra tout miser sur le dernier tour de circuit, gicler dans la dernière difficulté et tenter de tenir bon jusque sur la ligne, voilà bien la seule tactique qui semble adaptée à ce circuit. Les meilleures l’ont bien compris, et la grande offensive va avoir lieu à 6 kilomètres du but, à la faveur de la dernière côte du jour. La Britannique Nicole Cooke et l’Allemande Judith Arndt passent à l’action. Le peloton semble un moment imploser, six autres favorites s’en étant extraites à la poursuite du duo de tête : Noemi Cantele, Tatiana Guderzo, Emma Johansson, Emma Pooley, Marianne Vos et Tara Whitten. Tandis qu’il reste moins de 5 kilomètres de course, on pense le tandem de tête capable de tenir tête à ses poursuivantes et au reste des concurrentes. Nicole Cooke et Judith Arndt collaborent à la perfection et font monter leur avance à 15 secondes.
Mais le final, du sommet de la bosse à la ligne d’arrivée, n’a vraiment rien d’agréable pour deux échappées. Constamment en point de mire sur le long boulevard qui mène à la mer, les deux de tête sont presque condamnées, d’autant plus que le peloton se reforme finalement derrière elles et qu’un groupe d’une vingtaine de coureuses est à présent lancé à leur poursuite. Cooke et Arndt entrent en tête dans la dernière ligne droite (700 mètres) mais leurs chances d’aller au bout sont vaines. Le sprint est lancé dans leur dos et elles sont gobées à 200 mètres du but. Restée sage tout au long de la course, la sprinteuse italienne Giorgia Bronzini, ancienne championne du monde de la course aux points, sprinte alors au centre de la chaussée en direction du titre mondial, qu’elle décroche devant la Néerlandaise Marianne Vos et la Suédoise Emma Johansson. Inexistantes, Jeannie Longo et Edwige Pitel terminent dans ce peloton.
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Classement :
1. Giorgia Bronzini (Italie) les 127,2 km en 3h32’01 » (36,0 km/h)
2. Marianne Vos (Pays-Bas) m.t.
3. Emma Johansson (Suède) m.t.
4. Nicole Cooke (Grande-Bretagne) m.t.
5. Judith Arndt (Allemagne) m.t.
6. Grace Verbeke (Belgique) m.t.
7. Trixi Worrack (Allemagne) m.t.
8. Rasa Leleivyte (Lituanie) m.t.
9. Elizabeth Armitstead (Grande-Bretagne) m.t.
10. Carla Swart (Afrique du Sud) m.t.