Sans faire injure au dernier vainqueur du Tour de Lombardie, Daniel Martin, l’édition 2014 du dernier monument de l’année s’était avérée totalement insipide. Aucune offensive réellement sérieuse n’ayant été entreprise avant la montée du mur partiellement pavé de Boccola, il a fallu se résoudre à résumer cette énième mouture de la Classique des Feuilles à une course de côte sur les ultimes rampes à 12 %. La faute doit incomber aux coureurs qui prônent de plus en plus l’attentisme, mais la nature du parcours n’incitait pas aux grandes manœuvres. Consciente que le Tour de Lombardie avait plus à perdre qu’à gagner de ce nouveau tracé, RCS est revenu en arrière. Non pas au parcours qui empruntait la Villa Vergano et qui avait accouché de scénarios similaires entre 2011 et 2013, mais à celui de 2010.
Pour ce faire, la ligne d’arrivée devait déménager. Placée à Bergame l’an dernier et à Lecco les années précédentes, elle revient cette fois à Côme. Ce retour sur les rives du célèbre lac de la ville permet de retrouver avec plaisir deux vieilles connaissances : les bosses de Civiglio et de San Fermo della Battaglia, juges de paix du parcours avant 2011 et situées dans les 25 derniers kilomètres. L’absence de vallée entre les deux difficultés pourrait inciter certains favoris à passer à l’offensive sur les 4,2 kilomètres à 9,7 % du Civiglio, surtout avec une pointe à 14 % dans le dernier kilomètre de montée. S’en suit une descente rapide qui replonge sur Côme. La montée de San Fermo della Battaglia (2,7 km à 7,2 %) sert d’ultime tremplin avant de rallier l’arrivée, située 5 kilomètres après le sommet et 1500 mètres après le bas de la descente.
L’enchaînement des deux difficultés promet donc un final nettement plus spectaculaire que ces quatre dernières années. Tout devrait s’y jouer la faute à une longue vallée de 20 kilomètres entre le bas de la Colma di Sormano et le pied du Civiglio. La montée terrible dans ses deux derniers kilomètres (15,8 % de moyenne avec des passages à 25 % !), tout comme l’ascension de la Madonna del Ghisallo (8,5 km à 6,2 %) n’auront pas qu’un simple rôle anecdotique. Il n’y a que 22 kilomètres entre le pied du Ghisallo et le sommet de la Colma di Sormano. Les deux difficultés s’enchaînent trop rapidement et sont bien trop exigeantes pour qu’un peloton groupé soit encore intact au terme de l’enchaînement. Il restera alors 51 kilomètres à couvrir et le regroupement aura tout le loisir de se faire dans la vallée, mais les hommes forts seront identifiés.
Classique automnale oblige, les conditions météo ont souvent joué de mauvais tours au peloton sur le Tour de Lombardie. La pluie rendant les chaussées détrempées, la course s’est parfois jouée dans les descentes, comme ce fut le cas en 2010. Cette année encore, le baromètre ne sera pas en faveur des coureurs. Des averses sont prévues sur Côme tout le week-end. Il y a des traditions qui ne se perdent pas…
Les difficultés du Tour de Lombardie 2015 :
km 56,4 : Colle Gallo (7,4 km à 6 %)
km 116,6 : Colle Brianza (8 km à 3,1 %)
km 181,1 : Madonna del Ghisallo (8,5 km à 6,2 %)
km 191,6 : Sormano (5,1 km à 6,6 %)
km 194,6 : Colma di Sormano (1,9 km à 15,8 %)
km 228,4 : Civiglio (4,2 km à 9,7 %)
km 239,7 : San Fermo della Battaglia (2,7 km à 7,2 %)