Les premiers contreforts ont déjà été gravis par le peloton du Tour d’Italie, mais c’est aujourd’hui que la vraie haute montagne intervient. Cette montagne, théâtre des plus grands exploits, des plus belles émotions et des plus grosses défaillances qui font du cyclisme l’un des sports où le suspens reste entier le plus longtemps. Cette arrivée indécise au sommet de Montecopiolo sera à coup sûr l’un des grands moments de la saison 2014. Non pas parce que, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, celle-ci livrera des indications sur l’état de forme des favoris, mais parce que c’est un final complètement fou que ces gladiateurs nous ont réservé dans les 500 derniers mètres d’une étape longue de 179 kilomètres où plane l’ombre de Marco Pantani. C’est en effet sur le terrain de jeu du Pirate décédé il y a dix ans que l’étape se déroule.
Baroudeurs ou coureurs visant le général pour le gain de l’étape ? C’est une des questions légitimes à se poser au départ de cette 8ème étape. Pas de doute, Julian Arredondo (Trek Factory Racing), Marco Bandiera (Androni Giocattoli), Julien Bérard (Ag2r La Mondiale), Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), Mattia Cattaneo (Lampre-Merida), Mauro Finetto (Neri Sottoli-Yellow Fluo), Stefano Pirazzi (Bardiani-CSF), Perrig Quemeneur (Team Europcar), Carlos Quintero (Colombia) et Eduard Vorganov (Team Katusha) optent pour la première solution. Les dix hommes sortent après une quarantaine de kilomètres et le peloton semble laisser faire. Leur avance grimpant au-delà des huit minutes laisse à penser qu’un exploit semble possible pour cette première grande journée de montagne. Mais les fuyards vont cependant déchanter : la chance ne sera pas du côté des audacieux aujourd’hui, mais bien des opportunistes.
En fait le ton change radicalement dès la montée de Cippo di Carpegna à 53 bornes de la ligne. A l’avant d’abord, où le groupe ne se réduit qu’aux seuls Arredondo, Pirazzi et Quémeneur, sous l’impulsion de l’Italien. Puis, le Colombien se détache quelques kilomètres plus loin alors que l’entente n’est pas au beau fixe. A l’arrière ensuite où la formation Movistar accélère et provoque la perte de Michael Matthews (Orica-GreenEdge) à l’arrêt et remonté par tous les concurrents un à un. L’Australien s’attachera alors à profiter des derniers moments en rose. La tunique s’éloigne quant à elle pour Michele Scarponi (Astana). L’Italien est décramponné d’un groupe de favoris d’une vingtaine d’hommes, mené par l’équipe Ag2r La Mondiale. Alexis Vuillermoz prend les commandes du peloton aminci pour Domenico Pozzovivo.
Pierre Rolland est à deux doigts de réaliser un exploit majuscule, mais son rêve se brise à 300 mètres de la ligne.
Après les deux victoires de Nacer Bouhanni (FDJ.fr), on peut le dire : les Bleus voient la vie en rose. S’il faut saluer le travail de l’ancien vététiste, que dire de Pierre Rolland (Team Europcar) ? L’Orléanais fausse compagnie au reste des concurrents à 30 kilomètres de l’arrivée alors que le groupe a basculé dans la dernière descente. Attaque suicide, offensive insensée, sa tentative est en fait pleine d’audace tout en étant minutieusement préparée. Après dix kilomètres de descente, Rolland retrouve son coéquipier Quémeneur. Celui qui s’était distingué sur le circuit de Magny-Cours sur Paris-Nice mène alors le rythme sur les premiers kilomètres avant de s’effacer. La chasse est alors lancée vers Arredondo qui possède alors plus d’une minute d’avance. Détaché de Pirazzi, l’ancien Maillot Blanc du Tour de France lance la course poursuite.
Malgré les efforts d’un Pierre Rolland qui appuie fort sur les pédales, le Colombien parvient visiblement à résister et l’écart ne diminue pas dans la première partie de l’ascension plus roulante. Mais lorsqu’il bascule à Villagio del Lago, l’ancien vainqueur du Tour de Langkawi grimace. Exténué par une journée passée à l’avant, Arredondo coince alors que les six derniers kilomètres, les plus difficiles de l’ascension, se profilent. Rolland comble l’écart facilement et revient sur lui à 3 kilomètres de l’arrivée avant de distancer son rival un kilomètre plus loin. Le Français semble alors filer tout droit vers une victoire d’étape méritée, même si le peloton n’est qu’à une trentaine de secondes. Encore en tête à 350 mètres de l’arrivée, Rolland va vivre une terrible désillusion.
La bataille entre les favoris n’a pas éclaté, elle n’a même pas eu lieu et ils sont encore une grosse vingtaine dans le peloton à chasser derrière l’Orléanais. Mais parmi eux, persistent encore des coureurs au punch remarquable. C’est le cas de Daniel Moreno (Team Katusha) qui, désormais privé de son leader Joaquim Rodriguez, a carte blanche. L’Espagnol fait parler son punch pour rejoindre cruellement Rolland dans les derniers hectomètres. Pourtant, l’ancien vainqueur de la Flèche Wallonne coince à son tour et ne sera pas le vainqueur du jour. Robert Kiserlovski (Trek Factory Racing) le rejoint, mais c’est Diego Ulissi (Lampre-Merida) calé dans sa roue qui va tirer les marrons du feu en jaillissant dans les 150 derniers mètres pour remporter sa deuxième victoire. Comme prévu, Cadel Evans (BMC Racing Team) s’empare du maillot rose.
Demain, place à la deuxième arrivée au sommet entre Lugo et Sestola.
Classement 8ème étape :
1. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida)
2. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing)
3. Wilco Kelderman (PBS, Belkin)
4. Nairo Quintana (COL, Movistar Team)
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team)
6. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step)
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale)
8. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo)
9. Fabio Aru (ITA, Astana)
10. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp)
Classement général :
1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) en 34h22’35 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 57 sec.
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’10 »
4. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) à 1’31 »
5. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’39 »
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’43 »
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’44 »
8. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’45 »
9. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 1’49 »
10. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’50 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 166 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 150 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 139 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 121 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 92 pt
6. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 90 pt
7. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 53 pt
8. Davide Appollonio (ITA, Ag2r La Mondial) 52 pt
9. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 52 pt
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 48 pt
Classement de la montagne :
1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 47 pt
2. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 35 pt
3. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 26 pt
4. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) 20 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 15 pt
6. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 14 pt
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) 14 pt
8. Perrig Quémeneur (FRA, Team Europcar)
9. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt
10. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 10 pt
Classement des jeunes :
1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) en 34h23’45 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 29 sec.
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 33 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 34 sec.
5. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 35 sec.
6. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 6’56 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Shimano) à 8’22 »
8. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 8’55 »
9. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 11’54 »
10. Yonder Godoy (VEN, Androni Giocattoli) à 19’41 »
Classement par équipes :
1. BMC Racing Team (USA) en 102h23’29 »
2. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 41 sec.
3. Ag2r La Mondiale (FRA) à 2’56 »
4. Lampre-Merida (ITA) à 10’45 »
5. Tinkoff-Saxo (DAN) à 10’57 »
6. Astana (KAZ) à 11’02 »
7. Movistar Team (ESP) à 11’48 »
8. Team Europcar (FRA) à 18’49 »
9. Trek Factory Racing (USA) à 22’36 »
10. Colombia (COL) à 23’01 »