Les organisateurs du Tour de France ont pimenté d’un coup d’un seul tout le début de saison avec le choix des deux dernières invitations après Paris-Nice du 10 au 17 mars. Deux places, trois candidates : Direct Energie et son nouveau venu Niccolo Bonifazio, Arkéa-Samsic et sa recrue phare André Greipel, et enfin Vital Concept-B § B hôtels qui a dépêché son sprinter Lorenzo Manzin. L’équation est simple, il s’agit de marquer des points et les esprits pour faire partie de la caravane de juillet et la 14ème Tropicale Amissa Bongo qui ouvre la saison cycliste sur le continent Africain après l’Océanie et avant l’Amérique du sud le 27 janvier l’Europe le 3 février, va vivre au rythme du match à trois, tout au long des 7 étapes qui mènent les coureurs du sud du pays à la capitale : Libreville.
© Tropicale Amissa Bongo
7 étapes, 4 inédites : Franceville-Okondja (2e étape), Mitzic-Oyem (4e étape), Bitam-Mongomo en Guinée-Equatoriale (5e étape), et Nkok-Libreville (7e), 3 pays traversés : Cameroun et Guinée Equatoriale lors de la 5ème étape ; l’édition 2019 est la plus variée de toutes les éditions proposées et « l’autre match » pour déterminer qui des coureurs et équipes Africaines ou des équipes Européennes pour l’emporter et succéder au coureur du Rwanda Joseph Areruya.
Sur le papier, les étapes sont promises aux sprinters ou aux puncheurs. C’est ce qui se passe sur la 1ère étape : Etape 1, Bongoville – Moanda (100 km), 3 échappés matinaux, tous les 3 revus à 17 kms de l’arrivée sous l’effet de la chaleur : 37 degrés mais surtout du travail de Brice Feillu et des Arkéa-Samsic. Sprint sur une descente de plus d’un kilomètre et les 3 équipes sont là, c’est parti pour la bagarre. L’Italien Niccolo Bonofazio justifie son recrutement chez Direct énergie et l’emporte devant Lorenzo Manzin et André Greipel. Les 3 fers de lance dépêchés en Afrique sont bien au rendez-vous. Direct énergie ouvre son compteur et une première victoire si tôt dans la saison, c’est toujours excellent pour la confiance.
La deuxième étape entre Franceville – Okondja (170 km) annonce un scénario identique à la veille. Sauf que 2650 mètres de dénivellation positive attendent le peloton, pas un mètre de plat. La bagarre se fait dès le départ et ça éclate de partout. Résultat ? une échappée de 13 coureurs se dégage et parmi les 13, 2 coureurs Arkéa-Samsic, Romain Le Roux et Brice Feillu, c’est un de trop, un seul reste à l’avant pendant que Brice Feillu mène le peloton pour récupérer 3’30 » en 50 kilomètres. Nouveau match au sprint, dans le final, deux coureurs ont attaqué : Damien Gaudin (Direct Energie) et Maxime Cam (Vital Concept- B § B hôtels) mais sont repris dans le dernier kilomètre. Maxime Daniel emmène André Greipel qui est débordé à 50 mètres de l’arrivée par Niccolo Bonifazio, 2-0 pour les Direct énergie et bonne recrue pour JR Bernaudeau avec l’Italien.
© Tropicale Amissa Bongo
Alors qu’on s’attendait à la première victoire du sprinter allemand André Greipel aujourd’hui, c’est un jeune érythréen de 18 ans qui a doublé tout le monde sur la ligne pour décrocher son premier succès sur une épreuve UCI. Digne héritier de Daniel Teklehaimanot présent ici comme leader de l’équipe nationale d’Erythrée, le jeune coureur n’a fait complexe face aux meilleurs sprinters professionnels. Il a su attendre le bon moment pour passer sur la ligne les cadors qui ne s’étaient pas méfié de lui. Les équipes professionnelles avaient pourtant imaginé avoir fait le plus dur en revenant sur le dernier échappé, le Camerounais Clovis Kamzong à seulement 5 kilomètres, dernier rescapé d’une longue fugue de 5 coureurs. Tout semblait alors en place pour offrir aux professionnels une bagarre de grande facture mais c’était sans compter sur ce jeune inconnu. Il pourra longtemps se vanter d’avoir accroché à son tableau de chasse des champions comme Greipel, Bonifazio et Manzin habitués des plus grands sprints sur les épreuves mondiales. L’Italien Niccolo Bonifazio conserve son maillot jaune de leader.
© Tropicale Amissa Bongo
La quatrième étape se fait attendre, 2h30 de retard à l’allumage, un parcours raccourci qui se déroule au milieu de la forêt tropicale et de nouveau une arrivée au sprint. Deux minutes, c’est l’avance maximale des échappés du jour, autant dire chances quasi nulles, et de nouveau trois équipes pour contrôler, les 3 formations Françaises unissent leurs forces pour mieux bagarrer dans le final à Oyem. A la victoire Africaine de la veille répond la première victoire Française, celle du coureur originaire de la réunion : Lorenzo Manzin. Vital Concept-B § B hôtels réduit le score quand Arkéa-Samsic voit son tableau rester vierge.
Bis répétita pour la 5ème étape qui amène le peloton au Cameroun puis en Guinée équatoriale: échappée, sprint à l’arrivée et Niccolo Bonifazio passe la troisième devant Lorenzo Manzin quand André Greipel et Mattéo Pelucchi n’ont toujours pas gagné. Le temps presse, il reste deux étapes.
© Tropicale Amissa Bongo
Retour à Oyem pour la 6ème étape, c’est là que deux jours plus tôt, André Greipel s’est fait tasser dans les barrières par le jeune Rwandais de 18 ans: Girmay Hailu. Le doute n’a pas le temps de s’installer dans les têtes chez Arkéa-Samsic. Sébastien Hinault et ses hommes concrétisent le bon travail collectif souligné tous les jours et c’est Greipel qui s’impose enfin devant Reguigui et Manzin. Toujours bonne à prendre une première victoire quand l’année passée, il avait fallu attendre juin. Bon pour le sprinteur, bon pour les équipiers qui voient leur travail récompensé et bon pour le moral de l’ensemble de l’équipe.
© Tropicale Amissa Bongo
16 secondes c’est l’avance de Niccolo Bonifazio sur Lorenzo Manzin à l’orée de la dernière étape disputée entre Nkok et Libreville. 120 kilomètres et 19″ de bonifications au total, le suspense est de mise sur la Tropicale 2019. Le scénario reste identique, les 3 équipes qui luttent pour deux places sur le Tour veulent en découdre au sprint, et pour la 7ème fois, l’arrivée est massive et au final c’est Lorenzo Manzin qui gagne. Direct énergie 3, Vital concept-B § B hôtels 2 et Arkéa-Samsic 1. Faîtes vos jeux et vivement les prochains rendez-vous. Direct énergie et Niccolo Bonifazio lancent parfaitement leur saison 2019.