La 18ème étape du Tour d’Italie avait, sur le papier, tout pour être séduisante avec son final explosif. Mais les organisateurs du Giro ne pouvaient pas prévoir que la course au maillot rose ne se jouerait plus à coups de secondes. Aussi exigeante que soit la montée vers Pramartino (4,7 km à 10,5 %) juste avant d’atteindre Pinerolo dans un final qui n’est pas sans rappeler celui d’une étape du Tour il y a cinq ans, elle n’était pas propice aux grandes manœuvres qui doivent être lancées par les adversaires de Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo) s’ils veulent avoir une chance de s’emparer du maillot rose avant d’atteindre Turin. On parle bien là de l’arrivée finale dimanche dans la capitale du Piémont et non du passage de cette 18ème étape dans la capitale automobile du nord de l’Italie avant d’atteindre les premiers sommets des Alpes du côté de Pinerolo.
De ce fait, dans une course par étapes longues de trois semaines où chaque effort compte, les favoris vont préférer s’accorder une nouvelle journée de répit avant deux étapes vendredi et samedi qui seront à coup sûr décisives. A quoi bon se battre pour quelques secondes quand le poursuivant le plus proche du Maillot Rose, Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), accuse déjà 3 minutes de retard ? Il n’y avait pas assez à gagner aujourd’hui, et beaucoup trop à perdre demain et samedi pour que les rivaux du Néerlandais passent à l’action. Alejandro Valverde (Movistar Team) tentera bien sa chance dans les passages les plus rudes du mur de San Maurizio placé judicieusement à 2 kilomètres de l’arrivée, Vincenzo Nibali (Astana) essaiera lui aussi dans la descente, mais les favoris arriveront presque sagement groupés, plus de 13 minutes après le vainqueur.
En ce jour de relâche pour l’ensemble des favoris, une occasion en or se présentait à nouveau pour les échappés. Ils seront vingt-quatre à recevoir la bénédiction des candidats au maillot rose : Pavel Brutt, Jay McCarthy et Ivan Rovny (Tinkoff), Julen Amezqueta et Matteo Busato (Wilier Triestina-Southeast), Nikias Arndt et Albert Timmer (Giant-Alpecin), Gianluca Brambilla et Matteo Trentin (Etixx-Quick Step), Stefan Kung et Daniel Oss (BMC Racing Team), Sacha Modolo et Matej Mohoric (Lampre-Merida), Morseno Moser et Ramunas Navardauskas (Cannondale), Genki Yamamoto et Gianfranco Zilioli (Nippo-Vini Fantini), Axel Domont (Ag2r La Mondiale), Roger Kluge (IAM Cycling), Christian Knees (Team Sky), Pim Ligthart (Lotto-Soudal), Olivier Le Gac (FDJ), Davide Malacarne (Astana) et Andrei Solomennikov (Gazprom-RusVelo).
Matteo Trentin déboule de l’arrière et vole la vedette à Moreno Moser et Gianluca Brambilla.
L’étape la plus longue de ce Tour d’Italie permet aux fuyards de creuser un avantage qui s’avère vite décisif, dépassant les dix minutes. Il faut pourtant attendre la montée de Pramartino après 215 kilomètres pour assister aux premières offensives d’envergure, même si Pavel Brutt, d’abord en compagnie d’Olivier Le Gac, puis seul, a tenté d’anticiper l’explication attendue dans la seule difficulté répertoriée. Les pourcentages à deux chiffres ne tardent pas à faire leur œuvre. Le groupe s’étire, les coureurs sont éparpillés et seuls deux hommes se projettent à l’avant. Moreno Moser en est à l’initiative, Gianluca Brambilla le suit. Les deux hommes semblent alors bien partis pour faire respecter la tradition. Jusqu’à présent, la ville de Pinerolo, sur le Giro, n’avait couronné que des coureurs italiens, dont Fausto Coppi et Giuseppe Saronni.
La tradition sera bien respectée, mais pas forcément comme la montée de Pramartino semblait le destiner. Si Brambilla et Moser franchissent le sommet ensemble, une partie de leurs anciens compagnons d’échappée n’ont pas dit le dernier mot. Un bras de fer s’engage entre le duo de tête et Ivan Rovny, Nikias Arndt, Sacha Modolo et Matteo Trentin. La victoire d’un des deux semble actée quand ils attaquent le mur pavé de San Maurizio avec une grosse quinzaine de secondes d’avance et que l’un comme l’autre tente de filer en solitaire. Mais les lauriers n’iront finalement ni à Moser ni à Brambilla. Car quand le coureur d’Etixx-Quick Step se retourne après la flamme rouge, il voit revenir Matteo Trentin en boulet de canon. Dès lors, le coureur italien, déjà vainqueur d’une étape à Arezzo et maillot rose deux jours ne voit plus de raison de prendre le moindre relais.
Le coup tactique de la formation belge est formidablement orchestré alors que Matteo Trentin opère la jonction à 200 mètres de la ligne. Moreno Moser est piégé et lance le sprint trop tardivement tandis que le vainqueur de Paris-Tours continue sur sa lancée. Il déborde ses deux compatriotes par la droite, et creuse immédiatement un écart que le neveu de l’illustre Francesco ne parvient pas à combler. Déjà lauréat de deux étapes du Tour de France (à Lyon en 2013 et à Nancy en 2014), il s’impose pour la première fois sur son Tour national. Mieux, il décroche à Pinerolo, sa toute première victoire chez les pros sur le sol italien ! Il poursuit par la même occasion le formidable Giro de l’équipe Etixx-Quick Step, lauréate de sa quatrième étape après celles de Marcel Kittel à Nimègue et Arnhem et de Gianluca Brambilla à Arezzo.
Demain, les choses sérieuses reprennent entre Pinerolo et Risoul (162 km).
Classement 18ème étape :
1. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) les 240 km en 5h25’34 » (44,9 km/h)
2. Moreno Moser (ITA, Cannondale) m.t.
3. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) m.t.
4. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) à 20 sec.
5. Nikias Arndt (ALL, Giant-Alpecin) à 30 sec.
6. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff) à 34 sec.
7. Matteo Busato (ITA, Wilier Triestina-Southeast) à 1’10 »
8. Christian Knees (ALL, Team Sky) à 1’16 »
9. Axel Domont (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’24 »
10. Davide Malacarne (ITA, Astana) à 4’28 »
Classement général :
1. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) en 73h50’37 »
2. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 3’00 »
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 3’23 »
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 4’43 »
5. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 4’50 »
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 5’34 »
7. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 7’57 »
8. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 8’53 »
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 10’05 »
10. Kanstantsin Siutsou (BLR, Dimension Data) à 11’03 »
Classement par points :
1. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 185 pt
2. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) 141 pt
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 137 pt
4. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) 127 pt
5. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 126 pt
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 83 pt
7. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 83 pt
8. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 76 pt
9. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) 62 pt
10. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) 61 pt
Classement de la montagne :
1. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 134 pt
2. Stefan Denifl (AUT, IAM Cycling) 72 pt
3. Darwin Atapuma (COL, BMC Racing Team) 69 pt
4. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 61 pt
5. David Lopez (ESP, Team Sky) 54 pt
6. Mikel Nieve (ESP, Team Sky) 50 pt
7. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 42 pt
8. Alexander Foliforov (RUS, Gazprom-RusVelo) 41 pt
9. Kanstantsin Siutsou (BLR, Dimension Data) 36 pt
10. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 31 pt
Classement des jeunes :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 73h58’34 »
2. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 16’44 »
3. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 44’36 »
4. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 53’57 »
5. Joe Dombrowski (USA, Cannondale) à 1h13’55 »
6. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 1h20’59 »
7. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 1h22’31 »
8. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 1h40’20 »
9. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 1h44’45 »
10. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 1h45’00 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 221h53’12 »
2. Cannondale (USA) à 12’42 »
3. Movistar Team (ESP) à 16’59 »
4. Ag2r La Mondiale (FRA) à 20’19 »
5. Team Sky (GBR) à 38’59 »
6. Etixx-Quick Step (BEL) à 48’15 »
7. Tinkoff (RUS) à 50’40 »
8. Team Katusha (RUS) à 1h21’50 »
9. Dimension Data (AFS) à 2h05’01 »
10. Team LottoNL-Jumbo (PBS) à 2h07’36 »