Il a fait chaud, extrêmement chaud, sur les routes de la Vuelta. Si l’étape qui reliait Escaldes-Engordany, en Principauté d’Andorre, à Tarragone, sur la Costa Daurada, présentait un profil descendant, le mercure a grimpé de manière inversement proportionnelle pour flirter avec les 40°. C’était bouillant mais le final dans la cité méditerranéenne avait de quoi donner quelques sueurs froides avec ses multiples ronds-points et virages dans les 1500 derniers mètres. Autant dire que pour avoir une chance de jouer la victoire au sprint ce soir, mieux valait aborder cette ultime phase bien placé. Ou bien disposer de la formation capable de placer son sprinteur aux premières loges avant les derniers hectomètres. Ou bien en faisant un premier effort peut-être fatal en vue de celui qu’il faudrait mener dans les derniers instants de la course.
Si peu d’équipes, pour ne pas dire aucune, n’a rejoint le Tour d’Espagne avec un groupe construit avant tout pour leur sprinteur, il en est une qui sait se débrouiller en pareilles circonstances : la formation Quick-Step Floors. L’équipe belge, vainqueur à cinq reprises sur les routes du Tour de France, connaît un départ de Vuelta en fanfare. 2ème temps du contre-la-montre par équipes de Nîmes samedi soir, le groupe sportif belge s’est imposé dimanche à Gruissan par l’intermédiaire d’Yves Lampaert, non sans avoir auparavant dynamité la course dans le vent. Et ce n’est pas passé loin hier en Andorre pour David De La Cruz, seulement battu au sprint par Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida). Les Quick-Step Floors ont des atouts, et ils en avaient un autre aujourd’hui alors qu’un sprint massif – le tout premier – était prévisible à Tarragone.
Sous cette chaleur accablante, il fallait pour cela d’abord rentrer sur les derniers membres de l’échappée du jour, lancée au kilomètre 6 par Diego Rubio et Nicholas Schulz (Caja Rural-Seguros RGA), Johan Le Bon (FDJ), Juan-Felipe Osorio (Manzana Postobon Team) et Stéphane Rossetto (Cofidis). Avec 7’30 » d’avance, les cinq hommes de tête avaient de quoi voir venir mais pas nécessairement suffisamment pour espérer rejoindre la mer devant tous les autres. Cette quatrième étape comprenait une seule véritable difficulté, le long faut plat montant de l’Alto de Belltall, une montée de 13 kilomètres à 2,8 %. C’est là, à 70 kilomètres de l’arrivée, que Stéphane Rossetto choisissait de relancer l’allure pour ne garder avec lui que le seul Diego Rubio. Mais à cinq ou à deux, le sort de l’échappée demeurait le même, et chacun des attaquants rentrait dans le rang à 8 kilomètres du but.
Ce sont alors les Quick-Step Floors qui passaient à la manoeuvre. Pour Matteo Trentin. L’Italien, plus habitué à emmener les sprints qu’à les disputer, était cette fois déposé à la perfection. Il entrait dans les tournants des 1500 derniers mètres à une place de choix pour ensuite crever l’écran en sprintant plein cadre devant Juan-José Lobato (Team LottoNL-Jumbo) et Tom Van Asbroeck (Cannondale-Drapac). Un succès tout sauf anodin pour le coureur italien, puisqu’il lui permet d’entrer dans le cercle restreint des coureurs parvenus à remporter une étape sur chacun des Grands Tours ! Vainqueur à Lyon en 2013 puis à Nancy en 2014 sur les routes du Tour de France, Matteo Trentin avait conquis une étape du Giro en 2016 à Pignerol. A 28 ans, Matteo Trentin n’avait encore jamais disputé le Tour d’Espagne. Il lui aura fallu quatre étapes pour en claquer une et appartenir désormais à ce club fermé des coureurs victorieux sur les trois Grands Tours.
Chris Froome (Team Sky) et ses adversaires n’auront pas été inquiétés aujourd’hui. Tous se maintiennent à leur place au classement général avant la cinquième étape, demain mercredi, entre Benicassim et Alcossebre (175,7 km). Une étape promise aux puncheurs avec un final en pente (3,4 km à 2 %).
Classement 4ème étape :
1. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) les 198,2 km en 4h43’57 »
2. Juan-José Lobato (ESP, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. Tom Van Asbroeck (BEL, Cannondale-Drapac) m.t.
4. Edward Theuns (BEL, Trek-Segafredo) m.t.
5. Jens Debusschere (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
6. Sacha Modolo (ITA, UAE Team Emirates) m.t.
7. Lorenzo Manzin (FRA, FDJ) m.t.
8. Sören-Kragh Andersen (DAN, Team Sunweb) m.t.
9. Youcef Reguigui (ALG, Dimension Data) m.t.
10. Jetse Bol (PBS, Manzana Postobon Team) m.t.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 13h37’41 »
2. David De La Cruz (ESP, Quick-Step Floors) à 2 sec.
3. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) m.t.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) m.t.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 10 sec.
6. Esteban Chaves (COL, Orica-Scott) à 11 sec.
7. Fabio Aru (ITA, Astana) à 38 sec.
8. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 39 sec.
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 48 sec.
10. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) m.t.
Classement par points :
1. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) 49 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 31 pt
3. Edward Theuns (BEL, Trek-Segafredo) 28 pt
Classement de la montagne :
1. Davide Villella (ITA, Cannondale-Drapac) 12 pt
2. Alexandre Geniez (FRA, Ag2r La Mondiale) 10 pt
-. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 10 pt
Classement de la combativité :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 14 pt
2. Esteban Chaves (COL, Orica-Scott) 25 pt
3. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) 27 pt
Classement par équipes :
1. Orica-Scott (AUS) en 26h10’20 »
2. Team Sky (GBR) à 1’05 »
3. Astana (KAZ) à 1’56 »