Le Brésil. Rien que d’évoquer l’idée de traverser quelques jours cette contrée lointaine évoque forcément pour chacun des images stéréotypées. Des fantasmes même. Le Brésil fait rêver. On ne s’y trompe guère. Rio est égale à l’image qu’on lui donne communément. Juillet est ici un mois d’hiver, laissez nous rire, tout est relatif, le thermomètre dépasse communément les trente degrés. Sous le soleil exactement. Les plages semblent infinies et le sable blanc, propre, contraste avec le bleu du ciel et de la mer. Copacabana, Ipanema, Botafogo, Flamengo… Les vagues de l’océan déferlent, renversent les surfers et versent leur écume blanche sur la plage. Les Cariocas aiment le sport et le sport le leur rend bien. Athlétiques allures. De l’aube au crépuscule, on court, on pédale, on marche. Jeux de raquettes, volley, soccer. Galbées, les filles sont particulièrement jolies. Elles exposent leur corps, leur peau hâlée et semblent vouloir bronzer encore. Métissage de couleurs. Blanc, noir, chocolat, café au lait. Beaucoup de lumière et des maillots bigarrés. Prédominance du bleu, du vert, du jaune du drapeau national. La Seleçao est omniprésente. Partout, sur la plage, dans les parcs, sur la rue, les garçons jouent au foot.
Le Brésil ne semble vivre que pour le ballon rond. La coupe du monde prévue ici en 2014 se lit déjà sur tous les panneaux. Quotidiennement, la télévision ne transmet que du foot. Rio, ville de sport, borde la mer et tourne le dos aux montagnes. Le relief est aussi ici bien spécifique. A peine l’océan a-t-il nivelé la plage, derrière deux rangées d’immeubles chics, les collines s’élèvent, vertes, verticales comme des falaises aux sommets aigus. Sur leurs flancs, les Favelas. Le Pain de Sucre. En haut, le Christo, détaché dans le ciel veille. Il tend les bras, protège la ville, semble accueillir. Le manant touriste ne sait plus quoi admirer. La montagne, la terre rouge, l’eau, le ciel, le sable, les filles ou ces quatre hommes qui pratiquent habilement un volley soccer sans que le ballon ne daigne vouloir toucher le sol. Du grand art brésilien.
Sur la plage de Barra, en cette fin du mois de juillet, l’heure est pourtant au cyclisme. Une épreuve internationale. Le départ du Tour do Rio est donné pour la dixième édition. L’organisation se donne les moyens de conférer à l’épreuve un succès croissant, une renommée mondiale. La course est depuis deux ans chapeautée par l’UCI. Onze équipes brésiliennes s’alignent sur les rangs. Pour chacun de ces coureurs, l’enjeu peut s’avérer capital. La fédération déterminera en appréciant les résultats les noms retenus pour participer aux prochains jeux olympiques de Londres en 2012. Grégolry Panizo, récent vainqueur de la Panaméricaine, fait figure de favori dans les pronostics. Mais s’il brigue la victoire, il lui faudra aussi compter sur les ambitions des coureurs des huit équipes internationales, italienne, espagnole, américaine, argentine, colombienne ou rwandaise venues à Rio pour toute autre chose que de figurer au carnaval. Et les Colombiens sont aussi craints que des épouvantails. Et puis, la course est dotée de primes alléchantes. 200.000 reals dollars (90 000 euros) seront distribués. Cent vingt coureurs sont au départ.
Cinq étapes, du 27 au 31 juillet. 814 kilomètres d’asphalte à parcourir autour de l’état de Rio. Le Tour souhaite revêtir des allures de Tour de France. La référence ici. La caravane déplace soixante véhicules, emporte six cents personnes. Toute la colonie vit ensemble durant une semaine, partage ses repas dans les mêmes restaurants, gite dans les mêmes hôtels. Une organisation hors normes qu’il convient de féliciter. Conexào. La directrice, Luisa Jucà, énergique, pétillante, très expressive, est avant tout une passionnée.
Un reportage de Brice de Singo