C’était un appel du pied, et il ne pouvait pas s’imaginer être ailleurs qu’à Apeldoorn en cette chaude journée de printemps. Dès sa découverte du tracé du Tour d’Italie l’hiver dernier, Tom Dumoulin (Giant-Alpecin) savait telle une évidence que sa saison passerait par la course rose. Pas pour y homologuer sa renversante performance de la Vuelta, quand il avait emmené le maillot rouge de leader jusqu’aux portes de Madrid avant de fléchir dans la Sierra de Guadarrama pour rallier la capitale espagnole au 6ème rang du classement général. Non, cette saison, plutôt que de confirmer ses dispositions entrevues l’été dernier pour les courses de trois semaines, le rouleur néerlandais a choisi de l’orienter autour de deux objectifs : le contre-la-montre des Jeux Olympiques et donc cette première étape chronométrée du Tour d’Italie, en visite pour la troisième fois en quinze ans aux Pays-Bas.
Il y avait 9800 mètres à effectuer depuis le cœur du vélodrome d’Apeldoorn (!), théâtre en 2011 des Championnats du Monde sur piste, et le centre-ville de cette cité de la Gueldre, province du centre-est des Pays-Bas. Un chrono tout plat, urbain, dont seuls huit virages à angle droit rompaient les longs bouts droits. C’était évidemment un exercice destiné aux spécialistes de la trempe de Tom Dumoulin, mais le coureur de Maastricht n’était pas le seul en lice pour le gain du premier maillot rose. Les observateurs les plus avertis s’étaient entendus autour de quelques noms plus ou moins ronflants comme ceux de Fabian Cancellara (Trek-Segafredo), Jos Van Emden (Team LottoNL-Jumbo) ou Stefan Küng (BMC Racing Team), mais la surprise cet après-midi aurait tout aussi bien pu venir du Slovène Primoz Roglic, défenseur du maillot hollandais du Team LottoNL-Jumbo, auteur à quelques centièmes près d’une performance similaire à celle de Tom Dumoulin. Le plus rapide malgré tout à 53,212 km/h de moyenne.
Car les autres favoris pressentis pour le premier maillot rose avaient chacun connu leur lot de mésaventures. Premier d’entre eux à s’élancer, devant son public qui plus est, Jos Van Emden confondait vitesse et précipitation et s’en allait à la faute dans un virage. Le même qui allait coûter quelques minutes plus tard une performance éblouissante au jeune Stefan Küng. Car le Suisse, crédité du 2ème temps à 1 seconde après 4,8 kilomètres, jouait sur le même tableau que Tom Dumoulin avant qu’il ne s’engage trop vite dans cette courbe serrée. Une faute impardonnable car sa sortie de route dans les barrières anéantissait toute chance d’égaler le temps de référence. Fabian Cancellara enfin, n’était décidément pas dans son assiette, gagné il y a deux jours par des douleurs gastriques et dans ces circonstances 8ème à déjà 14 secondes d’un maillot rose qu’il rêverait pouvoir endosser avant de tirer sa révérence.
Marcel Kittel lorgne déjà sur le maillot rose, Vincenzo Nibali réussit son entrée en matière.
Mais ce soir la tunique tant convoitée est donc propriété de Tom Dumoulin. Sur ses terres de Hollande, le rouleur de 25 ans n’aura donc pas manqué le rendez-vous que le Giro lui avait fixé depuis l’hiver. 2ème des prologues de Paris-Nice et du Tour de Romandie, le coureur de Giant-Alpecin n’avait plus signé la meilleure performance dans un contre-la-montre depuis son écrasante victoire à Burgos au Tour d’Espagne. Dans les rues d’Apeldoorn, 9800 mètres après être sorti du vélodrome, Tom Dumoulin aura donc devancé de quelques centièmes l’excellent temps signé par Primoz Roglic. Derrière eux, il n’y a pas photo en revanche. Andrey Amador (Movistar Team) est à 6 secondes, Tobias Ludvigsson (Giant-Alpecin) à 8 secondes. Tous les autres déjà au-delà des 10 secondes, soit a priori hors du coup pour lui arracher le maillot rose des épaules demain, secondes de bonification à l’appui.
Mais déjà il en est un qui lorgne avec plus d’appétence que les autres sur ce maillot avec lequel il aimerait faire mardi prochain son entrée en Italie, lui dont la seule participation au Giro il y a deux ans s’était limitée au Grand Départ irlandais (avec deux victoires d’étapes en prime !). Ce sprinteur, c’est Marcel Kittel (Etiix-Quick Step), auteur à Apeldoorn d’une prouesse qui en dit long, 5ème temps à 11 secondes de Tom Dumoulin ! Des sprinteurs qui, dès demain, partiront à la chasse aux étapes (et aux bonifications : 10, 6 et 4 secondes à l’arrivée, 3, 2 et 1 secondes au sprint intermédiaire), l’Allemand est de loin le plus à même de gommer son retard. André Greipel (Lotto-Soudal) est déjà à 34 secondes, Elia Viviani (Team Sky) à 36 secondes, Arnaud Démare (FDJ) à 40 secondes. Et Marcel Kittel est dans le printemps de sa vie, avec déjà sept victoires au compteur. C’est lui qu’il s’agira de vaincre demain alors que le Giro réalisera sa première étape entre Arnhem et Nimègue (190 km).
Dans tout ça, ceux qui seront concernés par le maillot rose à plus long terme quand se dresseront les montagnes dolomitiques puis alpestres, c’est Vincenzo Nibali (Astana) qui se sera défendu le mieux dans le chrono d’ouverture. Pour son retour sur le Giro qu’il avait quitté sur une victoire finale il y a trois ans, le Sicilien signe le 16ème temps à 19 secondes de Dumoulin. Il laisse tous ses adversaires derrière lui : Alexandre Geniez (FDJ) est à 2 secondes, Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo) à 3 secondes, Alejandro Valverde (Movistar Team) à 5 secondes, Esteban Chaves (Orica-GreenEdge) à 11 secondes, Ilnur Zakarin (Team Katusha) à 13 secondes, Rigoberto Uran (Cannondale) à 14 secondes, Rafal Majka (Tinkoff) et Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) à 19 secondes, Mikel Landa (Team Sky) à 21 secondes, et Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) à 28 secondes.
Classement 1ère étape :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) les 9,8 km en 11’03 » (53,2 km/h)
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 6 sec.
4. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 8 sec.
5. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) à 11 sec.
6. Moreno Moser (ITA, Cannondale) à 12 sec.
7. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 13 sec.
8. Fabian Cancellara (SUI, Trek-Segafredo) à 14 sec.
9. Matthias Brändle (AUT, IAM Cycling) m.t.
10. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 16 sec.
Classement général :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) en 11’03 »
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 6 sec.
4. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 8 sec.
5. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) à 11 sec.
6. Moreno Moser (ITA, Cannondale) à 12 sec.
7. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 13 sec.
8. Fabian Cancellara (SUI, Trek-Segafredo) à 14 sec.
9. Matthias Brändle (AUT, IAM Cycling) m.t.
10. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 16 sec.
Classement par points :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 50 pt
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) 35 pt
3. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) 25 pt
4. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) 18 pt
5. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) 14 pt
6. Moreno Moser (ITA, Cannondale) 12 pt
7. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) 10 pt
8. Fabian Cancellara (SUI, Trek-Segafredo) 8 pt
9. Matthias Brändle (AUT, IAM Cycling) 7 pt
10. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) 6 pt
Classement des jeunes :
1. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) en 11’11 »
2. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 5 sec.
3. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 11 sec.
4. Lukasz Wisniowski (POL, Etixx-Quick Step) à 12 sec.
5. Michael Hepburn (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
6. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 17 sec.
7. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 20 sec.
8. Stefan Kueng (SUI, BMC Racing Team) à 22 sec.
9. Sean De Bie (BEL, Lotto-Soudal) à 23 sec.
10. Arnaud Démare (FRA, FDJ) à 32 sec.
Classement par équipes :
1. Giant-Alpecin (ALL) en 33’33 »
2. Team LottoNL-Jumbo (PBS) à 15 sec.
3. Etixx-Quick Step (BEL) à 20 sec.
4. IAM Cycling (SUI) à 36 sec.
5. Movistar Team (ESP) à 37 sec.
6. Orica-GreenEdge (AUS) à 41 sec.
7. Astana (KAZ) à 44 sec.
8. Trek-Segafredo (USA) à 45 sec.
9. Cannondale (USA) à 47 sec.
10. BMC Racing Team (USA) à 58 sec.