Nairo Quintana est un homme avisé, il a sagement assisté à la présentation du 105ème TDF le mardi 17 octobre au palais des congrès et histoire d’anticiper ses devoirs de vacances, il a reconnu la fameuse étape Bagnères de Luchon, au pied des six beaux cols, Saint Lary Soulan, col de Portet, le plus haut point du Tour 2018, 2215 mètres, 100 pile-poil plus que le Tourmalet. Deux jours avant Vélo 101 et la douzaine d’acolytes qui nous ont accompagnés sur le vélo et le trio de supportrices qui nous ont supportés et surtout super bien ravitaillés.
??65 KM?? Une étape très courte & intense se terminant au Col de Portet ! ???? / A short but intense stage finishing in the Col de Portet! ???? pic.twitter.com/kVujJZteh0
— Le Tour de France (@LeTour) 17 octobre 2017
65 kilomètres, un parcours digne de feu les demi-étapes voir tiers étapes qui valurent une grève au Tour 1978, 40 ans déjà, mais bien plus que ça. 40 kilomètres de montée, 3 cols de première ou hors catégorie, 3100 mètres de dénivellation, 2h30 de course ou pas bien loin. On peut rajouter un départ aux alentours de 15 heures, au moment où la caravane arrivera à son terminal à Espiaube, sur la route du pla D’adet, un ordonnancement des coureurs qui tiendra compte du classement général, pratiquement pas de fictif et sans doute pas de zone de ravitaillement! Et on pourrait ajouter un suspense à couper le souffle, pas seulement parce qu’on avoisine avec l’altiport de Peyragudes, James Bond et Romain Bardet, mais aussi parce que le final peut devenir haletant, car la route finale a tout pour devenir mythique, on y reviendra.
5/4/2/1 partez, droit dans la pente du col de Peyresourde, pour 13.5 kilomètres dans la Haute-Garonne, les seuls, mais le festival des rouleaux aura battu son plein au pays des thermes, où il faudra être bien échauffé pour ne rien manquer du festival qui va se dérouler devant et des craintes que pourront charrier ceux qui seront malades, blessés ou déjà très entamés par les 16 premières étapes. 1000 mètres de dénivellation, clins d’oeil à Garin, km 7.5 et au lac d’ôo, ça ne s’invente pas même si le parlé local parle de lui-même. Les organisateurs proposent et les coureurs disposent, certes ça reste vrai, mais quelque chose nous dit que dès le départ ça va embrayer et pas seulement parce que les équipiers ne seront pas directement au contact de leur leader, stratèges demandés au parloir, ça va cogner sec.
Une fois le sommet passé, place aux Hautes Pyrénées qui doivent beaucoup à François Fortassin et son goût immodéré de faire goûter et découvrir à Christian Prudhomme et ses équipes, des sites, des lieux que le Tour va magnifier et ouvrir ainsi la porte à des milliers de cyclos Français et étrangers venant eux aussi poser leurs roues là où les costauds les auront précédés. Les Hautes Pyrénées qui ont eu le bon goût d’avoir une étape aux 65 kms, histoire de matcher le numéro du département sur lequel les jeunes cyclistes, mais pas que…seront incollables aux concours administratifs et autres. Bascule de même pas un kilomètre et visite à Peyragudes histoire de rappeler de voisins souvenirs, et re bascule à l’inverse du parcours 2016 vers Loudenvielle, son lac, sa quiétude, la seule de cette journée faite de hauts de bos, de montées 3 et 2 descentes, mais avec une seconde, celle vers Azet et Saint Lary, pas toujours simple à négocier. Avant ça, le bucolique col d’Azet Val Louron, qui culmine à 1580 au km 37, 700 mètres de D+ sur 7.4 kms, 20 parapentes dans le ciel azur des Pyrénées plus loin, ça donne du 8.3% de moyenne et déjà 1700 mètres de dénivellation encaissés, en 37 kilomètres. Entrée, plat, mais dessert à venir et quel dessert, servi à l’heure du tea.
Etape particulière on l’a dit, pour plein de raisons, et déjà avec des centaines de milliers de spectateurs massés sur 40 kilomètres seulement, ça promet, de l’ambiance, du folklore et les routes de la vallée seront sûrement encombrées le soir jusque tard, il faudra refaire l’étape, les discussions iront bon train. Des trains, il ne devrait pas y en avoir trop, au pied des cols s’entend et surtout pas longtemps au pied du dernier, le Pla d’Adet où Raymond Poulidor a toujours un temps référence, et comme ce n’est pas tout, le symbole de Saint Lary, le chien des bergers, on y ajoute un zeste de Col de Portet, rien moins que 7.5 kilomètres, une fois qu’on a laissé la route du Pla d’Adet, à Espiaube, virage à droite et nouvel univers. Le Pla d’Adet, déjà avec un tel nom et ses pourcentages démoniaques juste à la sortie de Vignec, avait tout pour devenir célèbre, et pas seulement avec la victoire de Poupou, en 1974, et le célèbre, « Poulidor est un grand d’Adet » du jongleur de mots qu’était Antoine Blondin, le locataire de juillet de la 203 aux couleurs du 101! Aucun moment de répit sur des kilomètres, on frôle ou dépasse les 10% et le spectateur présent, le téléspectateur haletant ne manquera pas une miette d’un festin jamais saoûlant, kilomètre 57.5, un peut de répit avant Espiaube et les 7.5 kilomètres restants qui ont tout pour devenir mythiques, qui plus est si…
Un parfum de Paris-Roubaix et de Strade Bianche sur le Tour
Nous étions 14 coureurs sur cette partie finale, 0 crevaison au passage et serions les 14 premiers signataires de la pétition pour garder ces 7 kilomètres terminaux dans leur état naturel, une alternance de routes blanches mais pas cassantes avec de bons pourcentages qui paraissent moins méchantes que la partie asphaltée nickel de la montée du Pla d’Adet, et de macadam facile à passer, où la notion de pilotage prend toute sa signification. Une image nous revient à la mémoire, celle de la découverte de ce premier passage avec du chemin, sans ornières marquées, et là on se dit « s’ils bitument ça, c’est comme asphalter les pavés de Paris-Roubaix » rien moins. Faites des économies, gardez les routes comme ça et le suspense n’en sera que plus grand pour ce grand spectacle de 150 minutes, un vrai film sans longueurs ni langueurs, assurément. On a même une arche du dernier kilomètre sous forme d’un tunnel, de 50 mètres, en gravel, en montée mais rien d’insurmontable. On imagine vraiment bien un match Pyrénées-Alpes terminé par un partout, une section gravel sur le plateau des Glières pour les Alpes, et une égalisation magistrale des Pyrénées, sur le col de Portet, une splendeur au point de vue paysages, pastoral, sauvage et en plus à 2215 mètres les vautours volent à 10 mètres au-dessus de nous, pas de crevaisons on l’a dit, pas de largués, tout le monde ravi, bravo à toutes et à tous.
En conclusion de cette super journée de vélo et de convivialité, on n’est pas pour accélérer le calendrier mais quand même, on a hâte d’être au mercredi 25 juillet, le col de Portet va vite rentrer dans les mémoires et prendre date avec le Tour, quelque chose nous dit que les élus et ASO lèveront encore la tête et la tête du guidon pour aller chercher une autre Cima Coppi, grand bien fasse au vélo. Allez, on le place et on l’espère, ça devrait Bardet !
Retrouvez la vidéo de cette reconnaissance le vendredi 3 novembre.