Suspendu. Plus personne, à vrai dire, n’associait cette sentence au cas d’Alberto Contador (Team Saxo Bank). D’abord parce que l’infinitésimale dose de Clenbutérol retrouvée dans les urines du coureur au matin de la journée du 21 juillet 2010 pouvait laisser planer le doute, dans l’esprit des plus crédules, quant à la réelle provenance du produit interdit. Ensuite parce que l’acquittement prononcé en sa faveur le 14 février 2011 par la commission disciplinaire espagnole avait aveuglement crédité la thèse d’une intoxication alimentaire soutenue par l’Espagnol. Enfin parce qu’à le voir courir et gagner depuis tout ce temps, on avait fini par minimiser la menace qui continuait pourtant à planer au-dessus de lui. C’était oublier le sérieux et l’intégrité du Tribunal Arbitral du Sport, saisi par l’Union Cycliste Internationale et l’Agence Mondiale Antidopage.
Suspendu. Le verdict tant attendu est donc tombé ce midi, sous la forme d’une sentence de 98 pages récapitulant la complexité d’une longue, très longue procédure. Et prenant à contrepied les rumeurs qui faisaient état de complaisance entre Alberto Contador et ses juges (la formation du TAS était présidée par l’Israélien Efraim Barak et composée du Suisse Quentin Byrne-Sutton et de l’Allemand Ulrich Haas), le verdict annonce la condamnation du champion. Contador est suspendu deux ans avec effet rétroactif. Par conséquent, il perd le bénéfice de sa troisième victoire dans le Tour de France 2010, qui reviendra à Andy Schleck… mais aussi des nombreux résultats obtenus tout au long de la saison 2011, dont le succès final dans le Giro, qui pour sa part sera adressé à Michele Scarponi. Cette suspension, qui prend effet au 25 janvier 2011 et tient compte des mois de suspension préventive purgés par l’Espagnol, prendra fin le 5 août prochain.
Suspendu. Voilà donc une nouvelle figure emblématique du peloton qui tombe pour dopage. Difficile de s’en réjouir, mais au moins le cyclisme témoigne, s’il le fallait encore, qu’il ne lâchera rien contre les tricheurs. Quelles en seront les conséquences pour Alberto Contador ? Il y a un an, l’Espagnol avait envisagé mettre un terme à sa carrière en cas de suspension. Acquitté, il s’était vite remis en selle. Mais ce qu’il faut noter cette fois, c’est que s’il est dorénavant suspendu, l’avenir d’Alberto Contador est nettement moins compromis que son passé. S’il va devoir rayer toutes les lignes à son palmarès depuis juillet 2010, s’il va devoir tirer un trait sur les objectifs qu’il s’était fixés pour 2012, le Tour de France et les Jeux Olympiques, il sera déjà de retour dans six mois et certainement d’attaque pour d’autres chalenges, la Vuelta et le Mondial.