C’est une course nouvelle mais issue d’un autre temps. Une course comme le cyclisme en a besoin de temps à autres, histoire de rappeler ses racines. L’Eroica est le nouvel événement-phare du cyclisme transalpin, une course unique en son genre, dans la veine de classiques comme Paris-Roubaix et le Tro Bro Leon. Ici, il n’est pas question de pavés ou de chemins à vaches, mais de vieux sentiers sillonnant la campagne italienne, entre Gaiole in Chianti et Siena. D’une longueur de 190 kilomètres, la course présente la particularité d’emprunter des chemins de campagne tels qu’on en empruntait dans le très vieux temps. Ce sont des routes blanches, gravillonneuses, cabossées. Des routes étroites qui méritent tout juste le nom de route. Soixante kilomètres de chemins du genre pour renouer le temps d’une course avec le passé.
Par sa formule, l’Eroica n’a guère mis longtemps à séduire. Les meilleurs sont là aujourd’hui, à commencer par le champion du monde Cadel Evans et son prédécesseur Alessandro Ballan (BMC Racing Team), le champion d’Italie Filippo Pozzato (Team Katusha) et le champion de Suisse Fabian Cancellara (Team Saxo Bank), qui a fait du Tour des Flandres l’objectif prioritaire de sa saison et entend bien tester sa condition sur cette épreuve à quatre semaines du Ronde. Or pour gagner l’Eroica, il faut avoir un brin de chance, à l’évidence, mais aussi courir en tête, ce qui s’avère indispensable. La sélection se fait de manière naturelle plus qu’au gré des échappées, qui seront nombreuses à se succéder en tête de course tout au long de cette journée particulière.
Mais la décision va intervenir à 6 kilomètres, sur un démarrage du vainqueur sortant Thomas Lövkvist (Team Sky), de l’Australien Michael Rogers (Team HTC-Columbia) et du Canadien Ryder Hesjdal (Garmin-Transitions), auquel répondent le Kazakh Maxim Iglinskiy (Astana), l’Italien Francesco Ginanni (Androni Giocattoli) et le champion d’Italie Filippo Pozzato. A ce stade de la course, il ne faut plus se retourner. La bonne échappée est formée. C’est au sprint entre ces garçons que se jouera l’Eroica. Et, pour sa première participation, le Kazakh Maxim Iglinskiy conclut l’épreuve victorieusement, précédant aisément le vainqueur sortant Thomas Lövkvist et l’Australien Michael Rogers, dont on devrait grandement entendre parler cette saison, lui qui vient de s’adjuger la Ruta del Sol et aspire à faire bien la semaine prochaine sur Tirreno.
Classement :
1. Maxim Iglinskiy (KAZ, Astana) les 190 km en 4h59’48 »
2. Thomas Lövkvist (SUE, Team Sky) à 1 sec.
3. Michael Rogers (AUS, Team HTC-Columbia) m.t.
4. Filippo Pozzato (ITA, Team Katusha) à 18 sec.
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Transitions) à 19 sec.
6. Francesco Ginanni (ITA, Androni Giocattoli) à 24 sec.
7. Leonardo Bertagnolli (ITA, Androni Giocattoli) à 43 sec.
8. Juan-Antonio Flecha (ESP, Team Sky) m.t.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) à 49 sec.
10. Daniele Righi (ITA, Lampre-Farnese Vini) m.t.