En 2009, le Tour de France avait son Ventoux. L’an dernier, la Vuelta avait l’Angliru. Alors pour répondre à cela, le Tour d’Italie ne pouvait proposer que le Monte Zoncolan à la veille de son arrivée finale. Quatre escalades ont suffi à faire entrer dans la légende ce col gravi pour la première fois sur le Tour d’Italie en 2003. Peut-être est-ce parce que les caractéristiques de la difficulté (10,9 km à 11,9 %) donnent le vertige. Peut-être est à cause de l’identité de ceux qui ont été les plus rapides pour gravir cette montagne. Peut-être est-ce à cause des images qui montrent des cyclistes bataillant avec leur machine pour franchir à l’arraché chaque mètre de la difficulté. Mais, même si son histoire est jeune, le Monte Zoncolan fait partie de l’histoire du cyclisme. Et ce même si les favoris du Giro vont se désintéresser de la victoire d’étape aujourd’hui.
En cette fin de Giro où tout le monde semble fatigué, les échappés ont une chance d’aller au bout. Simon Geschke et Georg Preidler (Giant-Shimano), Danilo Hondo et Riccardo Zoidl (Trek Factory Racing), Yonathan Monsalve et Matteo Rabottini (Neri Sottoli-Yellow Fluo), Franco Pellizotti et Jackson Rodriguez (Androni Giocattoli), Nicolas Roche et Michael Rogers (Tinkoff-Saxo), Yukiya Arashiro (Team Europcar), Maxim Belkov (Team Katusha), Francesco-Manuel Bongiorno (Bardiani-CSF), Brent Bookwalter (BMC Racing Team), Dario Cataldo (Team Sky), Mattia Cattaneo (Lampre-Merida), Axel Domont (Ag2r La Mondiale), Maxime Monfort (Lotto-Belisol), Pieter Serry (Omega Pharma-Quick Step) et Marteen Tjalingii (Belkin) vont bien vite le comprendre, en dépit des attentes.
Le peloton va pourtant sembler fermement décidé à s’expliquer également pour la victoire du jour en limitant son retard sur les hommes de tête autour des 4 minutes pendant la première partie de l’étape. Paradoxalement, c’est au moment où elle fait son entrée dans la partie montagneuse que l’échappée creuse son avantage. Le peloton accélère timidement. Les premières manoeuvres sont lancées dans l’avant-dernière difficulté, la Sella Razzo. Romain Sicard (Team Europcar) prépare le terrain pour Pierre Rolland, mais Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) et Rafal Majka (Tinkoff-Saxo) sautent dans sa roue. Ce coup de poker est finalement un coup d’épée dans l’eau et le paquet calme le jeu. Dans la descente, l’échappée reprend donc de l’avance pour aborder la montée finale 7’49 » avant le peloton.
Statu quo chez les favoris : ce sera un podium Quintana-Uran-Aru
Sur cette ascension, on restera sur notre faim concernant la bataille entre favoris qui était pourtant attendue. Sur les pentes infernales, les coureurs harassés par une dernière semaine interminable vont avant tout penser à se hisser au sommet à un peu plus de 1700 mètres d’altitude et adopter une tactique plus défensive qu’offensive. Aussi les positions ne bougeront pas pour le Top 5. Comme il l’annonçait hier, Rigoberto Uran ne tentera pas de faire vaciller Nairo Quintana, mais il parvient à rallier la ligne dans la roue du maillot rose. Preuve que sans un Quintana au-dessus du lot, l’ancien du Team Sky pouvait remporter ce Giro. Fabio Aru (Astana) pourtant en difficulté parvient lui aussi à s’arracher pour conforter sa 3ème place au classement général et monter sur le podium final demain à Trieste, chose encore impensable il y a trois semaines.
L’Italien est parvenu à s’accrocher aux roues de ses adversaires directs pour le podium à savoir Pierre Rolland (Team Europcar), 4ème, Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale), 5ème et Rafal Majka (Tinkoff-Saxo), 6ème. Le statu quo est partout. La hiérarchie globale des trois semaines de courses et respectée. Tant pis si Pierre Rolland échoue au pied du podium. Il réalise la même performance que John Gadret sur le Giro 2011 avant le déclassement d’Alberto Contador. Tout ça pour sa découverte de la course rose. Reste maintenant à savoir comment l’Orléanais va récupérer avant d’entamer le Tour de France où ses objectifs ne sont pas encore fixés.
Tous arrivent pourtant bien loin du vainqueur du jour qui est parvenu à tirer son épingle du jeu dans la bonne échappée. Là encore, la pente à elle seule suffit à créer la décision. Michael Rogers et Francesco-Manuel Bongiorno sont manifestement les plus forts et sont les premiers à briser la masse de spectateurs qui s’est amassée sur le Zoncolan aujourd’hui. Débordant d’enthousiasme, les tifosi parfois grimés vont dépasser les bornes. Voulant donner un coup de pouce à son compatriote, un spectateur italien va faire déchausser Francesco-Manuel Bongiorno. Sur une telle ascension, pareille mésaventure ne pardonne pas. L’écart se creuse inexorablement avec Michael Rogers qui décroche au Zoncolan une deuxième victoire d’étape sur ce Giro, lui qui n’est revenu à la compétition qu’à Liège-Bastogne-Liège.
Demain, la dernière étape sera une formalité pour Nairo Quintana entre Gemona del Friuli et Trieste (172 km).
Classement 20ème étape :
1. Michael Rogers (AUS, Tinkoff-Saxo) en 4h41’55 »
2. Franco Pellizotti (ITA, Androni Giocattoli) à 38 sec.
3. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 49 sec.
4. Nicolas Roche (IRL, Tinkoff-Saxo) à 1’35 »
5. Brent Bookwalter (USA, BMC Racing Team) à 1’37 »
6. Robinson Chalapud (COL, Colombia) à 1’46 »
7. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 1’52 »
8. Maxime Monfort (BEL, Lotto-Belisol) à 2’12 »
9. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) à 2’24 »
10. Simon Geschke (ALL, Giant-Shimano) à 2’37 »
Classement général :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 83h50’25 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 3’07 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’04 »
4. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 5’46 »
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 7’41 »
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 7’13 »
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 11’09 »
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 12’00 »
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 13’35 »
10. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 15’49 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 251 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 225 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 173 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 161 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 130 pt
6. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 96 pt
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 96 pt
8. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 94 pt
9. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) 82 pt
10. Marco Canola (ITA, Bardiani-CSF) 82 pt
Classement de la montagne :
1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 173 pt
2. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) 132 pt
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 88 pt
4. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 79 pt
5. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 73 pt
6. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 68 pt
7. Fabio Aru (ITA, Astana) 57 pt
8. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 46 pt
9. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) 43 pt
10. Franco Pellizotti (ITA, Androni Giocattoli) 42 pt
Classement des jeunes :
1. Nairo Quintana (COL, Colombia) en 83h50’25 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’04 »
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 7’13 »
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 11’09 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 56’24 »
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 1h05’12 »
7. Mikel Landa (ESP, Astana) à 1h23’06 »
8. Marc Goos (PBS, Belkin) à 1h30’43 »
9. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 1h45’31 »
10. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 2h04’10 »
Classement par équipes :
1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 251h19’01 »
2. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 19’23 »
3. Tinkoff-Saxo (DAN) à 26’54 »
4. BMC Racing Team (USA) à 1h08’06 »
5. Movistar Team (ESP) à 1h13’25 »
6. Astana (KAZ) à 1h26’33 »
7. Team Sky (GBR) à 1h27’47 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 1h46’44 »
9. Team Europcar (FRA) à 2h04’04 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 2h14’40 »