C’est dans une semaine tout rond que la course rose rendra son verdict. Mais le chemin qui mène les coureurs à Turin est encore long, truffé d’obstacles et surtout très montagneux. Il ne fait aucun doute que la hiérarchie surprise dégagée par la grande étape des Dolomites hier sera soumise à bien des évolutions jusqu’à dimanche prochain. D’ici là, Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo) peut-il tenir ? La question mérite déjà d’être posée alors que le Néerlandais est sur le point de terminer cette deuxième semaine en rose. Loin d’être un inconnu sur le Giro, le grimpeur du Team LottoNL-Jumbo ne doit certainement pas être pris à la légère, si l’on s’en fie à la dernière semaine qu’il a réalisée l’an dernier, côtoyant sans problème Alberto Contador, Fabio Aru et Mikel Landa dans les derniers grands rendez-vous montagnards.
Mais avant de songer à la tactique à adopter sur les grandes étapes alpestres qui attendent le Giro au cours de la semaine à venir, Steven Kruijswijk devait s’assurer de conserver son maillot rose, acquis brillamment grâce à une formidable performance dans l’étape-reine. Le Néerlandais n’a certes pas gagné l’étape, le privilège est allé à Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), mais sa performance en montagne a marqué les esprits. Après avoir suivi sans broncher l’accélération pourtant tranchante de Vincenzo Nibali (Astana), le Batave avait placé un démarrage fatal au Sicilien. Ce sont ces aptitudes en montagne qu’il devait confirmer dès aujourd’hui avec un exercice apprécié des organisateurs du Tour d’Italie. Pour la septième fois en dix ans, le Giro propose un contre-la-montre en côte sur les rampes de l’Alpe de Siusi (9 km à 8,3%).
Et Steven Kruijswijk ne va pas décevoir sur ce chrono long de 10,8 kilomètres. Le Néerlandais fait d’abord un choix matériel surprenant, mais finalement gagnant. Pour être le plus efficace possible sur les 1800 premiers mètres en faux-plat montant, le Maillot Rose agrémente son vélo traditionnel de prolongateurs, quitte à alourdir sensiblement sa machine. Le pointage intermédiaire placé après 4,4 kilomètres ne tarde pas à donner raison à Steven Kruijswijk qui devance alors l’ensemble des favoris en prenant possession du meilleur temps. La deuxième moitié du parcours confirme les indications données par ce premier point. Solide hier, le Maillot Rose l’est plus encore aujourd’hui. De tous les favoris, il est le plus prompt à se hisser au sommet de l’Alpe de Siusi. Avant la deuxième journée de repos, Steven Kruijswijk conforte ainsi son maillot rose.
Steven Kruijswijk devance ses adversaires, mais bute sur le temps d’Alexander Foliforov.
Le Néerlandais creuse ainsi des écarts déjà béants depuis l’étape de la veille. Après deux semaines, le leader du Team LottoNL-Jumbo, 7ème du Tour d’Italie l’an dernier tout en ayant perdu 7 minutes sur une étape anodine, peut se prendre à rêver d’un succès final. Au terme de cette 15ème étape, tous ses rivaux sont à plus de 2 minutes. Peu et beaucoup à la fois, mais vu ce qu’il a démontré ces deux derniers jours, ses adversaires devront se montrer ingénieux pour lui reprendre tout ce temps. Largement battu hier, Alejandro Valverde (Movistar Team) retrouve des couleurs aujourd’hui ne concédant que 23 secondes sur cette étape. Esteban Chaves fait un peu moins bien en lâchant 40 secondes, mais remonte cependant au 2ème rang du classement général. Une position qu’il occupe autant grâce à sa performance qu’aux mésaventures de Vincenzo Nibali.
Vainqueur du cronoscalata de Polsa en 2013, l’année de son sacre, 2ème derrière Alberto Contador au Nevegal en 2011, le Sicilien n’est pourtant pas le premier venu sur cet exercice particulier. Mais malgré le soutien des tifosi, toujours aussi enthousiastes qu’inconscients, le natif de Messine vit une cruelle désillusion aujourd’hui. En retard de 30 secondes sur Steven Kruijswijk au pointage intermédiaire, le vainqueur du Giro 2013 perd encore du terrain, avant que sa machine le trahisse. L’incident mécanique dont il est victime le retarde encore un peu plus. L’addition est salée sur la ligne où il accuse un débours de 2’10 » sur Steven Kruijswijk. Le Néerlandais qui avait déjà repris 37 secondes à Vincenzo Nibali hier, possède désormais 2’51 » d’avance sur l’Italien. Incontestablement, le Batave est le grand vainqueur de l’étape.
Il lui manque cependant quelque chose pour le satisfaire pleinement. Car pour quelques centièmes, la victoire d’étape lui échappe. Non pas au profit d’un autre favori, ni même d’un outsider. 58ème du général à plus d’1h30 de Kruijswijk, Alexander Foliforov (Gazprom-RusVelo) n’était pas franchement attendu à ce niveau. Le jeune russe, vainqueur de deux étapes de la Ronde de l’Isard et 4ème du Tour de l’Avenir il y a deux ans, réalise la sensation sur cette étape chronométrée. Sa victoire est d’autant plus surprenante qu’il n’apparaît qu’au 14ème rang au pointage intermédiaire ! Alexander Foliforov reprend ainsi 39 secondes à Steven Kruijswijk sur la deuxième partie de la montée s’offrant ainsi son premier succès chez les pros. C’est également une grande première pour l’équipe Gazprom-RusVelo pour sa première participation à un Grand Tour.
Demain, les coureurs du Tour d’Italie prendront une deuxième journée de repos bien méritée…
Classement 15ème étape :
1. Alexander Foliforov (RUS, Gazprom-RusVelo) les 10,8 km en 28’39 » (22,6 km/h)
2. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 23 sec.
4. Sergey Firsanov (RUS, Gazprom-RusVelo) à 30 sec.
5. Michele Scarponi (ITA, Astana) à 36 sec.
6. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 39 sec.
7. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 47 sec.
8. Joe Dombrowski (USA, Cannondale) à 52 sec.
9. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 1’04 »
10. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 1’08 »
Classement général :
1. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) en 60h41’22 »
2. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 2’12 »
3. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 2’51 »
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 3’29 »
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 4’38 »
6. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 4’40 »
7. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 5’27 »
8. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 7’14 »
9. Kanstantsin Siutsou (BLR, Dimension Data) à 7’37 »
10. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 7’55 »
Classement par points :
1. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 138 pt
2. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 112 pt
3. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 84 pt
4. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 83 pt
5. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) 80 pt
6. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) 80 pt
7. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 58 pt
8. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) 57 pt
9. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) 52 pt
10. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 52 pt
Classement de la montagne :
1. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 134 pt
2. Stefan Denifl (AUT, IAM Cycling) 72 pt
3. Darwin Atapuma (COL, BMC Racing Team) 69 pt
4. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 61 pt
5. Mikel Nieve (ESP, Team Sky) 50 pt
6. Alexander Foliforov (RUS, Gazprom-RusVelo) 41 pt
7. David Lopez (ESP, Team Sky) 39 pt
8. Kanstantsin Siutsou (BLR, Dimension Data) 36 pt
9. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani-CSF) 27 pt
10. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) 26 pt
Classement des jeunes :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 60h48’36 »
2. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 11’34 »
3. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 29’20 »
4. Joe Dombrowski (USA, Cannondale) à 47’31 »
5. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 49’30 »
6. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 51’32 »
7. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 1h03’20 »
8. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 1h10’53 »
9. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 1h22’51 »
10. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 1h25’01 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 182h23’30 »
2. Movistar Team (ESP) à 4’40 »
3. Cannondale (USA) à 19’05 »
4. Ag2r La Mondiale (FRA) à 24’04 »
5. Etixx-Quick Step (BEL) à 43’01 »
6. Team Sky (GBR) à 52’10 »
7. Tinkoff (RUS) à 47’42 »
8. Team Katusha (RUS) à 56’28 »
9. Dimension Data (AFS) à 1h24’59 »
10. Team LottoNL-Jumbo (PBS) à 1h27’00 »