C’est dans une ambiance de folie et un vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines à guichets fermés (5000 places occupées, 300 journalistes accrédités) que se sont ouverts ce soir les Championnats du Monde sur piste. Avec leur lot d’émotions incarnée en premier lieu par le tournoi de vitesse par équipes masculine, discipline dont la France a longtemps été reine, dix fois titrée, la dernière en 2009, et sept autres fois sur le podium en vingt ans !
Le démarreur Grégory Baugé, le relayeur Kevin Sireau et le finisseur Michael D’Almeida étaient alignés ce soir dans l’espoir de faire retentir la Marseillaise dans leur enceinte. Ils y sont parvenus, bien que tombés sur plus forts qu’eux sur le terrain face aux Néo-Zélandais tenants du titre Ethan Mitchell, Sam Webster et Edward Dawkins, finalement déclassés pour passage de relai hors zone.
Tous les espoirs étaient permis aux Bleus après leur accession en finale, à condition de corriger le démarrage médiocre de Grégory Baugé en qualifications (17″588, soit le 10ème temps des démarreurs), justifiable par la déstabilisation provoquée sur la ligne de départ par son alter ego britannique Philip Hindes, obligé de redescendre de machine pour un réglage mécanique, ce qui aura retardé de quelques instants le départ des sprinteurs et probablement tapé sur les nerfs de chacun. Le trio anglais (complété par Kenny et Skinner) est d’ailleurs passé complètement à côté, 8ème en 43″808. Et il aura fallu de brillants Kevin Sireau et Michael D’Almeida, auteurs des meilleures performances à leur poste respectif, pour hisser la France en finale en 43″072.
De leur côté, les Néo-Zélandais Ethan Mitchell, Sam Webster et Edward Dawkins ont obtenu leur place en finale (42″892) en écartant leurs adversaires 2014, les Allemands Joachim Eilers, Rene Enders et Robert Förstemann (43″136), obligés de s’en remettre à la petite finale face aux Russes Denis Dmitriev, Nikita Shurshin et Pavel Yakushevskiy pour accrocher une médaille. De bronze seulement.
Mais la confrontation finale aura été d’un tout autre niveau, laissant le trio français incapable de rivaliser avec les épatants sprinteurs néo-zélandais, en quête d’un second titre mondial. Face à Grégory Baugé, Ethan Mitchell aura tout de suite mis les siens sur orbite (359 millièmes de seconde de mieux sur les 250 premiers mètres). Sam Webster et Edward Dawkins n’auront eu qu’à entretenir cet avantage de 3 dixièmes jusqu’au bout. Une victoire impeccable… ou presque car un mauvais passage de relais aura finalement entraîné le déclassement des champions néo-zélandais au profit d’une équipe de France sacrée sur tapis vert dans son vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Vitesse par équipes Dames. La foule acquise à leur cause n’aura pas permis aux Françaises Sandie Clair et Olivia Montauban (33″476) de se départir de la 6ème place qui leur aura collé à la peau tout l’hiver. Ce sont les Chinoises Jinjie Gong et Tianshi Zhong qui auront réalisé la sensation en offrant au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines son premier record du monde : 32″034 en finale face aux Russes Daria Shmeleva et Anastasia Voynova. Gong et Zhong apportent enfin à la Chine, entraînée par Benoît Vêtu, son premier sacre en vitesse par équipes, elle qui avait accroché quatre médailles d’argent et deux médailles de bronze ces sept dernières années. La médaille de bronze revient aux Australiennes Kaarle McCulloch et Anna Meares devant les Allemandes Miriam Welte et Kristina Vogel. Une page se tourne.
Course aux points Dames. L’histoire retiendra aussi que c’est l’Allemande Stephanie Pohl qui fut la première pistarde à endosser un maillot arc-en-ciel dans l’enceinte du vélodrome parisien. Première des dix-neuf finales au programme, la course aux points féminine lui revient très largement. Elle aura cumulé 38 points contre 28 pour la Japonaise Minami Uwano et 25 pour l’Américaine Kimberly Geist. La Française Elise Delzenne sera passée tout près d’une médaille, 4ème avec 23 points.
Poursuite par équipes Messieurs. Plus tôt dans la journée, c’est un autre collectif français, celui bâti en poursuite autour de Bryan Coquard, Julien Duval, Damien Gaudin et Julien Morice, qui nous aura offert les premières émotions de la semaine. Le quatuor déterminé à redorer le blason de l’équipe de France en poursuite par équipes a fait mieux que marcher dans les pas des champions olympiques Christophe Capelle et Philippe Ermenault qui, associés à Jérôme Neuville et Franck Perque aux Mondiaux 1998 à Bordeaux, avaient enregistré le record national : 4’02″855. Cet après-midi, la génération 2015 a amélioré cette performance en bouclant les 4000 mètres en 4’00″577. Ils se qualifient ainsi pour le tour suivant réservé aux huit meilleures nations mais, en prenant le 8ème temps, ne pourront concourir pour la finale. Un premier élan positif toutefois sur le chemin des Jeux 2016.
Les demi-finales opposeront demain les Néo-Zélandais (Bulling, Frame, Kennett, Ryan) auteurs de la meilleure performance – 3’56″421 – aux Suisses (Beer, Küng, Pasche, Schir) d’un côté, les Britanniques (Burke, Clancy, Doull, Tennant) aux Allemands (Bommel, Reinhardt, Thiele, Weinstein) de l’autre.
Poursuite par équipes Dames. Du côté féminin, les Australiennes Ankudinoff, Cure, Edmondson et Hoskins ont arraché le meilleur temps des qualifications pour 72 millièmes de seconde (!), en 4’18″135, face aux Britanniques Archibald, Barker, Rowsell et Trott. Elles rencontreront demain en demi-finale les Néo-Zélandaises Buchanan, Ellis, Nielsen et Williams tandis que les Britanniques seront opposées aux Canadiennes Beveridge, Glaesser, Lay et Roorda. L’équipe de France emmenée par Elise Delzenne, Eugénie Duval, Pascale Jeuland et Soline Lamboley est quant à elle éliminée de la course aux médailles, 15ème en 4’38″291.
Les champions du monde :
• course aux points Dames : Stephanie Pohl (ALL)
• vitesse par équipes Dames : Chine (Gong, Zhong)
• vitesse par équipes Messieurs : France (Baugé, Sireau, D’Almeida)