C’est le début des grandes vacances. Et avec elles le commencement de la grande migration estivale. D’ici quelques heures, les premiers vacanciers afflueront sur le rivage méditerranéen, que le peloton du Tour de France aura sillonné durant six jours, faisant successivement escale à Porto-Vecchio, Bastia, Ajaccio, Calvi, Nice, Marseille et Montpellier. Juste avant le déferlement des juilletistes, la course lève l’ancre pour de bon, laissant derrière elle la côte méditerranéenne pour progresser dans les terres et prendre tout doucement de l’altitude. Dès demain, le peloton prendra un nouveau rythme de croisière en s’attaquant aux Pyrénées, dont les cimes encore très enneigées attendent la première explication d’homme à homme entre les favoris. Juste après cette septième étape de 205,5 kilomètres entre Montpellier (Hérault) et Albi (Tarn).
Les sprinteurs n’en sont pas encore arrivés au stade où ils reconnaissent à l’avance les derniers kilomètres des étapes qui leur semblent destinées. Ils ignorent donc à quel point le final vers l’ancienne grande cité cathare, par-delà de longues avenues très roulantes, leur est favorable. Mais avant d’y parvenir, il faudra franchir les difficultés qui jalonnent un terrain à la convenance des baroudeurs. Restés au chaud hier, au propre comme au figuré, les attaquants retrouvent de l’allant. Dès la sortie de Montpellier, kilomètre 10, une offensive est menée par le régional de l’étape Blel Kadri (Ag2r La Mondiale) et le vétéran Jens Voigt (RadioShack-Leopard), 42 ans en septembre. A travers les abbatiales et les châteaux, l’alliance franco-allemande porte ses fruits. Elle obtient 6’15 » d’avance sur le peloton, qui laisse derrière lui deux nouveaux outsiders accidentés, Janez Brajkovic (Astana) et Christian Vande Velde (Garmin-Sharp).
Or il advient très vite que Kadri et Voigt roulent devant pour des prunes. Et des pois. Le Toulousain d’Ag2r La Mondiale passe en tête au sommet du col des 13 Vents puis de la Croix de Mounis, arrachant des épaules de Pierre Rolland un maillot qui n’aura que trop longtemps détourné le leader du Team Europcar de son véritable objectif sur ce Tour. Espérons qu’il n’aura pas laissé trop de jus dans sa défense insensée. Au moins l’échappée menée auprès de Jens Voigt n’aura pas été vaine pour Blel Kadri, les deux hommes étant rejoints peu après la mi-course par un peloton à bord duquel il manque du monde. C’est que l’équipe Cannondale de Peter Sagan a sonné la charge dans le col de la Croix de Mounis. Dans le but premier de permettre au porteur du maillot vert d’aller chercher des points au sprint intermédiaire de Viane Pierre-Ségade.
Sagan se tourne vers ses gregarii : « si vous avez la force pour le faire, allez-y ! »
Les conséquences de l’accélération du train Cannondale vont dépasser les expectatives de la formation italienne. Si Cavendish passait les bosses dans le Giro, cette fois il est collé. Idem pour Greipel et Kittel, les deux autres sprinteurs à s’être déjà servis sur cette édition. Peter Sagan en revanche attend toujours d’en claquer une, 2ème à Ajaccio, Calvi et Montpellier, 3ème à Marseille… Aussi, quand ses coéquipiers l’informent de la disparition de ses adversaires les plus redoutables – au même titre que la moitié du peloton –, Peter Sagan se tourne vers ses gregarii : « si vous avez la force nécessaire pour le faire, allez-y ! » Il n’a pas à le répéter deux fois. Un regain de détermination gagne le clan Cannondale. Reconnu inférieur aux trains adverses, c’est bien lui qui emmènera le sprint aujourd’hui… et sur 120 kilomètres !
Après la Croix de Mounis, alors qu’il reste 110 bornes de fournaise jusqu’à Albi, commence une intense course-poursuite entre les deux pelotons. L’équipe Cannondale ne cède pas à l’intimidation quand elle apprend que les équipes Argos-Shimano, Lotto-Belisol et Omega Pharma-Quick Step se liguent à l’arrière pour boucher un trou de deux minutes. La balance vacille un temps, peut pencher d’un côté comme de l’autre, mais la volonté des hommes en vert finit par l’emporter. A 40 kilomètres de l’arrivée, les sprinteurs attardés, auprès desquels figure Thomas Voeckler (Team Europcar), s’avouent vaincus. Ils renoncent et rejoindront Albi en dilettante, un quart d’heure après la centaine d’hommes qui constitue le paquet de tête. Cette fois une voie royale est en train de s’ouvrir devant les roues de Peter Sagan. Ne reste plus à son équipe qu’à aller chercher les trois derniers amuseurs de galerie sortis à 65 kilomètres d’Albi.
Jan Bakelants (RadioShack-Leopard), Cyril Gautier (Team Europcar) et Juan-José Oroz (Euskaltel-Euskadi), c’est d’eux dont il s’agit, font de la résistance. Mais l’équipe Cannondale n’a pas mené une telle opération contre les meilleurs sprinteurs du monde pour se faire voler la vedette par les trois mercenaires, qui sont repris aux 3 kilomètres. Cette fois Peter Sagan a le champ libre mais pas la victoire facile. S’il a éjecté ses bêtes noires, il lui faut encore combattre des sprinteurs robustes comme Degenkolb, Bennati, Boasson-Hagen ou Daryl Impey (Orica-GreenEdge), qui préserve le maillot jaune. Si Degenkolb s’avère le plus menaçant, Sagan surgit dans les derniers mètres pour s’imposer. L’opération est un franc succès pour le Maillot Vert, qui aura confisqué tous les points du jour. Le voilà à l’abri pour un moment.
Demain samedi, le Tour change de braquet avec l’entrée dans les Pyrénées entre Castres et Ax 3 Domaines (195 km).
Classement 7ème étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) les 205,5 km en 4h54’12 » (41,9 km/h)
2. John Degenkolb (ALL, Argos-Shimano) m.t.
3. Daniele Bennati (ITA, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
4. Michal Kwiatkwoski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
6. Francesco Gavazzi (ITA, Astana) m.t.
7. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Leopard) m.t.
8. Arthur Vichot (FRA, FDJ.fr) m.t.
9. Manuele Mori (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
Classement général :
1. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) en 27h12’29 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 3 sec.
3. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) à 5 sec.
4. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Michal Kwiatkwoski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 6 sec.
6. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Christopher Froome (GBR, Team Sky) à 8 sec.
8. Richie Porte (AUS, Team Sky) m.t.
9. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 14 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
Classement par points :
1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 214 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 130 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 119 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 111 pt
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 88 pt
6. Marcel Kittel (ALL, Argos-Shimano) 87 pt
7. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) 75 pt
8. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 71 pt
9. Juan-Antonio Flecha (ESP, Vacansoleil-DCM) 69 pt
10. Danny Van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM) 65 pt
Classement de la montagne :
1. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 12 pt
2. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 11 pt
3. Simon Clarke (AUS, Orica-GreenEdge) 5 pt
4. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) 4 pt
5. Jens Voigt (ALL, RadioShack-Leopard) 4 pt
6. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard) 3 pt
7. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) 3 pt
8. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) 3 pt
9. Lars Boom (PBS, Belkin) 2 pt
10. Lars-Petter Nordhaug (NOR, Belkin) 2 pt
Classement des jeunes :
1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) en 27h12’35 »
2. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 16 sec.
3. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 19 sec.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 25 sec.
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 28 sec.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 41 sec.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’03 »
8. Alexis Vuillermoz (FRA, Sojasun) à 3’38 »
9. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Leopard) à 5’30 »
10. Arthur Vichot (FRA, FDJ.fr) à 9’56 »
Classement de la combativité :
1. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Leopard)
Classement par équipes :
1. Orica-GreenEdge (AUS) en 80h45’40 »
2. Team Sky (GBR) à 8 sec.
3. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 19 sec.
4. Movistar Team (ESP) à 25 sec.
5. Garmin-Sharp (USA) à 27 sec.
6. Lampre-Merida (ITA) à 30 sec.
7. Team Katusha (RUS) à 33 sec.
8. BMC Racing Team (USA) à 36 sec.
9. RadioShack-Leopard (LUX) à 38 sec.
10. Belkin (PBS) à 47 sec.