Ce devait être une journée banale de transition entre les deux étapes passées dans les Apennins et le contre-la-montre final. Une étape toute plate qui sert enfin à rejoindre la mer adriatique à Porto Sant’Elpidio dont les sprinteurs, notamment ceux qui n’ont pas pu jouer leurs chances jeudi, auraient dû se délecter. Mais la météo qui a déjà fait des siennes hier n’épargne pas beaucoup plus les coureurs aujourd’hui. A la tempête de neige trouvée en altitude sur les rampes du Monte Terminillo, succède une journée froide et pluvieuse comme en ont vécu les coureurs disputant Milan-San Remo lors de trois des quatre dernières années. A moins d’une semaine maintenant de la Primavera, l’arrivée à Porto Sant’Elpidio prendrait presque des airs de Via Roma. Mais, contre toute attente, tous les sprinteurs n’ont pas leur mot à dire aujourd’hui.
Pourtant sur cette journée franchement pourrie, tout semblait sous contrôle pour la meute qui a rapidement maté la timide révolte de Yukiya Arashiro (Team Europcar), Stijn Devolder (Trek Factory Racing) et Alessandro Vanotti (Astana). Le trio, malgré une avance portée au-delà des 5 minutes, ne menace en aucun cas l’entreprise des sprinteurs. Ce qui peut les contrarier en revanche, c’est la volonté farouche de Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) d’aborder la période des classiques avec la victoire qui lui fait défaut en poche. Le Slovaque sait qu’il a loupé le coche sur deux belles occasions jeudi et vendredi. Défait par Jens Debusschere (Lotto-Soudal) puis par Greg Van Avermaet (BMC Racing Team), le champion de Slovaquie n’entend pas repartir de Tirreno-Adriatico complètement bredouille.
Même si le parcours ne s’y prête pas, Peter Sagan demande donc à ses coéquipiers de forcer l’allure dans la montée vers Montelparo, pourtant située 80 bornes de l’arrivée. Les purs sprinteurs, Mark Cavendish (Etixx-Quick Step) en tête, sont détachés et ne mèneront pas la poursuite derrière le premier peloton pour une éventuelle victoire d’étape. Le groupe d’une cinquantaine d’éléments fond donc sur les hommes de tête repris à 50 kilomètres de l’arrivée. Le coup de force des Tinkoff-Saxo ne permet pas de distancer certains prétendants au général, mais il a au moins le mérite de laisser la voie libre à Peter Sagan.
Le plan échafaudé par l’équipe russe n’a pourtant pas découragé tout le monde. Présent dans l’échappée matinale, Alessandro Vanotti trouve les ressources pour repartir à 30 kilomètres de l’arrivée, suivi par Alexis Vuillermoz (Ag2r La Mondiale). La tentative est vouée à l’échec, mais elle met en alerte le peloton qui la maintient à distance raisonnable. Cela n’empêche pas le Jurassien de jouer crânement sa chance. Alors que le paquet est sur ses talons, Alexis Vuillermoz relance l’allure, prenant un maximum de risques sur ce circuit détrempé face à la meute qui joue la sécurité dans les virages. Le final rectiligne lui est finalement fatal. A 3 kilomètres de l’arrivée, quand l’ancien vététiste est repris, c’est un sprint qui se profile.
Peter Sagan a vécu des tonnes de situations comme celle-là depuis le début de la saison, mais à la mi-mars, il n’a toujours pas connu la première marche du podium. Le clan Tinkoff-Saxo commençait à s’inquiéter, mais le voilà complètement rassuré ce soir. A six jours de son premier objectif, le Slovaque ouvre enfin son compteur de victoires ! La concurrence est certes affaiblie, mais le sprint est mené de main de maître par le coureur isolé dans le final. Il sort de son sillage tous ses rivaux à 150 mètres de la ligne pour s’imposer facilement à Porto Sant’Elpidio. Quand il lève les bras pour afficher un maillot rendu grisâtre par la pluie incessante, c’est un mélange de rage et de soulagement qui se lit sur son visage. L’attente fut longue, mais cette victoire va sans doute libérer le coureur qui entamera dimanche prochain sa quête d’un premier monument.
Demain, Tirreno-Adriatico se conclut par un contre-la-montre de 10 kilomètres à San Benedetto del Tronto.
Classement 6ème étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo)
2. Gerald Ciolek (ALL, MTN-Qhubeka) m.t.
3. Jens Debusschere (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
4. Magnus Cort (DAN, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) m.t.
6. Edavld Boasson-Hagen (NOR, MTN-Qhubeka) m.t.
7. Nikias Arndt (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
8. Sam Bennett (IRL, Bora-Argon 18) m.t.
9. Ramunas Navardauskas (LIT, Cannondale-Garmin) m.t.
10. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) m.t.
Classement général :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 24h58’58 »
2. Bauke Mollema (PBS, Trek Factory Racing) à 39 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 48 sec.
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 57 sec.
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 1’03 »
6. Adam Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 1’04 »
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’06 »
8. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1’07 »
9. Steve Cummings (GBR, MTN-Qhubeka) à 1’12 »
10. Wouter Poels (PBS, Team Sky) à 1’13 »