La troisième étape du Tour de Suisse aurait dû marquer l’entrée du peloton dans la très haute montagne. Un glissement de terrain étant passé par là, cette dernière est considérablement rabotée à moins de 120 kilomètres et avec le Gotthardpass réduit à un rôle quasi anecdotique, placé d’entrée de jeu. Trop difficile pour sourire aux sprinteurs avec deux difficultés placées dans les vingt derniers kilomètres, pas assez montagneuse pour permettre aux prétendants au classement général de se mettre en évidence, il était bien difficile de prédire à qui cette étape se destinerait. Tout semblait possible. Une victoire d’un coureur polyvalent, mais aussi celle d’un baroudeur présent dans l’échappée qui se serait dessinée sur les rampes du Gotthardpass, menant les coureurs à plus de 2600 mètres d’altitude en tout début d’étape.
Longtemps, la balance a penché pour cette deuxième option pour le plus grand bonheur de Stefan Denifl (IAM Cycling) et Marco Marcato (Wanty-Groupe Gobert), rejoints par Branislau Samoilau (CCC Sprandi Polkowice). Le peloton emmené par les Giant-Alpecin de Tom Dumoulin ne semble pas tout à fait décidé à contester la victoire aux trois hommes. Tout juste la formation allemande limite leur avance sous les six minutes afin de ne pas perdre le maillot jaune qu’elle s’attache à défendre. A 50 kilomètres de l’arrivée, la victoire semble se profiler pour l’un des trois hommes de tête. La physionomie de course change brusquement quand la formation Tinkoff-Saxo de Peter Sagan embraye. Le champion de Slovaquie est l’un des rares sprinteurs à pouvoir passer sans encombre les deux bosses qui durcissent le final. Aussi demande-t-il à ses coéquipiers de se mettre à la planche pour faire baisser l’avance des hommes de tête qui ont perdu Marco Marcato. Le peloton se fait de plus en plus proche jusqu’à ce que la jonction s’opère à 9 kilomètres de l’arrivée.
Les bosses du final peuvent tout autant convenir à Peter Sagan qu’à Michael Matthews et pourtant, l’équipe Orica-GreenEdge adopte une philosophie diamétralement opposée à celle des Tinkoff-Saxo. Pendant que les pensionnaires de l’équipe russe trustent les premières places du paquet, les membres du collectif australien font tout pour faire imploser l’équipe de leur rival. Michael Albasini qui aurait pu tabler sur son sprint prend les devants. D’abord en compagnie de Jan Bakelants (Ag2r La Mondiale) à 10 kilomètres de l’arrivée puis seul à 3,5 kilomètres de la ligne. Quand sa tentative échoue, son coéquipier Esteban Chaves prend le relais. Le Colombien aborde seul en tête les 500 derniers mètres sinueux et en descente. Peter Sagan lui n’a plus aucun coéquipier à ses côtés après que Rafal Majka ait fini son travail.
Le récent vainqueur du Tour de Californie trouve pourtant des alliés de circonstances avec les Katusha. Si Daniel Moreno voulait emmener le sprint pour Peter Sagan, il ne s’y serait sans doute pas pris autrement ! L’Espagnol fait l’effort avec le Slovaque dans la roue pour reprendre Chaves. Quand le Colombien est repris à 250 mètres de la ligne, Sagan lance son sprint. En véritable équilibriste, il négocie à merveille les deux dernières courbes. En tête à la sortie du dernier virage à moins de 100 mètres de la ligne, le triple Maillot Vert du Tour ne laisse aucune chance à Daniel Moreno de venir le déborder. Toujours sorti du Tour de Suisse avec au moins une victoire d’étape depuis 2011, il ne déroge pas à la règle. Les secondes de bonifications qu’il empoche restent insuffisantes pour contester le leadership à Tom Dumoulin.
Demain, les finisseurs devraient avoir le dernier mot entre Flims et Schwarzenbach (193,2 km).
Classement 3ème étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) en 3h00’35 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
3. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) m.t.
4. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) m.t.
5. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) m.t.
6. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
7. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) m.t.
8. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) m.t.
10. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
Classement général :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) en 6h43’12 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 5 sec.
3. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
4. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 7 sec.
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 12 sec.
6. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 14 sec.
7. Steve Morabito (SUI, FDJ) à 15 sec.
8. Kristijan Durasek (CRO, Lampre-Merida) à 18 sec.
9. Bob Jungels (LUX, Trek Factory Racing) à 19 sec.
10. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) m.t.