Entre les deux mers qui bordent l’Italie et ont donné leur nom à Tirreno-Adriatico, la péninsule italienne est traversée par une épine dorsale, la chaîne des Apennins. On ne peut pas passer d’une mer à l’autre sans avoir à traverser, à un endroit ou l’autre, ce massif intermédiaire mais suffisamment haut pour porter les stigmates de l’hiver qui s’achèvera bientôt. Ainsi, la neige est présente en abondance sur certains secteurs empruntés par la quatrième étape, ce qui a conduit l’organisation a adopté un parcours secondaire aujourd’hui, mais rien qui ne vienne reconsidérer les enjeux de cette quatrième journée. La longueur de l’étape, 252 kilomètres entre Amelia et Chieti, et le final explosif vers la cité des Abruzzes, invitent les favoris à se présenter aux avant-postes vingt-quatre heures avant la grande étape de montagne de cette édition.
L’explication entre hommes forts n’interviendra que dans le final de cette étape marathon. Car dans un premier temps, la tête de course est monopolisée par un groupe de sept attaquants passés à l’attaque de bonne heure. Dès le 8ème kilomètre, soit à plus de 240 kilomètres de l’arrivée, sept coureurs s’extraient de la masse : Angelo Pagani et Stefano Pirazzi (Colnago-CSF Bardiani), Manuele Boaro (Team Saxo Bank), Pavel Brutt (Team Katusha), Kevin Hulsmans (Farnese Vini), Lloyd Mondory (Ag2r La Mondiale) et Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi). L’étape sera encore très longue à une semaine tout juste de Milan-San Remo, la classique la plus longue de la saison, alors le peloton ne s’affole pas et accorde minutes après minutes aux sept de tête. Leur avance culminera au-delà des dix minutes sur les parcours casse-pattes dénichés en direction de l’Adriatique. Plus on s’approche du but, plus on a affaire aux montagnes russes.
Les montagnes russes, c’est le truc de Pavel Brutt ! Le champion de Russie accélère une première fois à 28 kilomètres de l’arrivée, éliminant Hulsmans, Mondory et Pagani du groupe de tête. Il réattaque quelques kilomètres plus loin pour rester seul devant. Mais le peloton est déjà en chasse et il le gobe avant les 10 derniers kilomètres, marqués par une longue bosse puis un court mur en direction de la ligne d’arrivée. Les équipes les plus fortes se chargent de mener le peloton dans ce final rigoureux. Et quand la bosse finale se présente à moins de 2 kilomètres du but, tous les favoris se pressent aux premiers rangs. On compte l’ensemble des candidats à la victoire finale. Il faut donc accélérer la sélection, ce que va faire Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) en démarrant sèchement dans les pourcentages les plus raides. Et quand il coupe son effort sous la flamme rouge pour faire le point, ils ne sont plus que quatre dans sa roue.
Le bon coup est parti. Outre Peter Sagan, il y a là Danilo Di Luca (Acqua & Sapone), Chris Horner (RadioShack-Nissan), Roman Kreuziger (Astana) et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale). Ce dernier tient à juste raison à profiter de l’effet de surnombre à l’avant de la course. Il démarre donc et prend quelques mètres d’avance. Son coéquipier Peter Sagan laisse habilement Danilo Di Luca tenter de boucher le trou. Mais l’Abruzzais n’y parvient pas et c’est finalement Sagan lui-même qui fait l’effort, quitte à faire échouer son propre coéquipier, à qui il vient confisquer le succès d’étape. A Chieti, le champion de Slovaquie s’impose devant Roman Kreuziger, Vincenzo Nibali, Danilo Di Luca et Chris Horner. Celui-ci s’empare du maillot bleu de leader à la veille du grand rendez-vous de cette course des deux mers et une belle arrivée en altitude.
Demain dimanche, la cinquième étape se courra entre Martinsicuro et Prati di Tivo (196 km).
Classement 4ème étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) les 252 km en 7h24’50 » (34,0 km/h)
2. Roman Kreuziger (TCH, Astana) m.t.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
4. Danilo Di Luca (ITA, Acqua & Sapone) m.t.
5. Chris Horner (USA, RadioShack-Nissan) m.t.
6. Johnny Hoogerland (PBS, Vacansoleil-DCM) à 8 sec.
7. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) à 10 sec.
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 12 sec.
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
10. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
Classement général :
1. Chris Horner (USA, RadioShack-Nissan) en 19h01’54 »
2. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 7 sec.
3. Cameron Meyer (AUS, GreenEdge) à 13 sec.
4. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) à 21 sec.
5. Danilo Di Luca (ITA, Acqua & Sapone) à 22 sec.
6. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) à 30 sec.
7. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 32 sec.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 34 sec.
9. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 35 sec.
10. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) à 36 sec.