On a beau dire que le Tour est partout chez lui, les retrouvailles avec le pays sont à souligner d’un trait bleu-blanc-rouge aujourd’hui. D’un plat-pays à l’autre, le Tour fait son entrée en France à Orchies (Nord). Plat-pays, c’est vite dit… ou mal connaître les routes du Boulonnais, vers lesquelles se dirige l’épreuve puisque le cap est mis à l’ouest, direction Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il ne doit pas s’agir d’une journée anodine, elle ne le sera pas, puisque pour interdire aux sprinteurs de tout convoiter sur la longue route qui nous emmènera samedi vers les premiers sommets, cette première étape française a été largement pimentée. Six côtes sont au menu pour le régal des amateurs de petit pois, et les cinq bosses concentrées dans les 30 dernières bornes annoncent un affrontement entre gros bras plus spectaculaire encore que celui de Seraing.
Ce départ de Tour à l’accent du nord est un balancement quotidien entre les spécialistes des classiques ardennaises et ceux des classiques flandriennes. Ses premiers triomphateurs en attestent. Cancellara, Sagan, Cavendish… On est là sur leur terrain de chasse. La troisième étape fait encore le lien entre ces deux grandes et belles castes, au départ d’Orchies, haut-lieu de Paris-Roubaix, et à destination de Boulogne-sur-Mer, où les meilleurs puncheurs ont souvent été invités à s’illustrer. Michael Morkov (Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) n’est rien de tout ça. Ni avaleur de pavés, ni passeur de bosses. Pistard de formation, l’ancien champion du monde de l’américaine participe à son premier Tour de France. Il y a rapidement pris goût, échappé dimanche, échappé lundi, échappé mardi. Avec un leitmotiv immuable : défendre le maillot à pois de meilleur grimpeur dont il s’est emparé et auquel il s’est attaché. Et pour ça, il faut être devant.
Facile à dire A faire c’est autre chose. Mais en ces premiers jours de course, la bataille pour former l’échappée du jour est généralement de courte durée. Cette fois encore, le rideau tombe après 5 kilomètres, derrière Giovanni Bernaudeau (Team Europcar), Andriy Grivko (Astana), Sébastien Minard (Ag2r La Mondiale), Ruben Perez (Euskaltel-Euskadi) et l’insatiable Michael Morkov. Une échappée à cinq qui bénéficie du consentement du peloton. Pour une grosse partie de l’étape, celle qui intéresse en premier lieu Michael Morkov. Le Danois passe en tête partout où l’occasion se présente et engrange suffisamment de points pour être sûr de porter le maillot à pois jusqu’à samedi et la première étape de moyenne montagne à la Planche des Belles Filles. Voilà qui devrait lui permettre de profiter de ses premières journées au milieu du peloton du Tour !
Bradley Wiggins perd un équipier et frôle la chute, ce n’était pas le jour des Sky.
Avec 5’40 » pour meilleure avance, l’espérance de réussite de l’échappée est nulle. Bernaudeau saute dans la côte de Mont Violette à 35 kilomètres du but, Minard et Perez dans celle de Herquelingue à 16 kilomètres de Boulogne, Grivko et Morkov seront rejoints dans la côte du Mont Lambert à 6,5 kilomètres de l’arrivée. C’est un enchaînement sans répit de montées et descentes qui a débuté à compter de Mont Violette. Un enchaînement de difficultés qui vont au-delà de la topographie. S’en mêle aussi le vent sur des routes étroites multipliant les changements de direction. Un cocktail détonant qui envenime la course. Chacun cherche à replacer ses leaders. C’est nerveux, ça frotte et ça tombe ! A une trentaine de kilomètres du but, le peloton est cisaillé. Une soixantaine de coureurs file devant. Thomas Voeckler (Team Europcar) en souffrance et Philippe Gilbert (BMC Racing Team) n’en sont pas. Ils céderont l’un et l’autre 7’27 ».
Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan), lui, est aux premiers rangs du peloton, parfaitement protégé par ses coéquipiers, qui ont pris à cœur la défense d’un maillot jaune qu’ils espèrent bien garder pour eux jusqu’à samedi au moins. Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step) ne partage évidemment pas cette vision. Vers Boulogne-sur-Mer, où il était devenu champion de France l’an passé, le Châtelleraudais, 3ème du classement général à 7 secondes, bondit où on ne l’attendait pas. Il démarre avant un virage, relance à la sortie et gagne aussitôt une dizaine de secondes. Elles lui permettent d’approcher en tête les coups de cul finaux, dont le plus redoutable est le mur de 700 mètres qui se dresse à la verticale une fois la flamme rouge franchie. L’avance de Chavanel est insuffisante. Il cale à 400 mètres du but. L’étape se conclura au sprint.
Le sprint ne concerne déjà plus ceux qui jouaient des coudes hier à Tournai. Ici on retrouve les coureurs capables de gicler dans des arrivées en bosse. Un profil idéal pour Peter Sagan (Liquigas-Cannondale), Maillot Vert showman, qui se montre à nouveau intraitable sur ce type de final. Le Slovaque claque son second succès d’étape sur le Tour en trois jours, devant Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), encore battu. Ce n’était de toute façon pas le jour des Sky, qui ont perdu un homme au combat, Kanstantsin Siutsou, premier abandon sur chute. Mais les comptes auraient pu être plus lourds dans le sprint, en côte certes, mais chahuté quand même. Une chute de Marco Marcato (Vacansoleil-DCM) envoie valdinguer Chris Froome dans les barrières et coincer Bradley Wiggins et Michael Rogers. Ils franchiront la ligne avec une cinquantaine de secondes de débours mais seront crédités du temps du vainqueur pour fait de course. Ce soir Wiggins a eu chaud mais il conserve le 2ème rang du général à 7 secondes de Fabian Cancellara, 4ème à Boulogne.
Demain mercredi, la quatrième étape partira d’Abbeville pour rejoindre Rouen (214,5 km).
Classement 3ème étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) les 197 km en 4h42’58 » (41,8 km/h)
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 1 sec.
3. Peter Velits (SVQ, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) m.t.
5. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) m.t.
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
7. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
9. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) m.t.
10. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
Classement général :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) en 14h45’30 »
2. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 7 sec.
3. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 10 sec.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 11 sec.
6. Denis Menchov (RUS, Team Katusha) à 13 sec.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 17 sec.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 18 sec.
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
10. Andreas Klöden (ALL, RadioShack-Nissan) à 19 sec.
Classement par points :
1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 116 pt
2. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) 74 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 73 pt
4. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 67 pt
5. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 55 pt
6. Andre Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 42 pt
7. Michael Morkov (DAN, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) 40 pt
8. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) 36 pt
9. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 33 pt
10. Peter Velits (SVQ, Omega Pharma-Quick Step) 32 pt
Classement de la montagne :
1. Michael Morkov (DAN, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) 9 pt
2. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) 2 pt
3. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 2 pt
4. Pablo Urtasun (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt
5. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) 1 pt
6. Sébastien Minard (FRA, Ag2r La Mondiale) 1 pt
Classement de la combativité :
1. Michael Morkov (DAN, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank)
Classement des jeunes :
1. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) en 14h15’40 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 1 sec.
3. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 12 sec.
4. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) à 13 sec.
5. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil-DCM) à 14 sec.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ-BigMat) à 37 sec.
7. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 43 sec.
8. Rafael Valls (ESP, Vacansoleil-DCM) à 51 sec.
9. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) à 1’28 »
10. Gorka Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2’30 »
Classement par équipes :
1. Team Sky (GBR) en 44h17’04 »
2. RadioShack-Nissan (LUX) à 4 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 6 sec.
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 13 sec.
5. Liquigas-Cannondale (ITA) à 29 sec.
6. Team Katusha (RUS) à 38 sec.
7. Vacansoleil-DCM (PBS) à 50 sec.
8. Astana (KAZ) à 52 sec.
9. Rabobank (PBS) à 1’01 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1’51 »