De retour sur le continent américain, côté hémisphère nord cette fois, Peter Sagan (Tinkoff) s’était présenté au Québec avec le statut de favori qui lui colle à la peau partout où il pose les roues, sans pour autant avoir de vrais arguments en sa faveur. Depuis Rio et l’échec de son essai au VTT, le champion du monde n’avait couru qu’à Plouay, où un virus avait rapidement mis fin à ses prétentions. Il a alors observé une courte période de repos avant de reprendre l’entraînement le week-end dernier pour préparer au mieux sa fin de saison, qui passe donc ce week-end par les classiques québécoises du WorldTour.
Peter Sagan s’était déjà illustré sur les circuits de Québec (10ème en 2013) et Montréal (2ème en 2010, 1er en 2013) par le passé, et il fallait tenir compte de sa prédisposition pour ce type de course quand bien même il avait fait le mort une partie des 200 bornes du Grand Prix de Québec, qui ouvrait le bal ce vendredi. Le peloton, longtemps, avait gardé au préalable un œil attentif sur l’écart que tentaient de creuser les huit coureurs partis en éclaireur sur un circuit vallonné de 12,6 kilomètres à répéter seize fois : Valerio Agnoli (Astana), Lars-Ytting Bak (Lotto-Soudal), Jan Barta (Bora-Argon 18), Maxim Belkov (Team Katusha), Matthew Brammeier (Dimension Data), Twan Castelijns (Team LottoNL-Jumbo), Nicolas Masbourain (Canada) et Alexandre Pichot (Direct Energie).
Ces huit-là avaient bien pris jusqu’à cinq minutes d’avance, le maximum autorisé sur un circuit tel que celui de Québec, mais le regroupement intervenait à l’entame des 40 derniers kilomètres, déclenchant alors une salve d’offensives dans les trois derniers tours. Mais pour gagner au Canada, il fallait retarder au maximum son entrée en scène. Gianni Moscon (Team Sky), qui avait fait le break avec Julian Alaphilippe et Matteo Trentin (Etixx-Quick Step) dans la courte mais raide côte de la Montagne à 3 kilomètres du but, pensait tenir le bon bout. Mais lui aussi s’était mis en avant trop vite et il était revu dans le dernier kilomètre par le tenant du titre Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac).
Le Colombien, sur le modèle ce qui lui avait permis de s’imposer en ces lieux l’an dernier, filait alors vers la ligne d’arrivée, emmenant gros sur le faux-plat montant dans lequel le vent de face le freinait inexorablement, mais comme les autres son action s’avérait finalement prématurée. Il s’effaçait à 50 mètres du but. Ce sont les finisseurs qui avaient le dernier mot à Québec et Peter Sagan, en déboîtant à 150 mètres du but, talonné de suite par le champion olympique Greg Van Avermaet (BMC Racing Team), son duelliste favori, et par Anthony Roux (FDJ), finalement 3ème, ne laissait à personne le soin de le déborder dans ce dernier coup de rein qui lui offrait la victoire à quarante-huit heures d’un Grand Prix de Montréal qu’il abordera avec une étiquette de favori toute légitime.
Classement :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff) les 201,6 km en 5h07’13 » (39,4 km/h)
2. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
3. Anthony Roux (FRA, FDJ) m.t.
4. Alberto Bettiol (ITA, Cannondale-Drapac) m.t.
5. Michael Matthews (AUS, Orica-BikeExchange) m.t.
6. Nathan Haas (AUS, Dimension Data) m.t.
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Petr Vakoc (TCH, Etixx-Quick Step) m.t.
10. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) m.t.