Vous êtes toujours plus proche d’une victoire dans le Tour de France mais il n’y en a toujours pas. Comment le vivez-vous ?
Ce que je note, c’est surtout que l’équipe progresse, qu’on est de plus en plus proche. Une étape sur le Tour ce n’est jamais simple à acquérir. Il faut beaucoup de travail, et on le fait. On voit qu’il commence à payer parce qu’on a pratiquement tous les jours joué la victoire d’étape. Forcément à force de jouer, on va y arriver. Je pense qu’au niveau de l’esprit, on est très très bon. Il ne manque plus que la cerise sur le gateau, c’est-à-dire la victoire. On voit que Chris Froome n’a pas gagné d’étape donc on se rend compte de la difficulté. On y croit, tout le monde y croit. Ce n’est plus « peut-être », maintenant c’est possible.
Cette édition du Tour était particulière. La grosse bataille au général n’a pas avantagé les échappées et ça ne vous a pas aidé.
Quand on fait le compte, il n’y a que deux coureurs issus d’une échappée qui ont réussi à aller au bout, que ce soit Primoz Roglic ou Edvald Boasson Hagen. Ca fait 2 étapes sur 21 sinon c’était le sprint et c’est les meilleurs. On a essayé aussi et on a fait 5, 7 ou 9ème donc ça prouve qu’on est là dans le sprint (avec Daniel McLay). Sinon, sur les autres étapes, on a essayé parce qu’on ne voulait surtout pas louper l’échappée qui aurait pu aller au bout. On les a prises, malheureusement ça ne nous a pas souri mais comme je disais tout à l’heure, on s’en rapproche.
On a vu avec Brice Feillu dans l’étape de Peyragudes que les contre-attaques avaient plus de chance d’aller au bout. Est-ce une tactique à remettre en place à l’avenir ?
C’est sûr qu’on y pense, on y pensait pendant ce Tour. On sait très bien qu’à la pédale, il aurait fallu que Brice soit toujours très bien pour suivre donc dans les jours de moins bien ou même dans les bons jours, ça lui permettait d’anticiper les gros coups d’accélérateur des meilleurs et de pouvoir basculer avec. C’est vrai qu’à Peyragudes, il ne manque pas grand-chose pour qu’il puisse basculer avec le groupe maillot jaune. Brice a souvent essayé comme dans l’étape à la Station des Rousses. Anticiper, c’était le mot d’ordre de ce Tour. Que ce soit les échappées ou le coup de vis des meilleurs. Toutes les échappées qu’il a pu prendre lui ont permis de jouer le général tout en visant toujours les victoires d’étapes.
On parle beaucoup d’un passage en Bretagne pour le Tour 2018. Vous serez encore plus candidat pour y participer.
Oui évidemment. De toute façon, même s’il ne passe pas en Bretagne, on sera forcément candidat parce que c’est la plus belle course du monde. On se doit d’y être, rien que pour nos partenaires, puis pour l’équipe que l’on a aujourd’hui. Le Tour c’est le gros objectif de l’année donc le fait de ne pas y être, ça serait très compliqué.
Le calendrier UCI est de plus en plus chargé chaque année. Subissez-vous ce calendrier et en êtes-vous mécontent ?
C’est vrai que nous ne sommes pas acteurs. On subit un peu tout ça. Ce que nous recherchons, c’est d’avoir un peu plus de visibilité et notamment sur du long terme parce que c’est vrai que ce n’est pas facile de faire le programme pour les coureurs. J’espère qu’à l’avenir, on aura un programme établi et plus clair.
Aimeriez-vous que les directeurs sportifs et les coureurs soient plus entendus par l’UCI ? On sait que le candidat à la présidence de l’Union Cycliste International, David Lapartient est votre voisin. Vous avez eu l’occasion de lui en parler.
Oui, après je ne pense pas qu’il n’y ait que les coureurs. Il y a aussi les organisateurs. En France, on a un très gros calendrier. De plus, ce sont des courses qui sont présentes depuis très longtemps. Il faut aussi prendre en compte que des courses qui sont toutes nouvelles entrent au World Tour. D’un autre côté on a des courses historiques qui peinent à exister d’une année sur l’autre. Donc il ne faut pas négliger ces courses.
Il y a a des rendez-vous comme Plouay qui arrivent. Anticipez- vous déjà les compositions d’équipes par rapport aux plus fatigués du Tour? Allez-vous mettre vos coureurs en repos prolongé ?
Je trouve que mon équipe a plutôt bonne mine même si en fin de Tour il y a une fatigue légitime. Je sais pour avoir fait plusieurs fois le Tour qu’après une bonne récupération, on est aussi très fort. On a des courses sur lesquelles on a encore des objectifs. Il y a forcément les courses en Bretagne avec Plouay mais aussi le Tour du Limousin, le Tour de l’Ain, le Poitou Charente, j’en passe et des meilleures. Il y a aussi les courses à l’étranger que ce soit l’Artic ou en Belgique et en Italie. On part sur un beau programme et il n’y a pas que les neuf coureurs du Tour. Il faut une bonne gestion de la récup et ça va le faire comme les autres années.
On a parlé dans ce Tour de Salary Cap. Quelle est votre vision par rapport à cette idée ?
Ca va être compliqué de le mettre en place même si pour nous ça serait l’idéal. Après on ne peut pas non plus reprocher à des sponsors de mettre beaucoup d’argent. C’est un choix. On voit ça partout, dans le football comme dans les autres sports. Ca fait parti du jeu. Un sponsor qui met de l’argent, on ne crachera pas dessus parce que c’est qui permet d’avoir les meilleurs coureurs.
L’année prochaine, Jérôme Pineau va lancer son équipe en Continental. Il y a aussi HP Auber 93 qui s’associe avec Saint-Michel. Est-ce que cette pluralité d’équipes françaises va rendre le marché des transferts un peu plus compliqué ?
Plus il y a du travail pour les coureurs, mieux c’est. Une équipe en plus, on ne va surement pas cracher dessus. C’est comme ça, c’est le jeu de l’offre et de la demande. Parfois il y a des équipes qui se créent et d’autres qui disparaissent.
Comment allez-vous orienter votre recrutement durant cette période des transferts ? Sur quel domaine voulez-vous vous renforcer ?
Ce que l’on souhaite, c’est de progresser encore. Donc on va forcément essayer de recruter des meilleurs coureurs. Ca va être l’objectif de cette fin de saison. Mais le marché n’est pas facile donc essayera de recruter au mieux.
propos recueillis le 23 juillet à Montgeron.