Vous aviez beaucoup d’ambition dans ce Tour 2017, notamment sur le sprint. Malheureusement Mark Cavendish a dû abandonner très tôt. Quel bilan pouvez-vous tirer de ce Tour ?

C’était plus compliqué que ce qui était prévu mais on a montré le même état d’esprit combatif. Les coureurs n’ont jamais lâché. Ils ont essayé de faire au mieux chaque jour. On avait des coureurs dans les échappées et ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour gagner. On a toujours été très près de gagner dans ces échappées. On a été malchanceux de perdre Cavendish, malchanceux aussi dans les sprints avec Edvald Boasson Hagen. Mais à la fin, on a réussi à remettre la machine en marche. On est très content pour les coureurs. Ils ont ce qu’ils méritaient avec cette victoire (d’Edvald Boasson Hagen). C’est un très bon cycliste. Il a aussi montré toute la détermination qu’il avait. Il voulait absolument une victoire. Il n’a jamais voulu abandonner les sprints, il ne s’est pas économiser. Et il a prouvé que c’était l’un des plus costauds du peloton. C’est celui qui en voulait le plus.

Ne souhaitez-vous pas multiplier vos forces en sélectionnant des sprinteurs pour Cavendish et des grimpeurs pour le classement général ?

Je pense que cela aurait l’effet inverse. C’est très difficile de se concentrer dans la montagne et de continuer d’avoir des options pour le sprint. Et la montagne, c’est très difficile quand vous n’avez pas assez d’aide, sans avoir l’équipe bâtie pour cela. On peut le voir avec Romain Bardet qui n’avait plus d’équipier dans certaines étapes alors que Chris Froome en possédait encore quatre. Et les équipiers sont très primordiaux et peuvent résoudre beaucoup de problème pour un coureur. Donc si vous courez pour le général dans le Tour, vous ne pouvez plus vous consacrer au sprint.

Peter Sagan a été éliminé du Tour lors de la 5ème étape pour avoir fait tomber Cavendish. Que pensez-vous de la décision des juges? 

La chose importante, c’est qu’il faut que l’on accepte la décision du jury. On a un jury indépendant et on peut toujours avoir des opinions différentes. Mais c’est eux qui ont la responsabilité de prendre une décision. Je crois que tout le monde voit ça tous les jours dans le football. Il y a un arbitre sur le terrain et tous les autres sont sous contrôle. Dans le cyclisme, ils ont le temps, les clichés et vidéos pour établir leur jugement. Et ainsi tout le monde doit accepter les règles. Ils ont été obligé de lever la tête et dire : « Ecoutez, nous ne voulons pas voir de sprints trop agressifs et nous travaillons très dur à cela ». C’est comme cela que l’on prend le jury au sérieux.

Quelles sont les nouvelles que vous pouvez nous donner sur Mark Cavendish ? Et-il sur le retour, comment se sent-il ?

C’est un coureur qui s’intéresse beaucoup au cyclisme. Il est revenu au plus vite au sein de l’équipe pendant le Tour. Il voulait refaire partie de l’équipe et célébré avec l’équipe les victoires. Nous devons encore savoir quand il sera de retour. On espère en Août. Je crois qu’il peut faire encore des choses intéressantes dans la saison. Il n’a jamais gagné Paris- Tour et ça pourrait être un immense objectif pour lui. Et puis aussi pour finir de manière positive la saison.

Pensez-vous que la Vuelta est envisageable pour lui ?

C’est tout simplement trop difficile. Le but est de le faire courir sur des étapes de plat ou des courses qui sont faites pour lui, pour les sprinteurs. Je ne sais pas si c’est trop tôt ou pas mais il n’a pas vraiment envie de se lancer dans un grand Tour. Il ne pourra qu’espérer dans les 5 premières étapes et il ne sait même pas s’il arrivera à un prendre une. Ce n’est pas vraiment une option mais la meilleure option pour nous, c’est de gagner des courses comme Amgen, le Tour de Grande-Bretagne. C’est ce que nous allons essayer de mettre en place.

Pouvez-vous nous délivrer les noms des coureurs qui participeront à la Vuelta ?

Je crois que l’on va partir avec tous les meilleurs grimpeurs que l’on a à disposition. Nous avons un groupe de grimpeurs africains. Merhawi Kudus s’est concentré sur la Vuelta cette année. Il avait fait le Tour et le Giro les années passées et cette année, c’est exclusivement la Vuelta. Il est habitué à courir dans la chaleur, de gravir beaucoup de cols. Donc c’est absolument une bonne course pour lui. En quelque sorte, l’équipe est déjà construite autour de lui.

Il y a eu quelques débats en Afrique du Sud concernant votre équipe sur le fait que vous n’aviez aligné que des coureurs blancs sur le Tour. L’année dernière Daniel Teklehamainot avait fait une belle Grande Boucle. Pourquoi ne pas l’avoir aligné cette année ?

La vrai raison, c’est que ce n’était pas l’envie de Daniel ni de l’équipe. On a eu des échanges avec le staff et notre envie était de venir sur le Tour avec une grosse équipe de sprinteurs pour Mark Cavendish. Il nous fallait cette équipe pour rouler dans le plat tout les jours et amener le sprint. Et cela signifiait que Daniel ne pouvait pas nourrir d’ambition personnelle sur ce Tour. S’il voulait partir dans l’échappée dans les étapes de plat, on aurait roulé derrière pour Mark Cavendish. Il n’aurait pas eu l’occasion de s’exprimer comme il le désire. Le Giro était une très bonne course pour lui. Il a pu se battre dans certaines étapes pour le maillot de grimpeur.