Peut-être ne se passionne-t-on pas autant pour la Vuelta que lors des précédentes éditions, en l’absence de combats entre champions possédant déjà une grande renommée, mais les coureurs qui se battent actuellement pour inscrire leur nom au palmarès de l’épreuve sont de formidables challengers. Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo) n’a pas encore l’aura d’un Ivan Basso, Joaquin Rodriguez (Team Katusha) n’enflamme pas les foules comme Alberto Contador, Ezequiel Mosquera (Xacobeo-Galicia) n’a pas la popularité d’un Andy Schleck, mais ces trois-là nous offrent au quotidien un spectacle palpitant baigné dans une totale incertitude quant à l’issue de ce Tour d’Espagne. Impossible de deviner qui brandira le trophée de lauréat dimanche soir dans le ciel de Madrid, tant les écarts sont infimes entre les premiers du général.
Après deux semaines de compétition, tout se joue encore dans un mouchoir de poche, tant pour la victoire (trois coureurs en 39 secondes entre Nibali, Rodriguez et Mosquera) que pour les places d’honneur (quatre coureurs en 19 secondes entre Velits, Tondo, Roche et Schleck). L’abandon d’Igor Anton samedi a dessiné de nouvelles perspectives pour les uns et les autres. Il a aussi conditionné une nouvelle stratégie au sein de l’équipe Euskaltel-Euskadi, orpheline d’Igor Anton et d’Egoï Martinez sur la mauvaise chute qui a précipité au tapis les deux coureurs basques il y a deux jours. Les Euskaltel étaient prêts à défendre le Maillot Rouge, il leur faut viser de nouveaux objectifs. Libérés de leurs obligations, les coureurs au maillot orange vont donc tout faire pour marquer les esprits aujourd’hui.
Juan-José Oroz s’insère au cœur d’une échappée de dix coureurs après 60 kilomètres de course. Il accompagne Kevin De Weert (Quick Step), Alexandr Dyachenko (Astana), Sebastian Langeveld (Rabobank), Marco Marzano (Lampre-Farnese Vini), Thomas Peterson (Garmin-Transitions), Luis-Leon Sanchez (Caisse d’Epargne), Matthieu Sprick (Bbox Bouygues Telecom), Ludovic Turpin (Ag2r La Mondiale) et Frederik Willems (Liquigas-Doimo). Le groupe de tête s’octroie bien vite 3’45 » d’avance quand, de l’arrière, surgissent deux nouveaux coureurs d’Euskaltel, Amets Txurruka et Mikel Nieve. Les deux Basques se lancent à la poursuite de l’échappée matinale, qu’ils viennent compléter à 60 kilomètres de l’arrivée après une longue course-poursuite. Ce sont ainsi trois représentants d’Euskaltel qui évoluent au sein du groupe de tête.
En l’espace d’un kilomètre, Joaquin Rodriguez reprend 37 secondes à Vincenzo Nibali, dans le dur.
Cette seizième étape est l’une des plus rigoureuses de cette Vuelta. On compte trois ascensions de cols entre Gijon et Cotobello (181,4 km), et la difficulté des premiers cols va entraîner une sélection précoce. Dans la deuxième montée du jour, celle de l’Alto de la Cobertoria, on ne compte déjà plus qu’une petite vingtaine de coureurs au sein d’un peloton entraîné par Roman Kreuziger, le dernier équipier auprès du Maillot Rouge Vincenzo Nibali. C’est plutôt léger comme défense à l’approche de l’ascension finale de l’Alto de Cotobello, l’un des cols les plus rudes de ce Tour d’Espagne : 10,1 kilomètres à 8,2 %. Ce sera d’autant plus léger que les opposants au leader du classement général ont bien l’intention de pousser l’Italien dans ses derniers retranchements. Ils s’y prendront malheureusement un peu tard.
A l’avant, Mikel Nieve décramponne ses derniers compagnons d’échappée à la faveur de la pente et attaque seul les 8 derniers kilomètres. Le Basque va tenir bon et remporter une très grande victoire à titre personnel, vengeant ainsi à sa manière le retrait brutal de son leader quarante-huit heures plus tôt. Sa performance est d’autant plus notable qu’un peu plus bas ça bouge beaucoup dans le peloton Maillot Rouge. Frank Schleck (Team Saxo Bank) est le plus offensif aujourd’hui. Il attaque à 9 kilomètres de l’arrivée, un moment imité par Carlos Sastre (Cervélo TestTeam), mais Roman Kreuziger et Vincenzo Nibali ne s’affolent pas, gardant longtemps le Luxembourgeois en ligne de mire avant que ce dernier ne cesse enfin de s’occuper de ce qui se trame derrière lui et se mette en tête de rouler droit devant, grignotant du temps tout doucement.
Tant pis si Schleck s’en va, Vincenzo Nibali a encore de la marge. Il se concentre en priorité sur Rodriguez et Mosquera, qui ont choisi d’attendre le dernier kilomètre pour l’attaquer. Le Maillot Rouge réagit à l’assaut de Mosquera mais coince subitement alors que Rodriguez renchérit. L’ancien champion d’Espagne s’envole alors au sprint pour reprendre possession du Maillot Rouge et repousser le plus possible son adversaire italien, dans le dur dans le dernier kilomètre. Au sommet, et en l’espace d’un seul kilomètre, Joaquin Rodriguez reprend 37 secondes à son adversaire, Mosquera en reprend 19 pour sa part. Et voilà le classement général à nouveau bouleversé, mais quel dommage que les deux grimpeurs espagnols n’aient pas provoqué la décision plus tôt car des écarts plus importants auraient fort bien pu être enregistrés ce soir, surtout dans la perspective du contre-la-montre individuel qui favorisera Nibali mercredi.
Demain mardi, les coureurs marqueront une seconde journée de repos avant le chrono de Peñafiel (46 km).
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Classement 16ème étape :
1. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) les 181,4 km en 4h51’59 »
2. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 1’06 »
3. Kevin De Weert (BEL, Quick Step) à 1’08 »
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1’22 »
5. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) à 1’32 »
6. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 1’40 »
7. David Garcia-Dapena (ESP, Xacobeo-Galicia) à 1’42 »
8. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 1’44 »
9. Carlos Sastre (ESP, Cervélo TestTeam) à 1’50 »
10. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 1’59 »
Classement complet
Classement général :
1. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 72h04’39 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 33 sec.
3. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo Galicia) à 53 sec.
4. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 2’16 »
5. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 3’01 »
6. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) à 4’27 »
7. Tom Danielson (USA, Garmin-Transitions) à 4’29 »
8. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 4’43 »
9. Carlos Sastre (ESP, Cervélo TestTeam) à 4’53 »
10. David Garcia-Dapena (ESP, Xacobeo-Galicia) à 6’23 »
Classement complet
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 111 pt
2. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 93 pt
3. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 90 pt
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 88 pt
5. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 72 pt
6. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 72 pt
7. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 68 pt
8. Thor Hushovd (NOR, Cervélo TestTeam) 57 pt
9. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) 53 pt
10. Daniele Bennati (ITA, Liquigas-Doimo) 53 pt
Classement de la montagne :
1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 48 pt
2. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 38 pt
3. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) 25 pt
4. Gonzalo Rabuñal (ESP, Xacobeo-Galicia) 25 pt
5. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) 21 pt
6. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 19 pt
7. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 16 pt
8. Carlos Barredo (ESP, Quick Step) 15 pt
9. Niki Terpstra (PBS, Team Milram) 14 pt
10. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) 11 pt
Classement par équipes :
1. Team Katusha (RUS) en 210h59’44 »
2. Caisse d’Epargne (ESP) à 1’33 »
3. Xacobeo-Galicia (ESP) à 11’18 »
4. Cervélo TestTeam (SUI) à 20’36 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 28’37 »
6. Liquigas-Doimo (ITA) à 47’51 »
7. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 50’48 »
8. FDJ (FRA) à 1’02’10 »
9. Team HTC-Columbia (USA) à 1h03’30 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1’04’36 »