2010 : Vino (presque) comme d’antan
Si les grands favoris ont bougé dans la côte de la Roche aux Faucons, placée à 20 kilomètres de l’arrivée, tous ont suivi le mouvement si bien que tout est à refaire. Et c’est du prestigieux peloton qui vient de se former que va sortir Alexandre Vinokourov (Astana) dans une section descendante. Le Kazakh accélère en compagnie d’Alexandr Kolobnev. Le tandem de l’Est va profiter d’un petit instant de flottement entre les favoris pour prendre tout de suite un avantage quasi décisif. Au pied de la côte de Saint-Nicolas, il devient évident que cette édition de Liège-Bastogne-Liège reviendra à l’un ou à l’autre. Redoutant son adversaire au sprint, Vino tente de le semer une première fois à Saint-Nicolas. Mais Kolobnev résiste bien. Or en dépit des apparences, le vieux Vino en a gardé sous la pédale et, dans la côte d’Ans menant à la ligne d’arrivée, il porte l’assaut fatal à 500 mètres du but pour retrouver la victoire à Liège-Bastogne-Liège.
2011 : Philippe Gilbert avait tant rêvé d’elle
Haut lieu de Liège-Bastogne-Liège, la Redoute est le lieu où se donnent rendez-vous chaque année les plus fervents supporters de Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto). Alors que les frères Schleck ont décidé d’y fournir leur effort, seul le Wallon sorti vainqueur de la Flèche Brabançonne, de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne les accompagne. Ces trois-là forment un bien trop beau trio pour être départagés avant l’ultime moment et la montée d’Ans. Sous la flamme rouge, les Schleck se savent perdant face à un finisseur de la trempe de Gilbert. Pourtant, ils s’essayent à un jeu d’observation. Une observation qui tourne vite court. A 200 mètres de la ligne, le Belge intercalé entre ses deux rivaux attend son heure. Et soudain, il s’en va, déposant tranquillement les frères Schleck que ses rêves surpassent. Il s’offre la quatrième et dernière couronne ardennaise. Un exploit unique dans l’Histoire.
2012 : la Doyenne tourne Kazakhe
Après la Redoute, aucun champion n’a forgé sa victoire mais ils ne sont plus qu’une trentaine susceptibles de le faire un peu plus loin, dans la Roche aux Faucons, devenue au fil du temps le nouveau grand tournant de la classique. Vincenzo Nibali démarre en trois temps et fonce seul vers l’arrivée. En route vers le quartier italien de Liège et sa côte de Saint-Nicolas, il est convaincant. Mais la chance ne sourit pas toujours aux plus audacieux et l’Italien ne sera pas récompensé. Un temps intercalé avec Joaquim Rodriguez, puis seul après Saint-Nicolas, Maxim Iglinskiy (Astana) est à ses trousses. Tourmenté moralement par le retour progressif d’Iglinskiy, Vincenzo Nibali est finalement rejoint par son poursuivant en vue de la flamme rouge. Et quand ce dernier porte une timide accélération, l’Italien donne deux coups de pédales en danseuse mais se rassoit aussitôt. Outsider, Maxim Iglinskiy s’en va inscrire son nom au palmarès.
2013 : Dan Martin change de braquet
Les favoris se sont pour l’essentiel neutralisés avant la côte de Saint-Nicolas, jusqu’à une bataille aussi brève qu’intense dans les 5,5 kilomètres séparant le haut de la côte des faubourgs liégeois ! Carlos Betancur entraîne avec lui Joaquim Rodriguez, Michele Scarponi, Alejandro Valverde et Daniel Martin (Garmin-Sharp), qui retrouve à l’avant son coéquipier Ryder Hesjedal sorti en éclaireur à 15 kilomètres de l’arrivée. Le superbe labeur du Canadien va permettre au groupe de résister au retour d’un peloton poursuivant qui luttera jusqu’au bout pour combler la mince différence. Quand Hesjedal s’écarte au pied de la côte d’Ans, Joaquim Rodriguez saisit sa chance. S’il écarte sur son attaque la menace d’une confrontation au sprint avec Alejandro Valverde, il ne peut empêcher Daniel Martin d’opérer la jonction peu avant la dernière courbe. Là, à quelques hectomètres de la libération, l’Irlandais de 26 ans s’en va l’emporter.
2014 : à Simon Gerrans la 100ème
100ème édition oblige, les organisateurs ont mis le paquet pour l’honorer en redessinant les contours de la Doyenne des classiques. Pourtant rien n’y fait, et c’est un vrai petit peloton qui se présente au bas de la côte de Saint-Nicolas, dont les pourcentages sévères à 5,5 kilomètres de l’arrivée ont souvent servi de fondation au triomphe d’un vainqueur de Liège-Bastogne-Liège. Giampaolo Caruso et Domenico Pozzovivo y prennent soudain un avantage sérieux alors qu’on plonge sur Ans. Mais ces secondes d’avance sont dérisoires quand se présente la montée vers la ligne d’arrivée. Daniel Martin est le seul à tenter d’opérer la jonction avant de glisser brusquement dans la courbe finale et de s’affaler de tout son long. L’avant-garde du peloton est déjà là. Et c’est Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) qui lance le sprint pour aller remporter la 100ème édition de Liège-Bastogne-Liège devant Alejandro Valverde et Michal Kwiatkowski.