Personne n’aurait donné le nom de Tom Dumoulin (Team Sunweb) porteur du maillot rose et vainqueur au sommet de l’Oropa. Pourtant, le Néerlandais l’a fait. Analysons quelques instants cette montée mythique pour les transalpins. Nous allons décrypter trois phases distinctes avec nos deux acteurs favoris : le Colombien Nairo Quintana (Movistar Team) et le Maillot Rose Tom Dumoulin. Souvenez-vous de notre retour sur la montée de Blockhaus où déjà les chiffres avaient démontré que Dumoulin était plus fort que Quintana.
Première portion à 7 kilomètres du sommet, 11 % sur presque un kilomètre. Nairo Quintana : 972 mètres en 2’31 » soit 23,2 km/h avec une puissance moyenne de 423 W soit 6,44 W/kg. Tom Dumoulin : 972 mètres en 2’31 » soit 23,2km/h avec une puissance moyenne de 468 W soit 6,44 W/kg.
La chasse de Tom Dumoulin à la suite de l’attaque de Quintana. Nairo Quintana : 390 mètres en 1’12 » soit 19,1 km/h avec une puissance moyenne de 370 W soit 6,27 W/kg. Tom Dumoulin : 390 mètres en 57″ soit 24,8 km/h avec une puissance moyenne de 416 W soit 6,89 W/kg.
L’accélération de Tom Dumoulin pour aller chercher la victoire. Nairo Quintana : les 200 derniers mètres à une puissance moyenne de 382 W soit 6,47 W/kg. Tom Dumoulin : les 200 derniers mètres à une puissance moyenne de 454 W soit 6,58 W/kg.
Mettons des mots sur ces analyses brutes. Sur la première séquence, les deux hommes sont encore dans le groupe des favoris où la Movistar et Bahrain-Merida mènent tambour battant. Nos deux protagonistes sont exactement à la même vitesse et le même rapport Watts/kilogramme.
En revanche, sur notre second segment, nous retrouvons un Dumoulin plus efficace qui ne s’est pas affolé à la suite de l’attaque du grimpeur colombien. Ce dernier a fait un pic à 493 W soit un très beau 8,35 W/kg ! Du côté du Maillot Rose, pas d’affolement avec un léger pic à 473 W soit 6,85 W/kg. Concrètement il a lissé son effort afin de ne pas le payer ensuite. C’est typique d’un rouleur qui encaisse mal les gros changements de rythme. De ce fait il a accéléré progressivement en sachant que Quintana allait payer son gros pic !
Pour le final, il réagit à l’attaque du Russe Ilnur Zakaryn (Katusha-Alpecin), mais ce dernier ne veut pas continuer son effort. Le Néerlandais le déborde et file vers la victoire. Nous observons qu’avec seulement une différence de 0,11 W/kg en 200 mètres de montée, cela fait 14 secondes de perdues pour le Colombien !
En conclusion, si Nairo Quintana a tenté de reprendre du temps pour la victoire finale, il l’a payé sur la fin. Mais il faut avouer qu’après l’éclosion du papillon c’est très difficile de le prendre à défaut. Si ses rivaux veulent encore triompher à Milan, ils doivent changer de tactique. Cela va nous donner à coup sûr une dernière semaine passionnante. – Stéphane Cognet