A l’occasion du 100ème Giro et de l’intégration de Velon au sein de la course qui donne en direct les données de certains coureurs, nous allons vous proposer régulièrement une rubrique « retour sur » où nous détaillerons quelques séquences ou faits marquants de l’épreuve. Aujourd’hui nous allons établir un comparatif entre deux coureurs qui se sont illustrés sur la dernière ascension du jour, la montée de l’Etna. Une longue montée de 17,8 kilomètres pour un peu plus de 6 %. Si l’on attendait un vrai combat des principaux favoris, hélas ceux-ci se sont neutralisés malgré l’offensive du requin de Messine à 3 kilomètres du sommet. Seul Ilnur Zakarin parviendra à s’extraire du groupe des favoris sous la flamme rouge.
Revenons en revanche sur l’attaque de Pierre Rolland (Cannondale-Drapac) à mi-pente. Il produit un effort de 479 watts sur une minute pour s’isoler à l’avant du groupe à 20 secondes au maximum. Son échappée a duré 8’18 » en produisant un effort moyen de 413 watts. Ceci remis à son poids de corps nous donne : 413/67= 6,16 watts/kg et, sur une minute : 7,14 W/kg.
Mais son pic de watts et son attaque vont lui coûter cher, il terminera 14ème de l’étape dans le groupe de favoris où nous l’avons vu à la limite de rupture par moment.
Analysons maintenant la fin de course de Geraint Thomas (Team Sky), 3ème de l’étape. Il effectuera les trois derniers kilomètres en 8’18 » pour 386 watts. Il fera un gros pic à 1079 watts sur la fin pour aller chercher la 3ème place. Ce qui nous donne toujours en rétablissant les valeurs W/kg : 386/71= 5,43 W/kg et ses derniers 300 mètres à 7,86 W/kg.
Concrètement, en observant les deux durées similaires de ces coureurs, Pierre Rolland a-t-il bien fait d’attaquer ? Il a produit un effort plus important que le Britannique sur la même durée pour au final ne pas pouvoir défendre une place au scratch. C’est avec ce genre d’analyse que les coureurs professionnels calculent leurs efforts afin de pouvoir tout donner dans un final. Mais cela ne doit pas enlever l’audace qu’a eu le coureur orléanais là où les principaux favoris restaient abrités dans la roue de leur coéquipier. – Stéphane Cognet