Ce dimanche 27 novembre, la cité de Bergerac s’est retrouvée au cœur de la France du cyclisme. Le temps d’une journée, elle a célébré en son sein les héros nationaux de la Petite Reine, présents et passés. Critérium, animations et cérémonie de gala étaient ainsi au menu pour le public et les stars, dans un beau moment de communion autour d’une passion commune.

L'affiche de l'édition 2021 des trophées UNCPL’affiche de l’édition 2021 des trophées UNCP | © UNCP

De nombreux coureurs professionnels ont ainsi participé à cette sympathique exhibition, tels Mathieu Ladagnous, Alexis Guerin, Franck Bonnamour ou encore Dorian Godon, vainqueur de la dernière édition de la Coupe de France. Le plateau des invités VIP n’en était pas en reste, rassemblant anciennes légendes cyclistes et célèbres passionnés venus d’autres mondes. Aux Gilbert Duclos-Lassalle, Bernard Thévenet, Jean-Christophe Péraud ou Christophe Moreau, se mêlaient ainsi l’entraîneur de football Ellie Baup, le rugbyman Patrick Tabacco ou encore l’humoriste Tex. Et à tout ce beau monde s’ajoutait un invité de prestige, en la qualité du directeur du Tour de France : M. Christian Prudhomme, dont les récits autobiographiques traduisent parfaitement l’exceptionnelle ferveur populaire entourant ce sport.

Une fois les vélos raccrochés s’est tenue la cérémonie de gala de remise des trophées UNCP, du nom du premier syndicat français des coureurs cyclistes professionnels. Robe de soirée exigée pour Mesdames, costume à cravate / nœud papillon pour Messieurs. Autrement dit, il s’agissait pour chacun de briller hors du casque et des lunettes, d’afficher un visage et une allure méconnue en public, d’autant plus que l’évènement était retransmis sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. Mais outre la tenue, voici les noms de ceux qui ont brillé hier soir sur l’estrade.

 

Trophée d’Or – Dorian Godon

Dorian Godon 2021Dorian Godon | © AG2R-Citroën

Souvent réservée aux sprinteurs au cours de ces dernières années, la Coupe de France nous a cette fois réservé un vainqueur – surprise, et ô combien méritant, en la personne de Dorian Godon. Vainqueur de Paris-Camembert et du Tour du Doubs, le coureur d’AG2R-Citroën est ensuite parvenu à renverser l’italien Elia Viviani durant le mois d’octobre, assurant ainsi son trophée d’or. Coureur de classiques typiques, exemple de force, le natif de Vitry-sur-Seine a également accumulé les places d’honneur tout au long du calendrier de la Coupe de France, notamment sur des courses dont le dénivelé excluait son rival italien. 4e du GP de Cholet et de la Polynormande, 3e de la Classic Loire-Atlantique ou encore 5e du Tour du Morbihan, le francilien s’est dès lors placé au premier plan du paysage cycliste français. Et hors de ces manches de Coupe de France, le grand public retiendra sûrement sa tonitruante entame du Tour du Limousin, réalisant le coup double à Payzac avant de flancher à la dernière journée, abandonné par son équipe et attaqué de toutes parts par ses adversaires. Professionnel depuis 2017, Dorian Godon confirme par ce titre sa montée en puissance, symbolisée par sa première participation au Tour, à 25 ans.

 

Meilleure équipe française – AG2R-Citroën

AG2R Citroën TeamAG2R Citroën Team | © AG2R-Citroën

Pour son entrée dans le cyclisme, Citroën est déjà récompensée. Autrice d’un projet ambitieux, elle a hissé la formation de Vincent Lavenu parmi le top 5 des plus gros budgets du World Tour en ajoutant aux 16 millions initiaux une belle enveloppe de 7 millions d’euros. Et si l’argent ne fait pas tout dans le monde du sport, il peut toutefois grandement contribuer à la réussite quand il est sciemment utilisé. Or, avec son ancestral savoir-faire, Vincent Lavenu n’est pas du genre à tout flamber. Au contraire, ses hommes ont largement brillé cette saison, même s’ils ne l’ont pas toujours fait là où l’on les attendait.

Effectivement, en transformant son équipe de montagnards en écurie de classiques, avec les arrivées de Greg Van Avermaet et Bob Jungels, le manager isérois espérait peut-être davantage qu’un seul podium sur le Tour des Flandres comme seule récompense pour toute la campagne de flandriennes. C’est finalement dans le domaine historique de l’équipe que les sponsors ont été illuminés. Avec une victoire d’étape sur chaque Grand Tour, AG2R-Citroën peut être sûre d’avoir réussi sa saison, d’autant plus que certaines d’entre elles ont été acquises au terme d’exploits mémorables. Effectivement, le succès de Ben O’Connor à Tignes dans le déluge d’une étape dantesque s’est immédiatement inscrit dans la légende du Tour. A l’inverse, l’incroyable victoire de Clément Champoussin en Galice, au nez et à la barbe de tous les favoris, signe quant à elle de belles promesses pour l’avenir. Avec quatre triomphes en World Tour et une exceptionnelle variété de leader, AG2R-Citroën a en effet de beaux jours devant elle.

 

Meilleur espoir masculin – Clément Champoussin

Clément ChampoussinClément Champoussin | © AG2R-Citroën

Mais quelle saison du niçois ! Vainqueur d’une étape sur un Grand Tour dès sa première saison pleine en tant que professionnel, le niçois s’est également distingué pour son nombre d’accessits sur des courses majeures du calendrier. Dernier résistant à David Gaudu lors de la Faun-Ardèche Classic en février dernier, il ne s’est incliné qu’au sprint face au breton. Une semaine plus tard, on le retrouvait à tenir tête aux Egan Bernal, Mauri Vansevenant et consorts sur le Giro Laigueglia (4e). Tombé malade sur le Giro, Clément Champoussin s’est ensuite refait une santé sur les routes françaises, concluant le triptyque du Tour de l’Ain par une sixième place au classement général. Et pour conclure une telle saison, quoi de moi qu’un exploit sensationnel sur la Vuelta, la veille de l’arrivée qui plus est. A 23 ans, le coureur d’AG2R-Citroën s’est montré le plus frais des rescapés de l’échappée quand il a fallu s’accrocher aux roues des favoris. Non content d’y parvenir, le pur produit du Chambéry CF a profité de leur marquage pour lancer une foudroyante attaque dans le dernier raidard, s’envolant tout droit vers un bouquet de prestige.

5e du Tour de l’Avenir 2018 derrière Tadej Pogacar, Gino Mäder ou encore Alexandr Vlasov, Clément Champoussin semble aujourd’hui suivre le destin de ses anciens rivaux. Le grand espoir du cyclisme français est aujourd’hui sur la voie de la confirmation.

 

Meilleure espoir féminine – Marie Le Net

Marie Le Net (avec Clara Copponi) lors des mondiaux de Berlin 2020Marie Le Net (avec Clara Copponi) lors des mondiaux de Berlin 2020 | © FFC

Sur la route, elle progresse sans faire de bruit. Vaillante équipière, elle sait aussi saisir les opportunités de développer le leadership qui finira inéluctablement par lui incomber un jour, tant elle s’applique dans son travail de progression. 5e à Garnich au Luxembourg, 9e à Geraardsbergen en Belgique ou à A Rua en Espagne, 6e à Trente, Marie Le Net traverse l’Europe à coups d’accessits, dont l’ampleur et le prestige ne devrait cesser de croître à l’avenir. En effet, rappelons-le, la bretonne n’a que 21 ans ! Avec Jade Wiel, elle incarne cette génération 2000 dorée, préfigurant des saisons qui chantent du côté tricolore.

Mais c’est surtout en piste que la coureuse de la FDJ-Nouvelle-Aquitaine fait la pluie et le beau temps du cyclisme français. Associée à sa coéquipière Clara Copponi en américaine, elle a d’ores et déjà entamé une intéressante collection de breloques. Médaillées d’argent à Berlin l’an passé, elles ont renouvelé cette belle opération sur la poste du « Stab » de Roubaix en octobre dernier. Et si le métal est identique entre ces deux résultats, la manière est transfigurée. Très heureuses de finir deuxièmes en Allemagne, elles ont essuyé une légère frustration au terme de l’épreuve dans les Hauts-de-France, tant elles se sont rapprochées du niveau des ogres néerlandaises, Amy Pieters et Kirsten Wild. De quoi expliquer les larmes de déception de Marie Le Net aux JO de Tokyo, où un ultime relais manqué l’a privé d’un podium sur le plus grand évènement sportif planétaire. Elle peut désormais rêver de triompher en son sommet à Paris, en 2024.

 

Meilleur coureur masculin – Julian Alaphilippe

Julian Alaphilippe, sacré champion du monde à LouvainJulian Alaphilippe, sacré champion du monde à Louvain | © FFC

Une récompense de plus dans l’année étoilée de Julian Alaphilippe. En parlant de météo, le natif de Saint-Amand-Montrond a joué sur tous les éléments naturels dans sa saison folle. De la grisaille du Tour des Flandres au soleil éblouissant de Landerneau en passant par le crachin de ses échappées ratées, il a fini par déclencher un sublime arc-en-ciel dans les rues de Louvain, rayonnant sur la France et le monde. Si l’on a tendance à être trop sévère avec le coureur de la Deceuninck Quick-Step, tant son potentiel semble illimité, l’exploit des championnats du monde nous laissa tous bouche bée et cœurs serrés devant une telle démonstration. En homme de panache, Julian Alaphilippe a parachevé la course épique animée par l’équipe de France en terrassant les favoris lors d’une énième attaque, déversant ensuite tout son acide lactique dans un final sous haute tension, débouchant à son terme la bouteille de l’ivresse. Cette récompense UNCP n’est évidemment pas le même prestige que les liserés, mais elle permet de rappeler la prouesse de leur conquête.

 

Meilleure coureuse – Juliette Labous

Juliette Labous 2021Juliette Labous | © Team DSM

Comme une évidence, Juliette Labous a reçu ce prix en symbole de sa prise de pouvoir en équipe de France. Talentueuse coureuse de classiques, excellente grimpeuse, brillante rouleuse, elle est parvenue à imposer son patronyme dans le gotha des meilleures coureuses mondiales, comme en témoigne ses deux tops 10 sur les contre-le-montre des mondiaux (6e) et des JO (9e). 6e de Flèche Wallonne puis 7e du Giro Donne, elle affiche une régularité sans failles lorsque la route se cabre, dans la lignée d’une progression linéaire, l’acheminant peu à peu vers les sommets de son sport. 23e du classement UCI Women 2021, elle bondit à chaque nouvelle année, et ne devrait pas tarder à renverser l’actuel establishment quelque peu vieillissant. La combinaison de la fraîcheur de sa jeunesse (23 ans) à son application au travail semble produire la potion idéale pour poursuivre dans cette lancée.

Par Jean-Guillaume Langrognet