195 kilomètres, quatre cols, trois départements traversés et 4500 mètres de dénivelé. Si le cyclisme n’est pas qu’une affaire de chiffres, ils donnent toutefois une petite indication du degré de difficulté de cette 12ème étape du Tour de France qui fera souffrir les coureurs le 16 juillet prochain. Car après deux journées déjà difficiles vers la Pierre-Saint-Martin, puis vers Cauterets, c’est l’étape reine des Pyrénées qui sera proposée en guise de dernier volet du premier triptyque montagneux. Cette étape est la plus longue des trois et ce sera celle qui fera sans doute le plus de mal au classement général. Les deux journées précédentes auront déjà donné quelques indications sur l’état de forme des prétendants au maillot jaune mais auront déjà exigé de nombreux efforts. La difficulté de cette étape ira crescendo pour un feu d’artifice au Plateau de Beille.
On ne présente plus cette ascension à laquelle le Tour de France fait régulièrement visite depuis sa première apparition en 1998. Ce sera déjà la sixième fois que ce sommet situé à 1780 mètres accueille une arrivée d’étape, et pour la troisième fois en 2015, le départ y sera donné de Lannemezan. Cette 12ème étape sera légèrement différente de celles de 2002 et 2004, mais restera malgré tout très difficile ! Le peloton dira au revoir aux Hautes-Pyrénées déjà bien visitées les jours précédents après une vingtaine de kilomètres quand il atteindra Saint-Betrand-de-Cominges. Il entrera alors en Haute-Garonne qu’il quittera 40 kilomètres plus loin quand le sommet du col du Portet d’Aspet sera franchi.
Les choses sérieuses commenceront donc au kilomètre 42 par le versant le plus difficile après un départ relativement plat. Si ce n’est pas déjà fait, la bataille fera rage dans le col pour prendre la bonne. Les 12 kilomètres du Portet d’Aspet sont parfois difficiles, mais sont sans commune mesure avec ce qui attendra le peloton dans la suite de l’étape. Vous l’avez peut-être noté lors de la présentation, ce Tour est celui des anniversaires : les quarante ans du maillot à pois, des Champs-Élysées comme arrivée finale et de Pra-Loup. Les trente ans de la dernière victoire française. Mais en l’occurrence, le Portet d’Aspet nous renverra vingt ans en arrière pour ce qui reste l’un des événements les plus tragiques de la Grande Boucle. En 1995, c’est en effet dans cette descente que Fabio Casartelli perdait la vie.
La descente se fait donc par des routes étroites dans des paysages ruraux et va demander au peloton de rester prudent. Les coureurs laisseront la stèle dédiée au champion olympique de Barcelone sur leur gauche pour filer à travers l’Ariège dans des paysages typiques des Pyrénées. La longue descente qui mènera à Castillon-en-Couserans mènera au pied du col de la Core dont le sommet sera situé à 102 kilomètres de l’arrivée. Autrement dit, il ne devrait pas changer la face du Tour. Là aussi, la pente est très régulière. La route (pour la montée) est large et permet de niveler l’impression de pente. Points distribués au sommet pour le classement de la montagne et paysages encore grandioses seront les seules choses à attendre de ce col de la Core. Là encore, la descente sera technique et sinueuse et une fois en bas, les coureurs prendront la direction de Massat.
C’est là que débutera la sublime escalade du Port de Lers. Ici, la nature l’emporte encore face à l’urbanisme. Les images des troupeaux de chevaux en liberté au sommet du col vaudront largement le détour. Attendre juillet ne sera pas nécessaire puisque nous vous proposerons ces reconnaissances en vidéo dans très peu de temps. Côté course, si une équipe l’a décidé, cette difficulté pourra écrémer le peloton. Mais avec un sommet situé à 50 bornes de la ligne, les favoris resteront au chaud pour tout miser dans la montée finale.
D’autant plus qu’il y aura largement de quoi faire dans la seule montée redoutable du Plateau de Beille. Ça commence avec du 10 % de moyenne sur les premières rampes et même si le pourcentage moyen affiche 7,9 %, on reste le plus clair du temps au-delà des 9 % pour monter tout là haut à 1780 mètres d’altitude au terme des 15,8 kilomètres d’ascension depuis les Cabanes. Les écarts risquent d’y être importants, très importants. Le premier massif pourrait déjà décanter largement le classement général. Et cette ascension donnera des indications sur l’identité du futur vainqueur final. Lors des cinq passages précédents, quatre des vainqueurs au Plateau de Beille paradaient en jaune quelques jours plus tard sur les Champs-Élysées (Marco Pantani en 1998, Lance Armstrong en 2002 et 2004 et Alberto Contador en 2007). Celui qui sera en jaune au sommet ne sera pas très loin du podium à Paris.