Ilnur Zakarin a récemment pris sa retraite dans un certain anonymat. Coureur chez Gazprom – RusVelo, il a disputé sa dernière course en février. Son équipe a été bannie par l’UCI, conséquence des sanctions prises suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Suite à cela, Zakarin ne cherche pas à rebondir et préfère mettre un terme à sa carrière. Retour sur le parcours du néo-retraité de 32 ans.
Eclosion, suspension, et signature chez Katusha
Ilnur Azatovich Zakarin naît en 1989 à Naberejnye Tchelny, ville industrielle de la République de Tatarstan, en Russie. Son père est soudeur et sa mère ouvrière agricole. Le jeune Ilnur commence à pratiquer le cyclisme après une visite scolaire dans un club. En 2007, il devient à 17 ans, champion d’Europe junior du contre-la-montre devant le polonais Michał Kwiatkowski. Mais deux ans plus tard, il est contrôlé positif au méthandrosténolone, un stéroïde anabolisant. A la suite de cela, le russe est suspendu deux saisons par sa fédération.
En 2012, Ilnur Zakarin est autorisé à courir de nouveau. Il intègre l’équipe continentale Itera-Katusha, la réserve de l’équipe russe Katusha. Mais cette dernière ne lui propose pas de contrat à la fin de la saison, et il décide donc de signer chez l’équipe continentale professionnelle RusVelo. Il y reste deux ans, et devient notamment champion de Russie du chrono. Comme un signe du destin, il signe en 2015 chez Katusha, nouvellement promue en WorldTour. Il sera le leader emblématique de l’équipe russe pendant cinq saisons.
Ilnur Zakarin, grimpeur né
Grimpeur de talent, Ilnur Zakarin n’a pourtant pas un palmarès très fourni. Mais le russe compte quelques très belles victoires d’étapes. Deux succès sur le Giro, un sur le Tour et sur Paris-Nice, notamment. En 2016, sur la Course au soleil, le russe s’impose en costaud au sommet de la Madone d’Utelle. Il devance Geraint Thomas, Contador et Porte, rien que ça. La même année, sur la Grande Boucle, lors de la 16ème étape intégralement courue en Suisse, le coureur de la Katusha se glisse dans l’échappée matinale. Il lâche les meilleurs grimpeurs du groupe comme le colombien Jarlinson Pantano et le maillot à pois Rafal Majka, pour venir s’imposer en solitaire à Finhaut-Emosson. Sa dernière victoire prestigieuse remonte au Giro 2019. Ilnur Zakarin s’impose sur la 13ème étape, en haut de l’interminable Lago Serrù, et ses 27,5 kilomètres de montée finissant à 2 245 mètres d’altitude.
Des lacunes en descente
Malgré ses prédispositions en montagne, Zakarin n’aura remporté qu’une seule course à étapes de haut niveau dans sa carrière. Le Tour de Romandie 2015. Un succès au général devant des coureurs comme Froome, Pinot, Yates, ou Quintana. Mais son maigre palmarès peut s’expliquer en partie par le fait que le russe est, il faut bien le dire, un mauvais descendeur. Mains sur les cocottes, trajectoires hésitantes à l’amorce des virages, freinage prématuré. A ce niveau là, de pareilles lacunes sont rédhibitoires. D’ailleurs, quasiment tous ses plus beaux succès d’étapes sont intervenus en haut d’une ascension finale, et non en bas d’une descente. Pas un hasard. Et si Zakarin avait été un bon descendeur, l’histoire aurait pu être tout autre.
Quatre top 10 sur les Grands Tours
Ilnur Zakarin peut tout de même se targuer d’avoir fini dans le top 10 sur les trois Grands Tours. Lors du Giro d’Italia 2017, le russe termine à la 5ème place du classement général, à 1’56 du vainqueur, Tom Dumoulin. Dans la foulée, il double avec la Vuelta où il monte sur la 3ème marche du podium derrière Froome et Nibali. Il termine à la 9ème place du Tour de France 2018 et 10ème du Giro 2019, où il remporte une étape. Son dernier succès.
Une fin de carrière compliquée pour Ilnur Zakarin
L’équipe Katusha disparaît à la fin de la saison 2019. Il signe l’année suivante chez CCC Team. Malheureusement, le russe ne lèvera plus jamais les bras. Auteur d’une année blanche au sein de l’équipe polonaise, Ilnur Zakarin a abandonné le Tour sur chute, et terminé le Giro à une décevante 22ème place. En difficulté financière, son équipe met la clé sous la porte, et le russe doit encore rebondir autre part. Ce sera dans son pays, au sein de l’équipe ProTeam Gazprom – RusVelo. Mais, 2021 est aussi une saison sans victoire pour Zakarin. Cette année, Gazprom – RusVelo a été mis au ban par l’UCI suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. S’en est trop pour lui. Il décide de mettre un terme à sa carrière et de se concentrer sur de nouveaux projets. Il développe désormais une société organisatrice d’événements liée au cyclisme basée à Chypre, où il habite.
Zakarin aura marqué les esprits par son aisance en montagne mais aussi ses faiblesses en descente. Une carrière ponctuée de quelques coûts d’éclats mémorables, mais aussi de certaines déceptions. Du haut de ses 1 mètre 87, il aura marqué de son empreinte le cyclisme russe des dernières années.