Quentin, à 28 ans et après 3 saisons au CC Villeneuve Saint Germain Soissons Aisne en DN1, tu viens de choisir de te transférer au Massi-Kuwait Cycling Project, peux-tu nous expliquer les raisons de ce transfert ?

J’ai rapidement pris la décision, l’an dernier de quitter Villeneuve. J’estimais avoir fait le tour de la question dans ce club et j’avais envie d’un nouveau challenge. Je n’ai pas beaucoup couru en 2016, une décision du directeur sportif, David Pagnier, que je respecte mais que j’ai toujours du mal à comprendre. Puis la saison 2017 a été particulièrement éprouvante pour nous tous, avec la perte tragique de Gregoire Somogyi notamment. Moralement ça a été très difficile pour tout le monde et sportivement, on a roulé toute la saison bien en dessous de nos capacités, moi le premier. Il était donc temps pour moi de tourner la page avec Villeneuve.

J’ai eu plusieurs propositions en DN, en Belgique aussi mais un ami m’a mis en contact avec le directeur sportif de Massi-Kuwait, Luc Schuddinck, pendant l’été puis les discussions ont avancé vers un accord durant l’hiver. Il a ensuite fallu que je patiente avant de signer mon contrat, mais c’était une des conditions à mon retour en Continentale et l’équipe me l’avait clairement indiqué donc je savais à quoi m’attendre. Du coup me suis fait plaisir cet hiver en participant à de nombreuses épreuves en course à pieds, en VTT et en Run & Bike en Belgique en attendant de débuter ma saison sur route sous les couleurs de l’équipe Massi-Kuwait.

Massi Kuwait est une formation de continentale depuis 3 ans peu connue du grand public. Peux-tu la présenter à nos lecteurs ?

Massi-Kuwait est une équipe qui aspire à grandir. Nous sommes divisés en deux groupes : un groupe avec les coureurs européens, composé de cinq coureurs espagnols et de moi, et un groupe avec les coureurs du Koweït, que nous rencontrons parfois. L’effectif est constitué en grande majorité de grimpeurs. Cette équipe avance chaque année et son projet m’a plu. Nous avons un petit budget mais le staff fait un très bon travail pour nous emmener sur de belles courses.

L’an dernier, l’équipe a participé à de très belles épreuves, notamment en France, comme le Tour de Vendée, Paris-Bourges, Paris-Chauny ou le Grand Prix des Marbriers. Cette année, nous devrions pas mal voyager, avec des courses prévues en Espagne, au Portugal, en Belgique, en France et même en Roumanie puisque nous serons début Juillet sur le Tour de Sibiu, une belle épreuve de classe 1 remportée l’an dernier par Egan Bernal. Cela risque d’être un peu compliqué pour moi qui apprécie d’avantage les sprints et les pavés aux cols mais ça sera sans aucun doute une belle expérience. Personnellement, je rêve d’une participation au Grand Prix de Fourmies. Cette course m’a fait rêver étant enfant et je m’entraîne presque chaque semaine sur les routes qu’elle emprunte. Si nous continuons à grandir, pourquoi pas rouler un jour sur les routes de mon enfance avec l’équipe Massi-Kuwait ?

Tu as déjà évolué en continentale en 2013 au sein de la formation belge Colba-Superano Ham. Content de revenir chez les pros ? 

Oui très content ! Lorsque j’ai rejoint le VCA Saint-Quentin en 2014, c’était dans l’idée de rebondir pour retourner en Continentale au plus vite. Finalement j’ai dû patienter quatre saisons avant de retrouver ce niveau. Je pense, et j’espère, que l’expérience acquise en France ces dernières années me servira cette saison afin de poursuivre le plus longtemps possible en Continentale et pourquoi pas, viser plus haut ? J’ai fait quelques erreurs en 2013, par manque d’expérience je pense, et j’ai à cœur de réussir ce retour en Continentale et de prouver que j’y suis à ma place.

Depuis le 16 avril tu as eu peu de temps pour t’adapter à cette nouvelle équipe et pourtant tu viens de faire ta première course avec tes coéquipiers le 10 mai sur le GP José Dubois, tes impressions ? La cohésion d’équipe est là ?

Je m’attendais à vivre une course difficile. Je n’ai pas été déçu ! La grosse majorité du peloton a déjà au minimum trois mois de course dans les jambes. Moi j’ai une course ce soir. J’ai un peu le sentiment d’être un coureur qui revient en compétition après une longue blessure. Je manque de rythme, de force dans les moments clés, je recherche des sensations sur le vélo mais pour le moment je suis juste content d’être là. J’ai essayé d’être acteur sur ce GP, en attaquant en début de course. Mais c’était vraiment difficile pour une reprise. En tous cas j’ai hâte de raccrocher un dossard ! Ce geste symbolique d’avant course m’avait vraiment manqué.

Sur quelles courses t’aligneras-tu prochainement ?

Après la Ronde van Overijssel et la Profonde van Noord-Holland deux épreuves de classe 2 ce week-end en Belgique, je vais rouler sur une kermesse professionnelle le 16 Mai. Viendra ensuite le Grand Prix Marcel Kint manche de la Napoleon Games Cup en Belgique. J’ai déjà roulé sur le GP Marcel Kint quand c’était une kermesse pro, en 2012, avec l’équipe Geofco-Ville d’Alger… je crois que le circuit a changé mais en tout cas cette course m’avait bien plu alors j’ai hâte d’y retourner!

As-tu eu le temps de faire un stage avec ta nouvelle équipe ou as-tu pris le train en route ?

Non, non pour tout vous dire j’ai rencontré la majorité de mes coéquipiers lors du rassemblement pour le Grand Prix José Dubois à Isières. C’est un peu étrange d’arriver sur une course sans connaître ses équipiers mais tout s’est très bien passé. Il est temps maintenant d’apprendre à se connaître et de travailler les automatismes pour les prochaines courses.

Étant le premier et le seul français de l’équipe, comment communiques-tu avec tes coéquipiers ? Parfois la barrière de la langue est compliquée à gérer au début.

Il est certain que ce n’est pas évident. La majorité de mes coéquipiers parle espagnol et moi pas du tout. Après vu mon niveau en anglais… disons que Google Traduction me dépanne bien pour le moment ! Mais il va vraiment falloir que je m’y remette. Après, le gros avantage que j’ai est que le manager de l’équipe parle français, notre directeur sportif aussi puis les autres coureurs connaissent 3-4 mots… on utilise les mots transparents dans toutes les langues pour essayer de se faire comprendre et le langage des signes nous aide bien aussi.

Un objet que tu n’oublierais pour rien au monde pour partir en course ?

Mon téléphone. Cela me permet de rester en contact avec mes proches, de leur raconter ma course, leur livrer mes impressions et aussi de débrancher un peu le soir après la course.

Un rituel d’avant ou d’après course ?

Aucune idée. Honnêtement, je n’y ai jamais pensé et rien ne me vient à l’esprit. Peut-être de bien vérifier mon vélo avant le départ de chaque course.

Nous te laissons le mot de la fin… 

J’espère porter haut les couleurs de mon équipe Massi-Kuwait en cette saison 2018 et justifier la confiance qu’ils m’ont accordé en m’offrant une place dans leur équipe Continentale. Cette équipe a envie de grandir et d’avancer dans le monde du cyclisme et moi j’ai faim de vélo, envie de courir et de donner mon maximum pour cette formation Massi-Kuwait.

 

Mathilde Duriez, vélo101