Ce n’est que suite au désistement de François Pervis, champion incontesté de la borne depuis trois ans, que Quentin Lafargue a pu s’aligner sur le kilomètre aux Mondiaux de Londres. Transformé et transcendé par sa médaille de bronze en vitesse individuelle lors des Mondiaux de Saint-Quentin, l’Aquitain pouvait voir dans cette discipline non-olympique un moyen de faire parler de lui alors que la course à la qualification pour Rio a déjà commencé. Autant dire que le Girondin part avec une longueur de retard, derrière les incontournables François Pervis et Grégory Baugé, tandis que Kevin Sireau et Michael D’Almeida ont pour eux leur expérience et leurs automatismes en vitesse par équipes. Mais à l’heure où ses congénères restent sur un hiver compliqué que ne relèvera pas la 4ème place des Bleus en vitesse par équipes, Quentin Lafargue a un coup à jouer.
Pour cela, le médaillé de bronze en vitesse individuelle en 2015 devait jouer le coup à fond. Sa sélection sur le kilomètre arrivait à point nommé. Avant de s’engager dans le tournoi de vitesse individuelle, l’Aquitain fait le plein de confiance en débloquant le compteur de médailles pour la France. Certes, les tricolores laissent échapper le titre en leur possession depuis 2013 au bénéfice de l’Allemand Joachim Eilers, mais la nouvelle médaille de bronze de Lafargue reste une bonne surprise. Elle confirme le potentiel du garçon, ancien triple champion du monde Juniors en 2008 et double champion de France de vitesse.
Joachim Eilers est lui récompensé de sa patience. Après avoir battu la France en petite finale de la vitesse par équipes avec son pays, l’Allemand s’offre une première médaille d’or mondiale après être monté sur le podium des trois dernières éditions (2ème en 2014 et 2015 et 3ème en 2013). En 1’00″042, il bat également le record de la piste londonienne et devance Théo Bos, dominateur sur la piste au milieu des années 2000 et de retour à ses premières amours.
Mais l’événement de la soirée pour l’ensemble du Lee Valley Velo Park, était la finale de la vitesse par équipes. Sur la piste où ils ont fixé le record du monde aux Jeux Olympiques de Londres, les Britanniques à domicile savaient leur tâche ardue face à des adversaires australiens coriaces. Les deux quatuors vont donc livrer une finale de toute beauté et pleine de suspense. Les Locaux, sous l’impulsion d’un Bradley Wiggins des grands soirs, pensaient avoir fait le plus dur à deux tours de la fin. Restés sous le chrono des Australiens pendant la majeure partie de la poursuite avec un retard de 6 dixièmes à mi-parcours, l’ancien vainqueur du Tour, Jonathan Dibben, Edward Clancy et Owain Doull repassent devant leurs adversaires à 500 mètres du terme. Encore en tête à la cloche, les Britanniques sont finalement battus par Sam Welsford, Michael Hepburn et les frères Callum et Miles Scotson restés soudés en 3’52″727, à une seconde du record du monde.
Le manque d’homogénéité au sein de l’équipe a coûté cher aux Britanniques. Après Jonathan Dibben qui a lâché avant même d’atteindre les 3 kilomètres, Ed Clancy flanche sérieusement dans le dernier tour, ce qui coûte la victoire à son quatuor. La poursuite par équipes souvent synonyme de succès pour nos voisins d’outre-Manche n’a définitivement pas comblé leurs attentes cette année. Car chez les Dames, les Britanniques ont connu une désolidarisation similaire. Laura Trott et Elinor Barker sont allées trop vite pour Ciara Horne et Joanna Rowsell. Seulement 5ème, les Britanniques abandonnent toute chance de médaille.
Laura Trott est toutefois parvenue à redonner le sourire au public. Malgré ses 23 ans, la compagne de Jason Kenny possédait déjà un palmarès long comme le bras avec cinq titres mondiaux et deux titres olympiques. Celui-ci s’est enrichi hier soir d’une sixième couronne mondiale avec une première victoire sur le scratch. Dans une course tactique, elle se joue de la Néerlandaise Kirsten Wild, tenante du titre et de la Canadienne Stéphanie Roorda. Piégée, Pascale Jeuland prend une 15ème place anecdotique.
Les locaux auront ainsi goûté à tous les métaux hier. En plus de l’or de Laura Trott et de l’argent de la poursuite par équipes, les Britanniques ont également pris le bronze sur le keirin dames par l’intermédiaire de Rebecca James. L’ancienne championne du monde de la spécialité en 2013, de retour après une longue blessure, n’a rien pu faire face à Kristina Vogel. Titrée aux Jeux sur cet anneau en vitesse par équipes il y a quatre ans, l’Allemande n’a rien laissé au hasard, prenant la tête au moment où le derny s’écartait. Solide à la corde, Vogel contient facilement le retour d’Anna Meares dans la dernière ligne droite. La finale s’est disputée sans Virginie Cueff. La Bretonne a manqué sa qualification pour quelques millimètres en demi-finale après avoir remporté son repêchage.
Ce soir, les titres seront décernés sur le 500 mètres Dames, la course aux points Messieurs, la poursuite individuelle Messieurs et la poursuite par équipes Dames.
Les champions du monde :
• scratch Dames : Laura Trott (GBR)
• keirin Dames : Kristina Vogel (ALL)
• poursuite par équipes Messieurs : Australie (C.Scotson, Welsford, Hepburn, M.Scotson)
• kilomètre Messieurs : Joachim Eilers (ALL)