Sans que Bordeaux soit une escale décisive pour Rio, les Championnats de France étaient l’occasion rêvée pour Quentin Lafargue de confirmer une belle saison 2014-2015, marquée par un sacre national et une médaille de bronze mondiale dans la discipline reine du sprint, et ainsi, prétendre à une qualification olympique. Quand l’avion bleu pour le Brésil ne dispose que de quatre places, l’Aquitain n’est que le cinquième dans la hiérarchie nationale derrière les intouchables Baugé et Pervis, et derrière les D’Almeida et Sireau, bien installés dans le trio de vitesse. Il devait donc profiter de la réunion nationale à Bordeaux pour montrer que les performances réalisées l’an dernier n’étaient pas dues au hasard. Il est bien sûr trop tôt pour dire si son nouveau titre lui permettra de voir Rio cet été, mais son sacre va marquer bien des esprits.
Quentin Lafargue s’est en effet imposé avec autorité en finale de la vitesse face à un client : François Pervis. En deux manches sèches, le champion de France sortant vient à bout du champion du monde 2014. Voilà qui promet pour l’Aquitain qui regarde déjà en direction des Championnats d’Europe à Granges où il retrouvera toutes les têtes d’affiche du sprint français, mis à part Grégory Baugé. Le Francilien est loin du niveau qui lui avait permis de renouer avec le maillot arc-en-ciel à Saint-Quentin-en-Yvelines, éliminé dès les 1/8èmes de finale par le Junior Sébastien Vigier.
C’est à croire que ceux qui représentent l’avenir de la piste française souhaitent s’immiscer dans le concert national dès cet hiver, comme pour brouiller les pistes à quelques mois des Jeux. Sur le keirin Dames, on attendait l’une des habituées des podiums nationaux. Finalement, et Virginie Cueff et Olivia Montauban sont battues par Mélissandre Pain. La jeune fille, sacrée championne du monde chez les Juniors en 2013, s’invite dans la hiérarchie nationale. En revanche, Laurie Berthon n’a pas laissé de place aux surprises sur l’omnium. Ancienne lauréate de la Coupe du Monde dans la discipline, la Rhônalpine a fait un quasi-sans faute, en remportant l’élimination, le 500 mètres, le tour lancé et la course aux points et en terminant 2ème du scratch et de la poursuite. Elle devance Soline Lamboley et Hélène Gérard.
La première soirée des Championnats de France avait montré que les routiers réinvestissaient le monde de l’endurance. Cela s’est encore confirmé hier avec la poursuite individuelle et l’américaine, deux épreuves remportées par des hommes davantage habitués à briller sur le macadam que dans les vélodromes. Thomas Boudat et Bryan Coquard ont, il est vrai, fait leurs premiers pas sur la piste et renouent avec leurs premiers amours cette semaine. Invaincus sur l’américaine dès lors qu’ils sont associés, les deux hommes ont pris plaisir à perpétuer la tradition en venant à bout de la paire militaire formée par Benjamin Thomas et Julien Duval et des jeunes ligériens du Vendée U Florian Maître et Lucas Destang.
S’il n’est pas rare de voir Coquard et Boudat évoluer dans les enceintes couvertes, voilà dix-sept ans que Sylvain Chavanel n’avait plus posé les roues dans un vélodrome pour un Championnat de France. Présent à Bordeaux pour y disputer la poursuite individuelle dans le but de prendre ses repères sur la piste en vue d’une future tentative de record de l’Heure, le Châtelleraudais n’a pas déçu. Même après avoir disputé les trois Grands Tours cette année, l’ancien champion de France du chrono s’est montré impressionnant pour sortir un temps de 4’21″464, un chrono similaire à celui qui avait permis à Julien Morice de prendre le bronze en finale des Mondiaux (4’21″419) l’hiver dernier.