Les victoires de Tom Boonen au Tour de San Luis et de Marcel Kittel au Tour de Dubaï, munis du Venge ViAS, semblaient avoir enterré pour de bon la polémique sur la relance de l’expérimentation des freins à disque dans le peloton professionnel. Un an après une première tentative infructueuse, interrompue après qu’un disque ait entaillé le muscle tibial de Fran Ventoso sur Paris-Roubaix, l’UCI avait pourtant remis le sujet sur le tapis. Et autorisé la poursuite de cette expérimentation à un peloton refroidi par cet incident. Même si certains coureurs se sont montrés favorables à l’utilisation de cette technologie nouvelle sur la route, le CPA, l’association des coureurs professionnels, monte aujourd’hui au créneau pour s’opposer à la poursuite de ces tests.
Son président, Gianni Bugno a pris sa plume pour alerter la Commission des Équipements de l’UCI sur les manquements que posent l’utilisation des freins à disque en matière de sécurité. Les trois critères jugés nécessaires par les coureurs (disques arrondis, dispositif de sécurité et homogénéité du freinage) pour poursuivre les essais n’ont pas tous reçu le même accueil par la fédération internationale. Ainsi, si l’UCI est en mesure de répondre au premier critère sur les disques arrondis, des solutions sont encore à l’étude pour munir les disques d’un carter de sécurité. En revanche, la réponse de l’UCI à la demande des coureurs d’imposer la même efficacité de freinage aux utilisateurs de freins à disque est jugée insatisfaisante par le CPA.
« Au point où nous en sommes, tout porte à croire qu’il n’est pas encore temps de démarrer ces tests, affirme Gianni Bugno. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous ne sommes pas contre l’innovation technologique, mais nous sommes préoccupés avant tout par la sécurité des coureurs sur la route. » Même si les premiers vélos munis de freins à disque ont fait leur apparition dans le peloton, l’UCI travaille encore sur l’amélioration de la sécurité et la performance de ce type de matériel. Un non-sens pour Gianni Bugno. « Nous croyons que les coureurs seront finalement favorables et heureux d’utiliser ces nouvelles technologies en course, mais seulement une fois que les mesures de sécurité préventives qui ont été demandées seront réalisées. »
Le CPA propose une solution qui pourrait satisfaire les marques, désireuses de promouvoir leurs nouveaux modèles et les coureurs en quête de sécurité : poursuivre cette expérimentation à l’entraînement en fournissant à tous les coureurs un vélo doté de freins à disque. « Cette première étape me paraît logique et indiscutable dans le processus, si nous voulons mettre en place ce système dans notre sport », conclut l’ancien vainqueur du Giro.