Avant que Christophe Laporte n’abandonne, c’est Julien Simon qui lui lançait le sprint sans avoir de réel train. Il nous explique comment ça se passe :

Julien, la question qu’on se pose toujours, c’est à partir de quel moment est-ce que vous débranchez les oreillettes lors de la préparation du sprint ?

Nous, on n’a pas forcément de train. Moi, j’aide Christophe (Laporte) le plus longtemps que je peux pour le sprint. C’est vrai que je garde toujours l’oreillette et même si ça parle dans l’oreillette à l’approche du sprint, on est concentré, on n’entend plus, il y a l’adrénaline qui monte et dans les 5 derniers kilomètres, on retient juste les dernières infos comme un rond-point ou un virage, mais sinon avec les spectateurs sur le côté et le stress, on n’entend rien.

Sur ces premières étapes, quels sont les trains les plus impressionnants ?

Je n’ai pas été trop aux avants postes, mais déjà la Jumbo-Visma naturellement. La Quick-Step aussi était en surnombre dans les derniers kilomètres le premier jour quand j’étais placé. Ce n’est que le début, aujourd’hui (3e étape), ça va être encore une autre configuration et demain on aura encore une autre idée de qui est en forme au niveau des trains.

SimonSimon | © Sirotti

Tu disais que vous n’avez pas de train organisé. Comment est-ce que vous gérez cela vous ?

Nous, on essaye de suivre les bonnes roues. Moi, j’essaye de placer Christophe dans les meilleures conditions.

L’ambition est d’en gagner une malgré tout ?

Oui, au sprint ou en échappée, le plus important, c’est qu’il y en a un de nous 8 qui arrive à décrocher le Graal comme on dit.

 

Lanceur d’Elia Viviani chez Deceuninck-Quick Step, Maximiliano Richeze nous explique comment il aborde un sprint :

Bonjour Maximiliano, quels sont, selon toi, les 3 meilleurs trains d’équipes ?

Dans mon top 3, je mettrais d’abord le nôtre, puis, l’équipe Jumbo-Visma, comme nous pouvons le voir en ce début de Tour, et enfin la Bora qui a un très bon train aussi.

Quelle est ta position dans le train ?

Je suis le dernier du train juste devant Elia Viviani, notre sprinter.

Que peux-tu dire du sprint d’hier (première étape) ?

C’était un sprint très compliqué, très chaotique, c’est normal pour une première étape du Tour. Nous avons bien travaillé, mais dans le final, il y a eu un peu de confusion et nous n’avons pas pu faire ce que nous avons voulu.

Richeze1Richeze1 | © Sirotti

À propos de la radio, à quel moment, en fin d’étape, vous arrêtez d’écouter la radio et commencez à vous parler directement ?

Nous arrêtons d’écouter la radio à l’approche des 20 derniers kilomètres, on écoute les dernières indications et ensuite nous parlons entre nous, dans le train.

Est-ce que vous connaissez votre rythme cardiaque dans une course comme hier ?

Non, parce que dans une course, on ne parle pas de ça, mais j’imagine qu’il était très haut (rires).

Et quand il y a des jeunes coureurs, quel type de coureur regardez-vous précisément ? Un grimpeur, un sprinter ?

Non, un peu de tout, on peut avoir tant un sprinter qu’un grimpeur ou un coureur polyvalent. Nous on regarde un peu tous les types de coureurs. Ils apprennent de chacun de nous qui leur transmettons notre expérience.

Et toi, tu as appris du sprint en Italie ou en Argentine ?

En Argentine, c’est un peu la coutume du sprint parce qu’il y a beaucoup de courses plates, mais bien sûr, le monde italien se perfectionne un peu plus et les coureurs apprennent les sprints et surtout comment les préparer.

RichezeRicheze | © Sirotti

Quel type de braquet utilises-tu dans un sprint comme hier ?

Déjà, c’était un sprint assez dur et j’utilisais un 53-13 ou 53-12 pour passer les pourcentages. Quand c’est plus plat, j’utilise plus un 53-11.

Tu préfères une arrivée comme hier ou complètement plate ?

Les deux. Le sprint d’hier demandait un peu plus de force et il se fait en général à la pédale alors qu’un sprint plus plat demande un peu plus de tactique pour sortir au bon moment et ça ne se fait pas complètement à la pédale pour moi. Les deux me plaisent bien, mais c’est plus facile quand c’est plat.

Combien de temps vas-tu continuer à être coureur professionnel ?

Il me reste deux années encore normalement.

Tu penses que c’est un travail dangereux ?

Bien sûr, les courses de vélo, c’est dangereux, mais bon, c’est notre travail, voilà, moi, soit je prépare les sprints, soit je suis dans le gruppetto. Mais oui, en général, le cyclisme est dangereux.

Et tu penses qu’il y a, dans le peloton et dans les sprints en particulier, des coureurs plus dangereux que d’autres ?

Non, non, bien sûr, c’est dangereux parce qu’il y a les équipes de sprinters et les équipes des leaders au classement général qui se portent à l’avant du peloton. Évidemment, c’est plus compliqué pour se placer, ça rajoute de la tension, mais je respecte cela.

 

Par Nathan Malo