Toute la semaine, Vélo 101 décrypte les enjeux de la 101ème édition de Liège-Bastogne-Liège.
Les goûts et les couleurs, si on n’en discute pas, évoluent au fil du temps, des modes et des générations. Pourtant l’adoration que voue le peloton aux monuments du cyclisme est immuable. D’une année l’autre, lorsqu’ils sont consultés sur la question, les coureurs hissent toujours les trois mêmes classiques sur le podium de leur cœur. Seul l’ordre permute. La dernière enquête du genre, réalisée il y a un an par la Dernière Heure auprès d’un panel de 205 coureurs dont 171 en activité, avait donné le Tour des Flandres pour favori devant Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège. Mais il s’agissait avant tout de définir la classique la plus prestigieuse, ce qui avait valu la mise en avant des Flandriennes par un coureur comme Alberto Contador, qui n’a jamais pris le départ ni du Ronde ni de l’Enfer du Nord !
En vérité, c’est bien la Doyenne des classiques, proposée au calendrier depuis la fin du XIXème siècle (1892), que la grande majorité du peloton caresse l’espoir d’accrocher un jour. Moins racée qu’une classique flandrienne, Liège-Bastogne-Liège balaie en apparence un large panel de coureurs, qui se sentent à l’aise dans ses bosses et davantage concernés par l’aspect stratégique que sur les deux autres Ardennaises. « A Liège, le placement est moins important et les côtes plus longues que sur l’Amstel Gold Race ou sur la Flèche Wallonne », estime Joaquim Rodriguez (Team Katusha), 2ème en 2009 et 2013. Des traits de caractère auxquels s’accordent volontiers de nombreux coureurs, convaincus de pouvoir y tenir un rôle.
« Cette course m’a plu dès ma première participation chez les Espoirs », témoigne Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), 13ème à sa découverte en 2013, 10ème en 2014. L’Auvergnat en a clairement fait l’objectif de sa première partie de saison. « Liège, c’est la classique qui est la plus adaptée à mes caractéristiques. Les côtes et la répétition des efforts me conviennent parfaitement. J’aime aussi son aspect tactique, fait pour les attaquants. Mais étant loin d’être le plus rapide au sprint, il me faudra être le plus opportuniste, anticiper cela pour bénéficier des largesses qui peuvent encore m’être accordées. »
C’est dans ce même esprit d’anticipation que concourront les nombreux coureurs à croire le rêve à leur portée, ce qu’avait exaucé l’invité surprise Maxim Iglinskiy en 2012. Plus ouverte que les autres, bien que son scénario soit paradoxalement plus restreint que par le passé – il est désormais fréquent que le peloton se présente groupé dans la côte de Saint-Nicolas, aux portes de Liège –, la Doyenne emporte l’adhésion du peloton, bien au-delà des seuls chasseurs de classiques ou spécialistes des Grands Tours qui s’y pressent. Et parce qu’elle clôt la campagne des classiques de printemps, elle cristallise l’espoir d’une issue heureuse pour toutes les formations engagées.