Les Frecce Tricolori, le nom lyrique donné à la patrouille acrobatique de l’armée de l’air italienne, ont laissé hier dans le ciel de Turin une empreinte vert-blanc-rouge au moment où s’ouvrait devant des milliers de spectateurs la 94ème édition du Giro. La cérémonie de présentation des équipes s’est tenue dans une atmosphère incroyable. Il est clair que le Tour d’Italie rivalise aujourd’hui d’égal à égal avec le Tour de France, son inspirateur. Et des coureurs qui pourraient prétendre bien faire sur la Grande Boucle n’hésitent plus désormais à faire du Giro un objectif primordial. A la qualité du plateau répond un parcours tracé à l’attention des champions les plus forts. On dit de ce Giro dont la moitié des étapes s’achèvera au sommet d’un col ou d’une côte qu’il est le plus dur qu’on ait vu depuis des lustres. Peut-être même le plus dur jamais conçu.
La difficulté commence au cœur de l’après-midi. L’étape inaugurale est brève, plane et pratiquement rectiligne d’un bout à l’autre, mais sa spécificité plus que son caractère décisif en fait toujours un exercice redouté. Sous un temps radieux, les vingt-trois équipes engagées dans ce Giro commémorant les 150 ans de l’Unité italienne s’apprêtent à prendre part à un contre-la-montre par équipes de 19,3 kilomètres. Le Grand Départ est donné depuis le palais royal de Venaria Reale, aux portes de Turin (Piémont), que les formations rejoindront via de larges routes rectilignes, que seuls des rails de tramway et quelques virages secs viendront troubler durant les 19300 premiers mètres de ce Tour d’Italie. Depuis les faubourgs turinois, les vingt-trois équipes rejoindront le centre de Turin et la Piazza Vittorio Veneto.
Le contre-la-montre par équipes, au programme des Grands Départs du Giro à quatre reprises au cours des cinq dernières éditions, n’est jamais l’endroit où se forge le classement général. Il définit tout au plus une première hiérarchie souvent insignifiante entre les favoris proclamés mais n’écarte jamais définitivement les prétendants à la victoire. Encore moins quand on sait le nombre d’étapes de montagne qui marqueront des différences beaucoup plus prononcées dans les trois semaines à venir. Les effectifs engagés autour d’un candidat potentiel à la victoire finale n’ont donc pas fait de cette entrée en matière un objectif outre-mesure. D’autres équipes moins bien pourvues pour ramener le Maillot Rose à Milan dans vingt-deux jours ont en revanche beaucoup misé sur ce chrono par équipes. C’est le cas des HTC-Highroad.
Vincenzo Nibali et Michele Scarponi mieux qu’Alberto Contador.
Il y a deux ans, lors du dernier Grand Départ du genre à Lido de Venise, les HTC-Highroad avaient obtenu la victoire. A l’époque, l’équipe était composée de Michael Barry, Edvald Boasson-Hagen, Mark Cavendish, Thomas Lövkvist, Marco Pinotti, Morris Possoni, Mark Renshaw, Michael Rogers et Kanstantsin Siutsou. Pour vaincre cette année, les Américains ont misé sur une équipe renouvelée pour deux tiers. Si Mark Cavendish, Marco Pinotti et Kanstantsin Siutsou, déjà présents en 2009, figurent toujours dans le groupe, ils sont cette fois épaulés par Patrick Gretsch, Craig Lewis, Lars-Ytting Bak, Frantisek Rabon, Alex Rasmussen et Mark Renshaw. Qu’à cela ne tienne, l’efficacité est la même. Les HTC-Highroad ne font pas dans le détail, quitte à perdre en route la moitié du groupe. A Turin, ils sont juste cinq (le nombre minimal requis) à finir ensemble. Pinotti, Bak, Siutsou, Cavendish et Lewis sont crédités du meilleur temps.
Déjà en Rose en 2007, 9ème tout de même du classement général l’an passé, le champion d’Italie du contre-la-montre Marco Pinotti a le privilège de couper la ligne le premier, ce qui lui permet d’enfiler ce soir le premier Maillot Rose du Giro 2011. Le porteur du maillot tricolore cède sa tunique contre le Rose, c’est symbolique, l’Italie n’en rêvait pas davantage pour les 150 ans de son unification. Mais c’est surtout anecdotique et Mark Cavendish est d’ores et déjà attendu pour la succession en vue d’un premier sprint massif demain à Parme, où les 20 secondes de bonification promises au vainqueur pourraient bien suffire. Peu seront ceux capables de s’y opposer car les écarts creusés aujourd’hui sont favorables aux HTC, qui repoussent RadioShack de 10 secondes, Liquigas-Cannondale et Omega Pharma-Lotto de 22 secondes.
L’ordre de départ ayant été défini de manière très aléatoire aujourd’hui, Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard) parti très tôt n’aura pu bénéficier des temps de ses adversaires. Il termine en tout cas derrière eux à Turin, 8ème, où Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) s’annonce le premier, 3ème à 22 secondes. C’est 2 secondes de mieux que Michele Scarponi (Lampre-ISD) et 8 secondes de mieux qu’Alberto Contador. Les autres favoris perdent bien plus de temps. L’équipe Androni Giocattoli d’Emanuele Sella et José Serpa finit 12ème à 39 secondes des vainqueurs, la formation Astana de Roman Kreuziger 17ème à 50 secondes, Geox-TMC de Denis Menchov 18ème à 53 secondes, Team Katusha de Joaquim Rodriguez et Danilo Di Luca 20ème à 1’04 » et Acqua & Sapone de Stefano Garzelli 22ème à 1’07 ».
Demain dimanche, la deuxième étape se disputera entre Alba et Parme (244 km).
Classement 1ère étape :
1. HTC-Highroad (USA) les 19,3 km en 20’59 »
2. RadioShack (USA) à 10 sec.
3. Liquigas-Cannondale (ITA) à 22 sec.
4. Omega Pharma-Lotto (BEL) m.t.
5. Garmin-Cervélo (USA) à 24 sec.
6. Lampre-ISD (ITA) m.t.
7. Rabobank (PBS) à 26 sec.
8. Saxo Bank-SunGard (DAN) à 30 sec.
9. Team Sky (GBR) à 37 sec.
10. Vacansoleil-DCM (PBS) m.t.
Classement général :
1. Marco Pinotti (ITA, HTC-Highroad) en 20’59 »
2. Lars-Yttinb Bak (DAN, HTC-Highroad) m.t.
3. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) m.t.
4. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) m.t.
5. Craig Lewis (USA, HTC-Highroad) m.t.
6. Robbie McEwen (AUS, RadioShack) à 10 sec.
7. Tiago Machado (POR, RadioShack) m.t.
8. Fumiyuki Beppu (JAP, RadioShack) m.t.
9. Bjorn Selander (USA, RadioShack) m.t.
10. Robert Hunter (AFS, RadioShack) m.t.
Classement des jeunes :
1. Bjorn Selander (USA, RadioShack) en 21’09 »
2. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 12 sec.
3. Klaas Lodewyck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
4. Jan Bakelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
5. Gert Dockx (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
6. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
7. Cameron Meyer (AUS, Garmin-Cervélo) à 14 sec.
8. Simon Spilak (SLO, Lampre-ISD) m.t.
9. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
10. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 16 sec.
Classement par équipes :
1. HTC-Highroad (USA) en 20’59 »
2. RadioShack (USA) à 10 sec.
3. Liquigas-Cannondale (ITA) à 22 sec.
4. Omega Pharma-Lotto (BEL) m.t.
5. Garmin-Cervélo (USA) à 24 sec.
6. Lampre-ISD (ITA) m.t.
7. Rabobank (PBS) à 26 sec.
8. Saxo Bank-SunGard (DAN) à 30 sec.
9. Team Sky (GBR) à 37 sec.
10. Vacansoleil-DCM (PBS) m.t.