Jusqu’à jeudi, Vélo 101 décrypte les enjeux de la 100ème édition du Tour d’Italie qui s’élance de Sardaigne le 5 mai.
Les échecs qu’il a connus sur le Tour depuis deux ans ont été beaucoup trop douloureux pour que Thibaut Pinot (FDJ) ne s’enferme dans ce schéma potentiellement destructeur. Après deux Grandes Boucles mitigées, le Franc-Comtois a donc fait le choix de tourner le dos à l’événement de juillet et à sa folle pression médiatique pour concentrer ses forces sur le Grand Tour qui lui correspond le mieux sur le papier : le Tour d’Italie. Un choix osé, mais ô combien logique compte tenu des qualités intrinsèques de Thibaut Pinot.
Les progrès réalisés face à la montre l’an dernier par le leader de l’équipe FDJ lui permettent de posséder la panoplie du parfait coursier par étapes. Aussi présente-t-il aujourd’hui toutes les qualités requises pour réussir dans son entreprise. Ses aptitudes en montagne ne sont plus à prouver et l’ancien maillot blanc du Tour l’a encore montré au Tour des Alpes, terminé en 2ème position. Surtout que les cols du Giro sont réputés pour favoriser les purs-grimpeurs. De l’autre côté, les 67 kilomètres de contre-la-montre individuel ne sont plus de nature à effrayer le champion de France de la spécialité. Voir un Français monter sur le podium du Giro pour la première fois depuis Charly Mottet en 1990 (NDLR : exception faite de la 3ème place de John Gadret en 2011 suite au déclassement d’Alberto Contador) n’a jamais paru aussi peu illusoire.
Au-delà de ses qualités, plusieurs éléments valident le choix de Thibaut Pinot. Il y a d’abord sa hantise de la chaleur et son goût prononcé pour les conditions météo difficiles. Et les éditions sans journées dantesques se sont faites rares ces dernières années sur la course rose où le mercure ne monte pas toujours très haut et où la pluie voire la neige inondent parfois les routes.
C’est d’ailleurs loin d’être un hasard si le Franc-Comtois a pour coutume de faire ses meilleurs résultats en début de saison, en particulier ces deux dernières années. Il le confirme encore sur cet exercice en montant sur le podium des deux principales épreuves préparatoires de référence au Tour d’Italie (3ème de Tirreno-Adriatico, 2ème du Tour des Alpes) en plus d’une 3ème place et d’une victoire d’étape sur la Ruta del Sol derrière Alejandro Valverde et Alberto Contador. Le choix du Giro est donc un choix de raison et correspond au moment où il est potentiellement le plus en forme.
Il s’agit aussi incontestablement d’un choix du cœur pour le coureur qui apprécie manifestement l’ambiance si spécifique des courses italiennes. Thibaut Pinot a bouclé dans le Top 15 chacune des neuf dernières épreuves qu’il a disputées de l’autre côté des Alpes. 9ème des Strade Bianche, 3ème de Tirreno-Adriatico et 2ème du Tour des Alpes cette année, il s’est en outre classé 5ème de Tirreno en 2016 et l’année précédente, 4ème de Tirreno, 12ème des Trois Vallées Varésines, 4ème de Milan-Turin et 3ème du Tour de Lombardie. Sans oublier sa 14ème place sur la classique des feuilles mortes en 2014.
Tout cela ne saurait pourtant masquer les deux grandes interrogations qui pèsent sur lui. Tout d’abord, est-il en mesure de jouer le classement général d’une course de trois semaines, chose qu’il n’est plus parvenu à faire depuis le Tour 2014 ? Ensuite, saura-t-il se montrer à la hauteur de l’événement ou paierait-il son manque d’expérience du Tour d’Italie, lui qui n’y a jamais participé ? Seules les trois semaines de course permettront de répondre à ces questions.
Les 10 dernières meilleures places françaises sur le Giro :
2016 : Hubert Dupont (11ème)
2015 : Alexandre Geniez (9ème)
2014 : Pierre Rolland (4ème)
2013 : Francis Mourey (20ème)
2012 : John Gadret (11ème)
2011 : John Gadret (3ème)
2010 : John Gadret (13ème)
2009 : Arnold Jeannesson (57ème)
2008 : Yoann Le Boulanger (27ème)
2007 : Hubert Dupont (25ème)