Si l’on devait juger la spécificité d’une course à la quantité des structures gonflables qui l’agrémentent, alors le Tour de Pologne est de loin celle où il est bon de bondir et rebondir ! C’est d’ailleurs un peu ce à quoi on assiste depuis le départ de l’épreuve ce week-end, avec la consécration du jeune Rafal Majka (Team Saxo-Tinkoff) et le retour sur le devant de la scène d’un vieux roublard comme Thor Hushovd (BMC Racing Team). Demain, les choses très sérieuses reprendront avec deux journées montagneuses qui précéderont le contre-la-montre final samedi. Mais d’ici là il reste une opportunité offerte à tous de se mettre en avant. C’est la plus longue étape de la semaine, 231 kilomètres entre Tarnow et Katowice. Une distance imposée par les organisateurs, qui ont ponctué la course de quatre boucles finales de 12,3 kilomètres.

On dit de l’arrivée à Katowice, traditionnelle au Tour de Pologne, qu’elle est un boulevard pour les sprinteurs. Thor Hushovd l’a emporté hier mais ses adversaires le savent prenable. Alors ils rêvent d’un nouveau déboulé qui, cette fois, pencherait en leur faveur. D’autres l’entendent d’une autre oreille, comme ceux qui s’échappent en tout début de course : Dirk Bellemakers et Francis De Greef (Lotto-Belisol), Pawel Franczak et Kamil Gradek (Pologne), Cesare Benedetti (Team NetApp-Endura), Fabio Duarte (Colombia), Matthieu Ladagnous (FDJ.fr), Miguel Minguez (Euskaltel-Euskadi) et Jacek Morajko (CCC Polsat Polkowice). Mais le peloton ne leur accordera jamais de quoi y croire vraiment, limitant leur avance à quatre minutes et quelques, et revenant sur chacun d’eux avant le dernier tour de 12,3 kilomètres.

En fait, tout semble alors prédestiné à ce que les sprinteurs s’expliquent une seconde fois dans ce Tour de Pologne. Le rythme est enlevé sur le circuit roulant bordé d’innombrables arches et ballons gonflables (on a arrêté de compter après 101…). Pour un peu on oserait écrire qu’il faut être sacrément gonflé pour présenter un dénouement alternatif à celui d’un rush massif. Et voilà une qualité qu’on prête à Taylor Phinney (BMC Racing Team), un jeune champion discret qui gravit les échelons à son rythme : doucement mais sûrement, au pied du podium des deux courses olympiques sur route l’an dernier, 7ème d’un Milan-San Remo d’anthologie en début de saison.

Quand le peloton s’avance vers un sprint massif, voilà l’Américain de 23 ans qui gicle à 7,5 kilomètres de l’arrivée. Pile poil la distance des chronos qu’il affectionne et sur lesquels il a bâti son palmarès jusqu’ici. Cette fois, c’est sa première victoire en ligne que Taylor Phinney convoite. Adoptant sa position fétiche de chasseur de secondes, il porte rapidement son avantage à une quinzaine de secondes sur un peloton médusé mais pas résigné. Le rouleur de BMC reste en vue de ses poursuivants dans le final, lesquels constatent avec surprise qu’ils ne reprennent rien ou presque à l’attaquant. Finalement les sprinteurs auront beau prendre les choses en main dans les derniers hectomètres, ils ne se battront que pour la place de 2, venant mourir à quelques longueurs du héros du jour, auteur de la course contre-le-peloton la plus épatante de sa jeune carrière.

Demain jeudi, la cinquième étape reliera Nowy Targ à Zakopane (160 km).

Classement 4ème étape :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) les 231 km en 5h40’17 » (40,7 km/h)
2. Steele Von Hoff (AUS, Garmin-Sharp) m.t.
3. Yauheni Hutarovich (BLR, Ag2r La Mondiale) m.t.
4. Aidis Kruopis (LIT, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Reinardt Janse-Van Rensburg (AFS, Argos-Shimano) m.t.
6. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team) m.t.
7. Luka Mezgec (SLO, Argos-Shimano) m.t.
8. Bartlomiej Matysiak (POL, CCC Polsat Polkowice) m.t.
9. Daniele Ratto (ITA, Cannondale) m.t.
10. Daniel Schorn (AUT, Team NetApp-Endura) m.t.

Classement général :

1. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) en 21h55’02 »
2. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 4 sec.
3. Christophe Riblon (FRA, Ag2r La Mondiale) à 6 sec.
4. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) à 7 sec.
5. Jon Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 9 sec.
6. Chris-Anker Sorensen (DAN, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 13 sec.
8. Eros Capecchi (ITA, Movistar Team) m.t.
9. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) à 16 sec.
10. Thomas Rohregger (AUT, RadioShack-Leopard) à 18 sec.