Sa carrière s’était brutalement arrêtée il y a neuf ans, ce soir de janvier 2004 où des enquêteurs de la brigade des stups l’avaient interpellé à sa descente d’avion à Orly. Entendu au Quai des Orfèvres dans le cadre d’une enquête sur un vaste trafic de produits dopants, Philippe Gaumont était soudain rattrapé par la réalité d’un milieu dans lequel il s’était laissé entraîner. Celui du dopage. Mais il se rachèterait en ne se laissant pas embarquer dans la facilité du mensonge. Quelques jours plus tard, le Picard membre de l’équipe Cofidis, qui avait débuté sa carrière dix ans plus tôt chez Castorama, et qui avait atteint son zénith en 1997 en conquérant Gand-Wevelgem, était passé aux aveux. Devant le juge, il avait alors révélé tout ce qu’il savait des travers du cyclisme, ce qu’il raconterait quelques années plus tard dans un livre-confession.
Philippe Gaumont est mort, cette nuit, au centre hospitalier d’Arras, où il avait été admis il y a trois semaines après un accident cardiaque survenu à la veille de son audition par une commission d’enquête du Sénat sur le dopage. Plongé dans le coma, son état s’est détérioré au fil des jours, jusqu’à ce qu’il soit déclaré en début de semaine en état de mort cérébrale. Depuis, chacun se préparait à l’inéluctable. Hier soir, le cœur de Philippe Gaumont a cessé de battre pour de bon.
Agé de 40 ans, le Picard avait tiré un trait sur le monde du cyclisme, en dépit d’un bref retour dans les pelotons cyclosportifs il y a deux ans, pour reprendre une friterie à Lens. Néanmoins son nom restait fortement associé au cyclisme. A ses heures sombres, celles où il faisait usage de ces saloperies que sont l’EPO, les hormones de croissance, les corticoïdes, la testostérone ou autres amphétamines. A ses heures douloureuses, celles de sa fracture du fémur droit dans la traversée de la Trouée d’Arenberg en 2001. A ses heures glorieuses enfin, ce jour d’avril 1997 lorsqu’il leva les bras au ciel à l’arrivée de Gand-Wevelgem, couronnement d’une carrière marquée en outre par sa victoire finale aux Quatre jours de Dunkerque 1996 et à ses titres de champion de France de poursuite individuelle en 2000 et 2002.
Les obsèques de Philippe Gaumont, papa de trois enfants, auront lieu mercredi à Moreuil, dans la Somme. A tous ceux qui ont aimé le tempérament du Picard, nous adressons aujourd’hui nos sincères condoléances.