C’est une journée de repos que les coureurs du Tour Méditerranéen ont dû improviser hier après les aléas administratifs rencontrés par l’organisation. Faute d’autorisation préfectorale, l’étape qui devait relier Marseille L’Estaque à Saint-Rémy-de-Provence a été annulée. Un impondérable regrettable mais moins dommageable que celui qui avait amputé l’étape-reine de l’épreuve de l’ascension du Mont Faron il y a un an. Par tradition, c’est sur les rampes étroites du mont toulonnais que se décide ou se précise le classement général du Tour Med. Le géant varois, qui surplombe la mer du haut de ses 584 mètres, est de retour sur le tracé, point d’orgue d’une étape de 145 kilomètres qui s’élance de Rousset en direction de Toulon. Les 5,5 kilomètres à 9 % qui ponctueront cette quatrième étape froide mais ensoleillée s’annoncent explosifs.
Sous le soleil glacial, huit coureurs tentent leur chance en démarrant dès les premiers kilomètres : Juan Arango (Colombia), Brice Feillu (Sojasun), Martijn Keizer (Vacansoleil-DCM), Julian Kern (Ag2r La Mondiale), Geoffroy Lequatre (Bretagne-Séché Environnement), Daniel Oss (BMC Racing Team), Aleksejs Saramotins (IAM Cycling) et Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi). Sur un parcours parsemé de difficultés, ils s’octroient jusqu’à trois minutes et demie d’avance sur un peloton emmené par l’équipe Blanco du Maillot Jaune Lars Boom. Le rouleur supersonique a mis le chrono de son côté jeudi au Mont Saint-Clair, mais on ne l’attend pas parmi les meilleurs au Mont Faron. Néanmoins l’équipe Blanco assume son rôle et permet un regroupement général peu après le col de Gardes, qui s’était substitué l’an dernier au Faron en guise d’arrivée de fortune de l’étape-reine, quand la dernière escalade était prisonnière des neiges.
Selon un schéma entendu, le peloton se présente donc groupé dans les rues de Toulon, d’où il part à l’assaut des 5500 mètres vertigineux du Mont Faron. Il y a deux ans, lors du dernier passage de l’épreuve ici-même, Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) avait accompagné pratiquement jusqu’au bout le Lotois David Moncoutié, trois fois vainqueur au sommet. A 35 ans, le Toulousain est prêt à prendre le flambeau du grimpeur retraité. Il a d’ailleurs fait du Tour Méditerranéen un « petit objectif », conscient de ses aptitudes à négocier cette ascension pas comme les autres. Arrivé sur l’épreuve dans le flou après une reprise au Tour de San Luis durant laquelle il a souffert de la tourista, Jean-Christophe Péraud n’a pas commencé sa semaine tel qu’il l’entendait, contraint de finir à pied l’étape de Gruissan après s’être fait coincer la roue par un autre concurrent dans le dernier kilomètre. Mercredi, sa 14ème place à 1’18 » dans le contre-la-montre a accentué sa déception. Mais le vent tourne.
14ème du général ce matin, il est déjà revenu aux portes du Top 10 en cours de route après le retrait d’Andrew Talansky, Ramunas Navardauskas et l’équipe Garmin-Sharp toute entière, l’équipe s’étant fait dérober tous ses vélos durant la nuit. Puis c’est Roman Kreuziger (Team Saxo-Tinkoff) qui a mis la flèche, pris de douleurs à l’estomac. Voilà donc Jean-Christophe Péraud 11ème du général avant que la route ne s’élève. Néanmoins son retard sur le Maillot Jaune se chiffre toujours à 1’18 ».
L’Italien Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale) est le premier à allumer la mèche dans l’escalade finale. Mais c’est son leader Jean-Christophe Péraud qui va dynamiter le peloton. A l’attaque à mi-pente, le grimpeur réalise une ascension prodigieuse. Le discours tenu par Vincent Lavenu durant l’hiver semble avoir porté ses fruits. Six jours seulement après le succès de Samuel Dumoulin dans une étape de l’Etoile de Bessèges, l’équipe Ag2r La Mondiale s’en va chercher l’une des victoires les plus convoitées du mois de février. Pour Jean-Christophe Péraud, passé chez les pros il y a trois ans, il s’agit tout bonnement d’un premier triomphe à ce niveau. Et quel triomphe ! Au sommet, le Toulousain est crédité de 19 secondes d’avance sur Francesco Reda (Androni Giocattoli), 24 sur Bauke Mollema (Blanco) et 27 sur Alexandre Geniez (FDJ).
17ème à 54 secondes, Maxime Monfort (RadioShack-Leopard) hérite sur le fil du maillot jaune alors que Lars Boom termine à 1’17 ». Voilà qui rééquilibre le classement général de manière inattendue. Avant la dernière étape dans l’arrière-pays niçois, quatre coureurs se tiennent en deux secondes seulement ! Maillot Jaune, certes, Maxime Monfort ne possède qu’une seconde sur Lars Boom et deux secondes sur Thomas Lövkvist (IAM Cycling) et Jean-Christophe Péraud. Ça va chauffer demain !
Demain dimanche, la cinquième et dernière étape reliera Bandol à Grasse (192 km) en passant par les Tuillières et le Tanneron.
Classement 4ème étape :
1. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) les 145 km en 3h33’12 » (40,8 km/h)
2. Francisco Reda (ITA, Androni Giocattoli) à 19 sec.
3. Bauke Mollema (PBS, Blanco) à 24 sec.
4. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) à 27 sec.
5. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) à 31 sec.
6. Thomas Lövkvist (SUE, IAM Cycling) à 35 sec.
7. Ivan Santaromita (ITA, BMC Racing Team) à 39 sec.
8. Davide Rebellin (ITA, CCC Polsat Polkowice) à 41 sec.
9. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 44 sec.
10. Jon Izagirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
Classement général :
1. Maxime Monfort (BEL, RadioShack-Leopard) en 7h32’16 »
2. Lars Boom (PBS, Blanco) à 1 sec.
3. Thomas Lövkvist (SUE, IAM Cycling) à 2 sec.
4. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
5. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 22 sec.
6. Francisco Reda (ITA, Androni Giocattoli) à 26 sec.
7. Bauke Mollema (PBS, Blanco) à 34 sec.
8. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) à 38 sec.
9. Gustav-Erik Larsson (SUE, IAM Cycling) à 52 sec.
10. Jürgen Roelandts (BEL, Lotto-Belisol) à 1’00 »