Antoine Benoist en cyclo-cross | © Bram van Lent
De manière générale, comment vis-tu le confinement ? Comment te sens-tu mentalement et physiquement ?
Je le vis plutôt bien, nous n’avons pas le choix c’est la même chose pour tout le monde dans notre pays. Il faut savoir être solidaire dans un moment comme celui-ci et ne pas penser qu’à soi-même, comme certains peuvent le faire et c’est juste pitoyable… Certes ce n’est pas facile mais il faut relativiser et penser à ceux qui ont des proches touchés par ce virus ou voir même qui ont perdu un proche… Ainsi qu’à tous ceux du milieu hospitalier, routier, les commerces, la police… J’en oublie beaucoup mais un grand merci à eux.
Quelle routine as-tu mis en place ? A quoi ressemble une journée type pour toi ?
Une journée type c’est un réveil vers 7h00, je prends mon petit-déjeuner et parfois je retourne au lit (sourire). Ensuite je me prépare pour rouler vers 9h30/10h ça dépend des jours, je fais ma séance, je me douche et après c’est le repas du midi. Puis je fais un petit tour sur les réseaux sociaux, une sieste qui est longue chez moi, bien 1h30 à dormir ! Pour le reste de l’après-midi soit je m’occupe dehors, soit il y a une deuxième séance de home-trainer ou alors je regarde Netflix. Enfin je cuisine le repas du soir et arrive vite l’heure d’aller au lit.
Comme la plupart du peloton pro et des amateurs de cyclisme, tu utilises la plateforme virtuelle Zwift. Qu’est-ce que cela t’apporte ?
En effet j’utilise Zwift, avec notre équipe nous avons la chance d’avoir un partenariat avec eux. C’est vraiment top et limite addictif comme application, on se prend très vite au jeu sur des événements types courses ou autres. C’est très bien fait au niveau des simulations de pentes, l’aspiration dans les roues, les nombreux circuits proposés avec toutes sortes de dénivelé. C’est un très bon outil pour travailler et cela passe vite.
Selon toi, quels seraient les points à améliorer ?
Tout est déjà très bien (sourire) ! Certains arrivent toujours à tricher sur leur poids pour pouvoir faire de plus grosses performances, mais je ne me prends pas la tête avec ça c’est vraiment pour le plaisir.
Avec des amis tu as lancé une équipe Zwift regroupant des coureurs professionnels et des amateurs, tu es même le directeur sportif. Parles nous un peu de ce projet.
Oui j’ai décidé de lancer ça avec mon beau frère Thibault Ferasse. J’ai vu que des courses étaient organisées et même diffusées en direct, et pour pouvoir participer à ce genre d’épreuves où il y a un classement général après chaque compétition, il faut avoir une équipe de minimum 10 coureurs. C’est donc à ce moment que nous avons décidé de créer notre équipe avec des coureurs que nous connaissons bien, avec un effectif féminin et masculin. Le but est simple, se faire plaisir sur le vélo et garder un peu l’esprit compétitif. Chacun est libre de courir ou non, il n’y a aucun engagement c’est vraiment pour le fun et le plaisir !
Tu fais donc des courses virtuelles sur Zwift, quelles sont les différences avec les courses réelles sur route ? Est-ce plus difficile ?
J’ai commencé à en faire un peu mais je suis encore en période « foncière » à l’entraînement, même si c’est compliqué de faire du fond sur home-trainer. C’est différent de la route, il y a pas mal de points techniques à prendre en compte pour pouvoir jouer les premières positions. Après si ça marche pendant la course tant mieux, sinon tant pis, ce n’est qu’une course zwift (sourire) !
Home-trainer avec Zwift | © Antoine Benoist
Quel est ton avis objectif sur la situation ? Une saison 2020 terminée ? Un TDF reporté ? La Vuelta maintenue aux dates prévues ? Le Giro et les 5 Monuments replacés à l’automne ?
Je pense qu’il est normal de reporter tous ces grands rendez-vous, à la vue de la situation actuelle. C’est évidemment un coup dur pour le cyclisme, les sponsors des équipes, les équipes elles-mêmes, les organisateurs de courses… C’est triste mais la situation de crise est critique. J’espère que les grands Tours et les classiques vont pouvoir être replacés dans le calendrier pour cette saison plutôt que d’être complètement annulés. L’idée de faire ces courses à huit clos ce serait tuer le cyclisme…
As-tu des craintes quant à l’avenir de certaines épreuves, les plus petites organisations françaises, il y en a notamment un bon nombre en Bretagne ?
Quand on voit le nombre d’épreuves annulées c’est juste fou… Aujourd’hui organiser une épreuve c’est énormément de travail et d’argent, j’espère que nous n’allons pas perdre ces passionnés de cyclisme qui continuent à nous faire de belles organisations, car sans eux nous sommes sans boulot.
Quel est ton passe-temps favori ? Plutôt cuisine, bricolage, netflix, jeux vidéo, lecture, autre ?
J’adore cuisiner pour tous mes repas, mais aussi faire l’entretien du jardin chez mes parents, un peu de Netflix et pas mal de temps sur internet et les réseaux sociaux.
La ligue a fait une demande au ministère afin que les coureurs cyclistes pros puissent s’entraîner sur route, à condition d’être seul, et ce après la deuxième quinzaine de confinement. Quel est ton opinion là-dessus ?
C’est sûr que pour nous c’est super cool comme demande, tout le monde a hâte de rouler sur du bitume mais je trouve que c’est un peu tôt. Nous ne savons même pas quand cette vague ou le pic de cette épidémie va arriver et quand cela va enfin vraiment commencer à ralentir. Et pourquoi plus le cyclisme que certains autres sports individuels qui sont aussi à l’arrêt ? Je pense qu’il vaut mieux attendre un peu, privilégier la situation actuelle que de vouloir reprendre trop tôt au risque de revenir à un arrêt total. Plus nous allons respecter ce confinement, plus vite il y aura un impact sur l’épidémie qui devrait se calmer au fur et à mesure. Pour le moment je trouve que c’est encore tôt, je suis plutôt contre cette demande.
Par Maëlle Grossetête