Comment vis-tu la situation actuelle, arrives-tu à rester positif ?
Pour l’instant ça va, on est que la première semaine donc si mentalement on « pète les plombs » ça risque d’être un problème pour la suite. J’ai pris une semaine de congés dès le début, mentalement ça permet de se reposer et après j’aviserai un peu plus pour savoir comment faire.
C’est formellement interdit de rouler à l’extérieur, cela te semble-t-il logique ?
Ca s’est fait en deux temps de mon côté, je me suis d’abord dit que j’allais faire mes intensités sur home-trainer et les sorties longues à l’extérieur mais ensuite j’ai vraiment pris conscience de la situation. Pourquoi vouloir aller dehors si tout le monde doit rester à l’intérieur ? Ca dépasse le vélo, je pense que si on ne fait pas une unité nationale on ne s’en sortira pas.
Un accident ça ne prévient jamais, le risque zéro n’existe pas et les autorités ont autre chose à faire en ce moment que de contrôler la vitesse. J’entends ce que les gens disent mais je les invite vraiment à se rapprocher d’une personne de leur entourage qui travaille à l’hôpital pour savoir ce qu’il se passe réellement. Ma mère travaille à l’hôpital et la situation est vraiment incroyable et hors de contrôle. Si on est capable de mettre le vélo de côté j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi tout le monde ne peut pas le faire.
En tant que cycliste professionnel, tu as une parole qui peut être écoutée.
En tant que coureur pro, c’est important de montrer qu’on reste à la maison et d’encourager le plus de personnes possible à le faire. Quand je prends position sur les réseaux sociaux, même si y a 5-10-15 personnes qui m’écoutent c’est déjà ça. Chaque pro a une communauté de cyclistes autour de sa ville, de sa région… alors si chacun fait un petit message pour montrer qu’il reste à la maison ça peut être ça de gagner.
La salle de sport en place | © Julien Bernard
Comment occupes-tu tes journées à la maison ? Fais-tu plus de tâches ménagères, du bricolage ?
C’est exactement ça. J’ai une maison donc la majeure partie de l’année on a pas trop le temps de s’occuper de tout ça… On en a profité pour s’occuper de l’extérieur, du jardin, ranger l’intérieur… C’est presque une invitation à le faire et on le fait avec plaisir.
S’entraîner sans véritable échéance, est-ce quelque chose de difficile pour toi ?
C’est clairement le problème pour nous maintenant. Tu te poses la question, « A quoi bon ? S’entraîner pourquoi ? » Mais je pense que le plus important n’est pas de penser à ça maintenant mais de sortir de cette crise. Quand on y verra plus clair ce sera plus facile, pour le moment l’idée est de garder une « pseudo forme ».
Une fois ta coupure finie, comment vas-tu t’entretenir ?
J’ai ressorti tout le matos d’hiver, la barre de squat, le bosu, le swiss ball… Le plus important c’est d’aménager une pièce pour travailler. J’ai besoin de délimiter mon espace de travail pour vraiment me mettre dedans, en me mettant des heures fixes à respecter.
Julien Bernard victorieux au Mont Faron | © William Cannarella
Quel bilan fais-tu de ton début de saison avec notamment ta première victoire chez les pros au Mont Faron ?
C’est difficile car je sentais vraiment que la forme était bonne, peut être la meilleure de ma carrière. L’équipe Trek-Segafredo m’avait demandé de faire une grosse coupure cet hiver, ce que j’ai effectué pour la première fois. J’avais pris la saison du bon côté et ça nous « coupe l’herbe sous le pied ». Je suis content de mon début de saison, je ne pense pas que la forme s’en aille comme ça, maintenant il faut voir pour le futur.
Quel message souhaites-tu laisser à nos lecteurs ?
L’important est de rester positif et de respecter les consignes tous ensemble. Si on veut voir un beau Tour de France il faut prendre notre mal en patience, que ce soit pour les coureurs ou pour les fans et je pense que s’il a lieu on le savourera encore plus.
Par Maëlle Grossetête