Les livres consacrés au vélo, il y en a une foultitude, me direz-vous… Détrompez-vous, il n’y en a pas tant que cela. Des livres sur les coureurs, sur les courses, là, oui ! Mais sur le vélo…
Alors, si vous êtes (un peu, beaucoup,…) lassés de la carrière de l’un, des « années vélo » de l’autre ou des carnets de route d’un troisième, courez acheter « Le Coureur et son ombre », d’Olivier Haralambon aux éditions Premier Parallèle. 16 euros dans toutes les bonnes librairies.
Né en 1967, il a été coureur cycliste (mais pas une star…) puis a obtenu un diplôme de philosophie et est maintenant écrivain. De toute façon, il sait de quoi il parle. Et il en parle remarquablement bien.
Sur la quatrième de couverture, là où l’on présente le livre, Bernard Chambaz, romancier, historien et poète, écrit « Blondin n’a pas disputé de courses cyclistes, Haralambon, si. L’un et l’autre prouvent que le vélo est un mystère subtil. »
L’Express nous dit ceci : « Le cycliste rend le corps spirituel. Et l’écrivain rend le cyclisme passionnant. »
Ce livre n’est assurément pas d’un accès facile : prévoyez votre Larousse à portée de main, vous en aurez besoin. Mais quelle écriture ! Précise, poétique, ciselée au scalpel : vous ne regarderez plus jamais un vélo ou une course de la même façon.
Olivier Haralambon nous livre quelques passages d’anthologie : voici un extrait de ce qu’il nous dit du peloton dans le chapitre qu’il intitule « Le monstre » :
« En première approximation, disons qu’il s’agit du beau spectacle d’un objet souple et coloré, dont les diverses formes se déclinent encore bien sûr selon le point de vue qu’on en prend. Qu’on se tienne à hauteur d’homme ou qu’on se perche en surplombs choisis, qu’on reste immobile ou qu’on accompagne son déplacement, on en concevra des impressions très différentes. Néanmoins, presque toujours, c’est la métaphore animale, ou organique, qui vient à l’idée de l’observateur. Prenons un peu de recul. Il s’allonge et se ramasse, il s’étire et se contracte, il épouse les reliefs et les virages, mais tant qu’elles ne se répandent pas comme des billes quand le sac se déchire, ces deux cents touches de pinceau intranquilles figurent les écailles d’un monstre fabuleux, comme un dragon de nouvel-an chinois. »
Lisez aussi comment se crée une bordure, le passage de Johan Museeuw au Carrefour de l’Arbre dans le Paris-Roubaix de 2002…
Parmi les autres aspects abordés, il nous donne une lecture originale de la génération « perdue » des années ’90 et 2000. Le dopage évidemment, le « mensonge » Armstrong, mais… c’est plus subtil qu’il n’y paraît.
Il nous dit au sujet des cyclistes : « Vous les croyez des brutes, ils sont délicats comme des danseuses (Ah, sa description du coup de pédale de Contador !, ndlr) subtils plus que des écrivains, sans quoi ils n’avanceraient pas. Des danseurs, des marins, …, des toreros, des poètes, des artisans de l’effort, des mystiques, des ascètes. Ce que vous voulez, mais pas des sportifs. Oubliez ça, le sport… »
« Le Coureur et son ombre » (Premier Parallèle) par Olivier Haralambon. 16,00 euros. – www.premierparallele.fr