D’où viennent les nouveaux professionnels Français du peloton 2019 ? Après Geoffrey Bouchard (AG2R La Mondiale), Simon Guglielmi, Kevin Geniets, Théo Nonnez (Continentale FDJ), Mathieu Burgaudeau (Direct Energie), Clément Carisey (Israel Cycling Academy), Emmanuel Morin (Cofidis) et Thibaut Guernalec (Fortuneo Samsic), place à Clément Davy qui rejoindra lui aussi la Continentale de la Groupama-FDJ.
Clément Davy en stage CLM | © C.Davy
Pour commencer peux-tu revenir sur les clubs formateurs par lesquels tu es passé ? Que retiens-tu de ces structures ?
J’étais licencié au Bocage Cycliste Mayennais dès l’âge de 6 ans jusqu’à Junior 2, c’est ma deuxième famille et je garde un lien très fort avec eux car ils m’ont tout appris. Passé espoir j’ai signé à Laval Cyclisme 53, qui était en DN3, je ne voulais pas aller directement en DN1. J’avais besoin de faire le pas gentiment, et je souhaitais faire une saison avec mon frère même si malheureusement de son côté cela a été perturbé par une lourde chute. Mais nous avons tout de même réalisé notre rêve : lever les bras ensemble sous le même maillot. J’ai vite trouvé ma place dans cette structure composée d’un staff et de coureurs compétents. Puis en 2018 j’étais chez Sojasun Espoir. Je sentais que c’était l’année pour passer en DN1 et découvrir le haut niveau du cyclisme amateur et celui en classe 2, tout au long de la saison. J’ai retrouvé une bande de copains avec un mixte des Pays de la Loire, et de mon acolyte Nicolas Malle puis tous les autres coureurs que je ne connaissais pas. Ce club a été la dernière rampe pour mon passage dans le monde professionnel. Sojasun a fait une très belle saison, l’équipe a toujours bien tournée grâce au bon staff qui était à l’écoute des coureurs.
« Je remercie toutes ces structures de m’avoir bien épaulé »
J’ai été également dans le Sport Études de Flers, entraîné par Bruno Lepape, c’est ici que j’ai construit les bases pour devenir ce que je suis aujourd’hui dans le vélo et c’est là-bas que j’ai rencontré mes ami(e)s. Ceci était complété par la B’twin U19 Racing Team où j’ai appris des aspects de la mécanique, de la nutrition et fait des tests de différents produits.
En 2018 tu as « levé les bras » à trois reprises, la première sur le GP U-Côtes d’Armor en mars, puis sur le Circuit du Mené une semaine après et enfin sur les Boucles de l’Artois en septembre. Que retiens-tu de la saison écoulée ?
J’ai levé les bras qu’une fois car les 2 autres victoires c’était en contre la montre (sourire). Je retiens que durant cette saison à Sojasun j’ai su évoluer et progresser tout au long de l’année. J’ai toujours été présent, pas forcément en matière de résultat certes, mais à chaque fois j’ai aidé l’équipe. Il faut que j’apprenne encore à prendre confiance en moi, quand ton équipe l’a en toi, tu te dois de l’avoir aussi et autant qu’eux pour aller chercher une victoire collective.
Quelles sont les meilleures émotions que tu as vécu sur un vélo depuis que tu en fais en compétition ?
Mes deux titres de champion de France sur piste, c’est ici que tout a réellement démarré. Je me suis préparé à 1000% avec Bruno Lepape (entraineur sport études) et le comité Pays de la Loire. Je remporte la poursuite individuelle et deux jours après la course aux points le jour de mon anniversaire devant mes proches. Le comité Pays de la Loire chantait la Marseillaise bras dessus dessous devant le podium, c’était magique.
Mon meilleur souvenir collectif reste le Trophée Centre Morbihan en 2016 avec l’équipe de France. Nous avons fait tout ce qu’il fallait pour que Florentin Lecamus-lambert le remporte. Florentin avait un peu moins de 20 secondes de retard sur le premier je crois, nous devions donc tenter quelque chose. A 1 tour et demi dans la bosse du circuit de Locminé je cherche Florentin, on se regarde et on s’est compris. J’attaque et c’est parti, on a franchi la ligne à un tour avec 17 secondes d’avance, c’était donc bien lancé. Dans le dernier virage Florentin a failli chuter, il glisse de l’arrière (il faisait un temps horrible) et on coupe la ligne en deuxième et troisième position avec plus de 30″ d’avance, c’est gagné ! Tout ça devant mes proches et ma copine, c’était génial.
Clément Davy avec sa nouvelle tunique | © Groupama-FDJ
« Je n’ai rien dit, mais cela m’a fait mal »
Et la période la plus difficile qui t’a rendu plus fort ?
Encore une anecdote avec le Trophée Centre Morbihan. En 2015 j’étais sélectionné avec l’équipe de France sauf que je finis hors délais dès la première étape à 20 minutes environ des premiers… Les semaines précédentes je me plaignais de mon adducteur droit. J’ai pris le départ comme ça et sur le vélo c’était horrible, impossible de pédaler. Le lendemain je donnais donc les bidons aux copains dans cette fameuse bosse de Locminé. Un petit de l’autre côté de la route a dit à sa sœur, « c’est le coureur qui a fini hors délais », je n’ai rien dit, mais cela m’a fait mal. Heureusement, Clément remporte cette étape ça m’a redonné le sourire. J’avais donc une revanche à prendre sur cette course et je l’ai fait. En attaquant dans cette bosse, là ou un an avant je donnais les bidons.
Tu faisais partie du cycle de formation de la FDJ, qu’est-ce que cela t’a apporté ?
Cela m’a apporté une grande aide, au niveau de la nutrition nous avons appris ce qui était bon pour notre corps. Nous avons effectué des stages en Espagne durant la préparation hivernale, c’est un plus lorsqu’en France il ne fait pas beau. Il y aussi les stages en montagne durant la saison, qui permettent d’améliorer notre état de forme. Nous avons la plateforme de l’équipe, un vélo de contre la montre à disposition si nous en avons besoin et un capteur puissance. Mais ce qui m’a permis de bien progresser avant tout, c’est un entraîneur. Nicolas Boisson m’a pris en charge dès mon passage chez les Espoirs. Grace à lui j’ai appris le cyclisme de haut niveau, comment bien m’entraîner, et je le remercie pour ses multiples conseils.
C’est donc une suite logique que de te voir passer à l’échelon supérieur à la Continentale Groupama-FDJ. Quel est le projet qui te lie à l’équipe ?
Le projet m’a beaucoup plu. Nous allons apprendre le métier pour pouvoir franchir plus facilement la marche vers le World Tour et être opérationnel rapidement. Il faudra travailler davantage pour pouvoir atteindre ce niveau et la structure nous donne de bons moyens d’y parvenir avec notamment ce nouveau Pôle de Performance à Besançon.
Quelles seront les grandes lignes de ta première saison professionnelle ?
Je souhaite m’épanouir dans cette nouvelle structure, apprendre vite et être capable de faire ce que l’équipe attend de moi. Pour les objectifs je ne sais pas encore, je suis actuellement en coupure, je ne me suis pas penché là-dessus.
Clément Davy et ses coéquipiers au vélodrome de Roubaix | © Groupama-FDJ
Spécialiste de l’effort solitaire, est-ce quelque chose que tu souhaites continuer de travailler chez les pros ?
Oui bien-sûr c’est une des disciplines qui me tient à cœur, je suis un amoureux de cet effort. Je m’investis dessus chaque année et j’essaie de progresser avec mon entraîneur qui me partage son amour pour cet effort. J’aimerai réaliser de belles performances dans ce domaine.
Es-tu encore à l’école ?
Non je ne suis plus étudiant, je me suis mal orienté et ayant perdu mes deux premières années d’après BAC je ne souhaitais pas recommencer de 0. Si je trouve une courte formation dans un domaine que j’aime je le ferais, sinon je me consacre à 100% dans le vélo.
Quel est le coureur de la Groupama-FDJ qui te fait le plus « rêver » ?
Ben Track (Benjamin Thomas). J’ai pu courir sous le même maillot au Tour du Limousin, et durant les deux premières manches de Coupe du Monde sur piste. J’aimerais pouvoir réaliser aussi bien que lui les deux disciplines route et piste.
Par Maëlle Grossetête